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Di Stefano, l'emblème du Real Madrid, son premier galactique

François David

Mis à jour 07/07/2014 à 22:10 GMT+2

Alfredo Di Stefano, c'est le visage du Real Madrid. C'est aussi celui qui a ressuscité la maison blanche dans les années 50 pour en faire le meilleur d'Europe.

Afredo di Stéfano posa con cinco Copas de Europa

Crédit: EFE

Le monde du football n'oubliera jamais Alfredo Di Stefano. Jamais. L'Argentin que l'on surnommait "l'Allemand" dans son pays à cause de sa chevelure blonde, aura connu ses plus grand succès en Espagne. En tant que joueur, après être passé par trois championnats américains (Argentine, Colombie, Mexique) puis de connaitre la gloire en Europe, mais aussi en tant qu'entraîneur. Au Real Madrid, dont il était devenu le président d'honneur, il était la référence et le garant d'une certaine idée du football. "Don Alfredo" apparaissait à chaque présentation d'un nouveau joueur. Si, avec le temps, on peut sourire de l'avoir vu à l'arrivée de Julien Faubert (sûr qu'il ne savait pas qui c'était), les visages penauds de Zinédine Zidane, Ronaldo, David Beckham ou Cristiano Ronaldo devant ce vieux monsieur et sa canne en disaient long sur le respect qu'il imposait. Parce que le "Real" Madrid est devenu "royal" grâce à lui.

Avec lui, le Real s'est mis à gagner

Cinq Coupes d'Europe consécutives (entre 1955 et 1960), 2 ballons d'Or (1957, 1959), 307 buts marqués en 403 matches avec le Real, 5 titres de Pichichi (meilleur buteur) de la Liga. Leader incontesté de ce formidable Real Madrid composé des premiers Galactiques. Une véritable Dream Team. Gento, Puskas, Rias, Raymond Kopa. Le must. Des terreurs en blanc. Di Stefano ou le premier joueur capable de jouer dans les trois zones du terrain. Si l'on se souviendra toujours de lui comme un formidable milieu de terrain (Johan Cruyff le met dans sa composition des plus grands de tous les temps), Di Stefano jouait aussi en pointe, derrière la pointe... et même en défenseur central, où sa technique pour ressortir les ballons faisait fureur à l'époque.
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Alfredo di Stéfano

Crédit: EFE

L'histoire de Di Stefano est connue mais les supporters du Real s'en souviendront toujours. Avant sa signature en 1953, les Merengue n'avaient pas gagné la Liga depuis vingt ans. Le club flirtait avec la relégation. Il lui fallait un homme providentiel. Di Stefano était cet homme, lui qui brisait tous les records de l'autre côté de l'Atlantique. Mais le Barça avait déjà anticipé en négociant auprès de River Plate (à qui il appartenait) pour le faire venir. Le Real, lui, avait traité avec son club mexicain du moment (Les Millionarios). Le régime franquiste prit alors la décision - incroyable aujourd'hui - d'obliger Di Stefano à alterner chaque saison entre le Real et le Barça. Le Barça allait alors refuser... préférant développer une "victimisation" par rapport à la dictature. Cette position volontaire du club oppressé (moins poussée évidemment aujourd'hui), le club catalan la garde toujours aujourd'hui face au régime central espagnol. Petite précision : on vient de dire que le Real ne gagnait rien jusqu'à son arrivée en 1953. 11 ans plus tard, les Merengue représentaient le meilleur club d'Espagne (10 Ligas) et d'Europe (5 Coupes).

Capturé au Venezuela

La légende de Di Stefano restera sûrement vive pour toujours. Son compatriote Lionel Messi a adressé à sa famille ses sincères condoléances. Les deux hommes s'appréciaient, malgré la rivalité de leurs clubs. Rock star avant l'ère du football médiatique, on n'oubliera pas ces heures de captivité à Caracas, la capitale du Venezuela, emprisonné par le FALN (organisation communiste) en 1963, pour faire parler de leur combat idéologique en pleine guerre froide. Les ravisseurs allaient finir par le lâcher au bout de quelques heures, après avoir joué aux cartes avec lui...
En 1967, il allait débuter une riche carrière d'entraîneur qui allait l'entraîner à Valence, Boca Juniors et bien sûr le Real Madrid. Il vit notamment le grand potentiel de la formation et donna sa chance en équipe première à Sanchis, Michel, Pardeza, Martin Vazquez et Butragueno. "La Quinta del Buitre", cette équipe qui allait dominer l'Espagne de nombreuses années. Dans toute sa carrière, il n'a jamais eu la chance de disputer une Coupe du Monde.
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Alfredo Di Stefano, Paco Gento et Ferenc Puskas, réunis avec l'équipe d'Espagne pour la Coupe du monde 1962 au Chili.

Crédit: Imago

Personnellement, je n'ai jamais eu l'occasion d'interviewer Di Stefano. Je l'ai vu, plusieurs fois, appuyé sur sa canne. L'oeil, malgré son âge avancé, restait malicieux. Plusieurs de mes confrères l'ont fait. Il était souvent disponible. Ses phrases sont d'ailleurs restées, aussi, dans l'histoire. Voici une compilation des plus belles réflexions de Don Alfredo. L'homme qui était "Le Real Madrid" (Florentino Perez). Et qui aura vu, avant son anniversaire et sa mort quatre jours plus tard, le Real remporter la Decima...
- "Je voulais toujours que l'on me donne le ballon en passe courte et dans les pieds"
- "Aucun joueur n'est aussi bon qu'une équipe réunie"
- "J'aurais fait quoi si je n'avais pas été footballeur ? Footballeur, probablement"
- "Avant, il était 40 000 fois plus dur de gagner une Coupe d'Europe"
- "On ne fait pas assez confiance aux jeunes au Real Madrid ? Si si, on ne fait confiance qu'aux bons".
- "A la place de Zidane, j'aurais arraché la tête de Materrazzi"
- "Messi est le meilleur car il joue bien et fait bien jouer les autres. Que j'aimerais l'avoir au Real..."
- "On a joué comme jamais on a joué, et on a perdu comme toujours"
- "Un 0-0 est comme un dimanche sans soleil"
-"Puskas maniait mieux le ballon avec son pied gauche que moi avec la main"
- "Je me suis arrêté de jouer à 40 ans car mes filles me disaient que j'étais ridicule en étant chauve et en short"
- "Marquer des buts est comme faire l'amour. Tout le monde sait le faire, mais personne ne le fait aussi bien que moi"
- "Les finales ne se jouent pas. Elles se gagnent"
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