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Luis Enrique réussit une saison historique mais il pourrait quitter le Barça : voilà pourquoi

François David

Mis à jour 23/05/2015 à 08:50 GMT+2

LIGA - Luis Enrique a réussi à ramener le FC Barcelone vers les sommets. Pourtant, ses relations mitigées avec Messi, Neymar ou encore Iniesta pourraient l'inciter à quitter le Barça après une saison plus mouvementée qu'il n'y parait. François David vous explique pourquoi.

Luis Enrique sur le banc du FC Barcelone -2015

Crédit: Panoramic

Luis Enrique est un cas à part dans le monde fermé des entraîneurs. Le natif des Asturies est aussi passionné que Guardiola, aussi méticuleux que Bielsa et aussi impulsif que Van Gaal. Avec Mourinho, Luis Enrique a aussi des points communs : son aversion pour la presse, son franc-parler, une “grande gueule” qu´il avait déjà joueur et ce besoin de tout contrôler qui lui a déjà causé des soucis par le passé.
Mais les faits sont là. Il était venu pour relancer la machine Barça après une année blanche et, à une journée de la fin, il est déjà champion d´Espagne. Dans une semaine, il tentera de faire le doublé en finale de la Coupe du Roi face à l'Athletic Bilbao. Et si tout se passe bien pour lui et ses protégés, il aura le droit de prétendre à un “triplé” qui le mettra, s'il bat la Juve en finale de la Ligue des champions, au niveau des légendes du Barça dès sa première saison. De quoi rester sur le trône. D´autant que désormais, le Camp Nou scande des “Luiiissss Enrique!” à tout va et que le président veut absolument le garder.
Eh bien non. Aujourd'hui, personne ne sait ce que va faire Luis Enrique. Ni les joueurs, ni les dirigeants, ni ses adjoints. Il a tout verrouillé. Et derrière ses lunettes de cycliste, il ne laisse rien paraitre. Pas sûr d´ailleurs que “Lucho” sache lui-même ce qu'il a envie de faire… Sa méthode plaide pour lui. Comme souvent, ses équipes ont du mal à démarrer, connaissent un creux, mais finissent en boulet de canon. Mis à part à la Roma, l´exemple s'est toujours répété.
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Luis Enrique

Crédit: AFP

Des méthodes gagnantes

Au Barça, Luis Enrique a remis le turnover au goût du jour jusqu'au mois d'avril, où il a enfin instauré son “11” type. L'infirmerie est vide, malgré cinquante-sept matches officiels cette saison. Il a introduit la technologie avec ces fameux demi tee-shirts, ou gilets, qui contiennent des puces électroniques chargées de mesurer les efforts des joueurs pendant l´entraînement. D'abord réticentes (c'est plutôt lourd et gênant), les stars du Barça n'y font même plus attention. Il a fait de Barcelone une citadelle difficilement prenable, surtout sur coups de pied arrêtés.
Unzué, son adjoint, a dû faire des efforts monstre de méthodologie avec Piqué, le chef de la défense, pour lui faire admettre que la fameuse zone de Guardiola n´était pas la plus adaptée au football actuel. Désormais, Piqué a un double rôle : prendre le plus grand d'en face et coordonner avec Mascherano le reste des troupes. Un mix entre individuelle et zone qui bien exécutée, est diablement efficace. Mais si Enrique a évolué cette saison, pas sûr que ça lui ait tant plu que ça.
Le mois de janvier a notamment été terrible pour lui. Il a d´abord vu son ami Andoni Zubizarreta prendre la porte après la défaite face à la Real Sociedad. Un coup dur, car “Zubi” le voulait déjà depuis deux ans et lui avait toujours montré la plus grande attention, le consultant notamment avec assiduité sur le marché des transferts. Puis, il a vu Leo Messi, star absolue du Barça, le défier ouvertement, tant dans le vestiaire (après avoir été remplaçant à Anoeta) qu'à la cérémonie du Ballon d´Or où le visage de l'Argentin changea radicalement en voyant Enrique sur les écrans…
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Luis Enrique avec Xavi à Barcelone - 2015

Crédit: Panoramic

Xavi et Mascherano, les sauveurs

Pour la grande majorité des entraineurs, le coup aurait été fatal. Mais pas pour Lucho. On savait déjà qu'une rébellion n'allait pas l'abattre, aussi forte soit elle. Joueur, on ne passe pas du Real Madrid au Barça (l´inverse est vrai aussi) sans avoir une certain personnalité. On ne monte pas en première ligne face à Louis van Gaal sans en avoir dans le pantalon. On ne défend pas José Mourinho - un ami - en plein pays catalan sans être un peu tête brûlée. Mais Enrique a su écouter. Et mettre de l'eau dans son vin pour relancer les relations entre lui et ses joueurs, même si tout n´est pas parfait.
Aujourd'hui encore, il y a ceux qui suivent à fond Enrique – les recrues, Piqué, Alba, Alvès – et ceux qui reconnaissent ses qualités de leader mais qui n´apprécient pas trop l'homme - Iniesta, Messi, Suarez, Neymar -. Entre les deux camps, des hommes comme Xavi et Mascherano ont recollé les morceaux. Tant Xavi que “Masche” disposaient de la légitimité pour naviguer entre les eaux. A force de messages en interne, de grandes conversations, ces deux hommes ont sauvé le Barça, en quelque sorte… Eux, et un homme comme Pepe Costa, le super “concierge” du club, l´homme qui règle tous les problèmes au quotidien et, accessoirement, l'homme de main de Messi. Pepe Costa, un type affable et rigolard, qui a su mettre de l´huile dans les rouages.
On sait aujourd'hui qu'un pacte a été fait entre toutes les parties quelques heures avant la réception d´Elche, en Coupe du Roi, un froid soir de janvier. Le premier match après le désastre de San Sébastien. Luis Enrique était sur la sellette. Deux mauvais matches – contre Elche puis contre l'Atlético Madrid en championnat – et Lucho sautait. Pour s'éviter une nouvelle crise institutionnelle, les joueurs sauvèrent Enrique.
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Lionel Messi avec Luis Enrique

Crédit: Eurosport

Pas touche à Messi…

Les relations sont plus ou moins apaisées désormais. Messi a montré clairement son approbation après que Luis Enrique, en conférence de presse, eût déclaré que l'Argentin était "unique". Mais "El 10" n´oubliera jamais que son entraîneur a essayé de le mettre au pas, de le mater. Et ça, Messi ne l´accepte pas. Aucun de ses entraîneurs n'a réussi à lui imposer sa loi. Et encore moins maintenant, où chaque match agrandit un peu plus sa légende… Neymar, lui, a encore en tête tous les changements dont il pense avoir été “victime”. Quant à Luis Suarez, on ne sait pas trop pourquoi il lui en veut, si ce n´est quelques frictions à l´entraînement entre ces deux gros caractères. Iniesta, enfin. Simple question de feeling. Le gentil Iniesta face au volcanique Lucho. Bien qu'ils se connaissent par coeur (ils ont été coéquipiers), ils se respectent, mais sans plus. Iniesta avait beaucoup plus de relation personnelle avec Guardiola, son idole.
Alors, Luis Enrique va-t-il repartir pour un tour ? La prolongation de Daniel Alvès, l´une de ses priorités, est mal partie. Son adjudant en chef, Xavi Hernandez, s'en va aussi. Mais il voit tout de même que le club s'emploie à faire venir Paul Pogba, l´un de ses chouchous en Europe. Un rêve qui sera peut-être possible en 2016… En attendant, il reste trois matches à jouer. Un en championnat, face au Deportivo La Corogne, où Luis Enrique devrait recevoir aussi les félicitations du Camp Nou. Et enfin les deux finales… S´il en perd une, son caractère de compétiteur peut l'inciter à rester. S'il gagne les deux, il peut très bien partir au fait de sa gloire. Pour le moment, la tendance est à son maintien. Mais tout peut être remis en cause, pour un résultat, un commentaire, une mauvaise interprétation. Lucho est comme ça.
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