Real Madrid : Iker Casillas, le cas de conscience qui divise la Maison Blanche

Jeudi soir, le public de Bernabeu a parlé d’une seule voix pour ovationner Raul. Mais il s’est montré plus divisé à l’égard d’un autre monument du Real Madrid : Iker Casillas. L’emblématique gardien des Merengue a essuyé quelques sifflets. Certes, il a aussi eu droit à des "Iker, Iker". Mais à Madrid, son cas divise. José Mourinho est parti. Carlo Ancelotti, son successeur, n’a pas pour autant redonné ses lettres de noblesse à San Iker. La semaine dernière face au Betis Séville, c’est Diego Lopez qui gardait la cage madrilène. Comme ces cinq derniers mois. Arrivé cet hiver dans la capitale espagnole, l’ancien portier du FC Séville et de Villarreal a d'abord profité d'une blessure de Casillas pour s'installer. Pour ne plus être délogé.

Ignacio Ruiz, journaliste à Eurosport.es, y voit "une décision plus politique que sportive". "José Mourinho et Florentino Perez n’ont jamais eu de bons rapports avec Casillas. Tout ça, Carlo Ancelotti le sait". Il "le sait" tellement qu’"en Espagne, plusieurs observateurs estiment que Perez se cache derrière la décision d’Ancelotti". En conférence de presse, l’ancien coach du PSG est régulièrement assailli de questions sur cette guerre des goals. Qui, à l’écouter, n’en est pas une. "Le plus important c'est qu'on a deux très bons gardiens, avec beaucoup d'expérience et beaucoup de qualités. On doit avoir deux bons gardiens pour des saisons aussi chargées."

Officiellement, Carlo assure ne pas avoir tranché. En attendant, il s’efforce d’arrondir les angles. "J’ai parlé avec Iker, il est très professionnel et a envie de jouer, c’est normal." D’autant plus "normal" que, selon Ignacio Ruiz, "Lopez n’est pas plus fort que Casillas, c’est évident". "Evident", vraiment ? Pas tant que ça. La saison dernière, les statistiques de Lopez donnaient du crédit au choix de Mourinho : en Liga, il a arrêté 73,3% des tirs. Un ratio qui le place même dans le Top 4 du championnat espagnol, juste derrière Keylor Navas (Levante), Thibaut Courtois (Atletico Madrid) et Jaime (Real Valladolid). Mais loin, très loin devant Iker Casillas (64,58%).

A 31 ans, le champion du monde et d’Europe n’est plus aussi souverain. Mais à y regarder de plus près, les chiffres ne lui sont pas si défavorables : avant de cirer le banc madrilène, Casillas avait joué davantage que son concurrent. Globalement, il avait aussi concédé moins de buts. Et avait préservé sa cage inviolée à huit reprises, comme lors de sa dernière titularisation en Liga, le 20 janvier dernier, face à Valence (5-0).

Bref, chiffres à l’appui, cette guerre des goals se joue sur "des petits détails", selon Ancelotti. Le passé de ces "deux très bons gardiens" pourrait faire pencher la balance. De ce point de vue-là, Casillas - 654 matches avec le Real depuis 1999 - présente une carte de visite nettement plus clinquante. Raul acquiesse : "Quelques mois sur le banc, ça ne veut pas dire grand-chose par rapport à toute sa carrière. Les vrais fans du Real savent ce qu’il a apporté au club."

Jeudi soir, une minorité de Bernabeu avait pourtant la mémoire sélective. Cette minorité, encore nostalgique de l’ère Mourinho, était sans doute échaudée par les rumeurs envoyant Casillas au Barça. Rumeurs relayées par la presse catalane et "auxquelles personne ne croit à Madrid", affirme Ignacio Ruiz. En attendant, le cas Casillas divise les supporters du Real. Dans un sondage réalisé par Marca, seuls 50,4% d’entre eux font du numéro un madrilène leur premier choix. Du temps de sa splendeur, le gardien international n’aurait jamais divisé. Il aurait été plébiscité.