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Les raisons des six mois cauchemardesques de James Rodriguez

Thomas Goubin

Mis à jour 07/02/2016 à 15:22 GMT+1

LIGA - S'il a enfin livré une prestation convaincante lors du dernier match de championnat du Real Madrid, James Rodriguez n'en sort pas moins des six mois les plus difficiles de sa carrière, et Rafa Benitez ne serait pas le seul en cause. Tentative d'explication du trou noir connu par le surdoué colombien.

James Rodriguez lors de Real Madrid - Rayo Vallecano en Liga le 20 décembre 2015

Crédit: Panoramic

En langage juridiciaire, on appelle cela un faisceau d'indices. Quand un ensemble d'éléments concordants peuvent conduire à la condamnation d'un prévenu, faute d'indiscutables preuves. Pour James Rodriguez, la thèse de sa culpabilité a commencé à prendre de l'épaisseur quand Zinedine Zidane est arrivé sur le banc madrilène, et que le statut du Colombien, dégradé sous Rafa Benitez, n'a pas évolué. Pour les deux premiers matches de Zizou comme coach du Real Madrid, James a ainsi été contraint de s'asseoir sur le banc, là où il passait beaucoup trop de temps, à son goût, sous Benitez. Un choix qui a contribué à renverser le récit populaire, selon lequel le cafetero était la victime des options parfois byzantines de son désormais ex-entraîneur, pour faire du Colombien le principal responsable de son propre malheur. Autrement dit, si Zidane effectuait les mêmes choix que Benitez, c'est que James n'était pas à la hauteur de ce qui était attendu de lui.
Une scène dont la télé espagnole n'a pas manqué une miette n'a rien fait pour arranger le cas du meilleur buteur du Mondial 2014. Lors du deuxième match de Zizou sur le banc, le 17 janvier, face au Sporting Gijon, James a été pris en flagrant délit d'indolence, par son entraîneur. Quand Jesé lui a été préféré pour remplacer Gareth Bale, le Colombien a alors décidé de ne pas poursuivre son échauffement et a regagné le banc, ce qui a provoqué la fureur de Zidane. Renvoyé s'échauffer, James est alors apparu penaud à l'écran, laissant l'image d'un footballeur perdu, loin de l'irrésistible numéro 10 qui avait conquis les supporters merengue dès sa première saison à Madrid.
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James Rodriguez lors de Real Madrid - Espanyol Barcelone en Liga le 31 janvier 2016

Crédit: AFP

L'année débutait décidément mal pour James Rodriguez, flashé en excès de vitesse, le 1er janvier, quand il se rendait à l'entraînement. Un autre impair qui venait renforcer la version selon laquelle le Colombien s'était écarté du droit chemin, et avait même cédé aux sirènes de la nuit, comme l'avait laissé entendre le journaliste, Paco Gonzalez, dans son programme radio "Tiempo de juego". La presse se faisait aussi l'écho d'un prétendu surpoids du Colombien. Début décembre, l'ex-directeur de Marca, Eduardo Inda, affirmait ainsi que pour Rafa Benitez le gaucher était lesté de quelques kilos. Le procès de James pouvait commencer à être instruit...

La Copa America , premier coup d'arrêt

Vu de l'extérieur, la mauvaise passe de James pouvait ressembler à celle d'un jeune homme programmé pour le succès depuis son plus jeune âge et que le glamour madrilène avait fini par faire dévier de sa trajectoire impeccable. Pro dès ses 14 ans, quand il a débuté avec l'Envigado FC, en première division colombienne, James est le fruit d'une alliance entre un talent de footballeur-né et une discipline de fer acquise depuis son plus jeune âge. Alors qu'il n'avait pas encore dix ans, son beau-père lui avait ainsi concocté un régime diététique et une routine d'entraînement pour l'aider à grandir, alors que la génétique le prédestinait à être petit.
Ceux qui le connaissent depuis ses débuts ne croient toutefois absolument pas à la thèse d'un jeune homme saturé de compétition, et qui aspirerait à souffler, lassé de l'exigence d'un haut niveau qu'il côtoie depuis trop longtemps. "James est un jeune homme sérieux, nous déclare ainsi Hernan Londoño Sierra, l'un de ses formateurs à l'Envigado FC, il adore son sport et reste centré sur sa carrière". "Tout ce qui se dit sur James n'est que pure rumeur, a pour sa part déclaré un proche du joueur, interrogé, le 21 janvier, par le quotidien colombien, El Tiempo, s'il passait son temps à faire la fête, des photos auraient déjà filtré".
Alors, James Rodriguez, 24 ans, aurait-il simplement été déstabilisé par le traitement de défaveur auquel l'a soumis Rafael Benitez lors de ses six mois à la tête des merengue ? A la décharge du prédécesseur de Zidane, il faut toutefois se rappeler que le Colombien s'était montré particulièrement brouillon lors de la Copa América 2015, très loin de son extraordinaire Coupe du monde, qui l'avait révélé aux yeux du très grand public. "Toute la sélection a mal joué, on ne peut accuser James plus qu'un autre" le dédouane toutefois, Londoño Sierra. Dans la trajectoire verticale du gaucher surdoué, cette Copa America constituait, quoiqu'il en soit, un premier coup d'arrêt, qui s'est prolongé depuis six mois. Une mauvaise passe que l'ex-entraîneur de l'Envigado FC, Pedro Sarmiento, attribue surtout à l'état physique de James : "il s'est blessé, et il a sans doute rejoué trop tôt, nous assure-t-il, il n'était pas préparé physiquement pour revenir". Blessé à la mi-septembre, James a, en effet, peiné à retrouver son meilleur niveau après une absence de près de deux mois. Il n'a surtout jamais accepté sa rétrogradation dans la hiérarchie merengue, comme l'illustre ses sorties boudeuses du terrain sous l'ère Benitez, notamment face à Eibar et à la Real Sociedad. Et si le coup de moins bien du Colombien venait plutôt d'une certaine incapacité à gérer sa frustration, un sentiment qui lui était presque étranger pour avoir franchi avec une aisance insolente chacune des étapes de sa carrière ?
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James Rodriguez lors Colombie - Péruo lors de la Copa America 2015

Crédit: AFP

Pour l'instant, il profite de l'indisponibilité de Bale

Dans un éditorial intitulé "James n'est pas gros", le journaliste d'ABC, Tomas Gonzalez-Martin développait cette thèse. "Fâché de lire ces informations sur son poids ou ses sorties, James a réagi avec un comportement contre-productif, qui va à l'encontre de ses intérêts, a-t-il écrit, le 22 janvier, il a aussi affronté Benitez avec des déclarations hors de propos, et il a réagi comme un enfant gâté avec Zidane quand il a compris qu'il serait remplaçant lors des deux premiers matches dirigés par le Français".
"Mais il semble que James ait réagi, poursuivait ce spécialiste du Real Madrid, et à Villamarím (le stade du Betis) nous verrons s'il est titulaire ou remplaçant." Titulaire pour la première fois de l'ère Zidane lors de la contre-performance des siens sur le terrain du Betis (1-1), James ne s'est pas montré étincelant, mais a toutefois signé une passe décisive pour Karim Benzema.
Au terme de cette première apparition de l'année dans le onze madrilène, le cafetero a lâché ce qu'il avait sur le coeur. "Cela fait mal que l'on parle ainsi de moi, a-t-il déclaré, qu'on dise que je suis gros. Je suis un grand professionnel, je donne tout au quotidien, mais je reste tranquille, il faut simplement que je retrouve un peu de rythme". Une semaine plus tard, James a joint les actes à la parole en se montrant bien plus à son avantage lors du carton du Real face à l'Espanyol Barcelone (6-0). Le meneur de jeu colombien, qui a vu son retour dans le onze madrilène favorisé par l'indisponibilité de Gareth Bale, n'a toutefois pas fini de batailler. Car, une fois le Gallois remis sur pieds, James devra montrer qu'il a appris de ses six derniers mois frustrants, et qu'il saura se montrer patient, le cas échéant.
En attendant, tout indique qu'il sera titulaire, dimanche, face à Grenade. L'occasion de faire de sa prestation son meilleur avocat, afin de plaider sa cause auprès de son entraineur, et de ne pas être de nouveau condamné à de longs séjours sur le banc.
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James Rodriguez lors de Real Madrid - Rayo Vallecano en Liga le 20 décembre 2015

Crédit: Panoramic

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