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Le Barça n’a pas à se soucier du fair-play financier... pour l'instant

Cyril Morin

Mis à jour 09/01/2018 à 16:23 GMT+1

TRANSFERTS - Après l’achat de Philippe Coutinho samedi contre 160 millions d’euros (120 + 40 de bonus), le FC Barcelone a d’ores et déjà dépensé 312,5 millions d’euros sans bonus. Une somme qui éveille les questions dans le cadre du fair-play financier comparé au battage médiatique reçu par le PSG après son été pharaonique. Pour autant, le Barça a moins de raisons de s’inquiéter.

Philippe Coutinho et Josep Maria Bartomeu

Crédit: Getty Images

Impossible de dépenser autant sans attirer les regards. Sans attirer les questions. Et sans attirer les reproches. Ainsi va le mercato. Ainsi va la vie des clubs dépensiers sur le marché. Le PSG bien sûr, qui s’est fait de nouveaux amis l’été dernier en dépensant plus de 400 millions pour Neymar et Kylian Mbappé (somme pas officielle puisque le Français est prêté avec option d’achat obligatoire). Ainsi va la vie du Barça désormais.
Car, mine de rien, les Blaugrana n’ont pas hésité à faire chauffer le chéquier depuis le départ du Brésilien et les 222 millions récoltés. C’est bien simple, les Catalans ont réalisé l’année la plus dépensière de l’histoire devant le Real de 2009-2010 (là encore, sans compter le "prêt-transfert" de Mbappé). 312,5 millions dépensés en fixe qui peuvent monter jusqu’à 394,5 millions d’euros avec les différents bonus. Le tout pour s’offrir 6 joueurs : Philippe Coutinho, Ousmane Dembélé, Paulinho, Nelson Semedo, Gerard Deulofeu et Marlon. Loin devant les 257 millions et quelques des Merengues.

Patience, le maître mot

Alors, forcément, samedi, les supporters du PSG ont tiqué. Après s’être vu attaquer de toutes parts par les grands clubs européens et par Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole, le relatif silence médiatique entourant les dépenses barcelonaises posaient question. Comment expliquer que l’UEFA n’ait pas ouvert d’enquête pour le leader de la Liga ?
La première raison est très simple : c’est une question de temporalité. La compression du temps médiatique a fait oublier une chose : il faut du temps pour lancer une enquête. Le transfert de Coutinho a été officialisé samedi. C’est encore très frais comme l’explique Pierre Rondeau, économiste du sport : "Pour le PSG, il a fallu du temps pour qu’une enquête soit ouverte à son encontre. Et, pour rappel, le PSG n’a pas encore été sanctionné. Il se pourrait très bien que d’ici quelques semaines que l’UEFA ouvre une enquête". Pour rappel, si l’instance européenne avait officialisé son enquête le 1er septembre dernier, soit un jour après la fermeture du marché des transferts, c’est davantage dans le cadre du transfert de Neymar, officialisé le 3 août dernier, que l’UEFA avait agi. Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que c'est fin juin que les comptes sont bouclés.
Le Barça est clairement en dehors des clous
Il n’empêche, la question mérite d’être posée : l’UEFA doit-il se saisir du cas du FCB ? Selon Pierre Rondeau, la situation du club catalan est tangente. "Ça m’étonnerait fortement qu’il n’y ait pas d’enquête. Plus de 300 millions dépensés, une masse salariale qui a explosé avec les nouveaux joueurs et la prolongation de Messi, cela fait beaucoup. Après, s’il dégraisse au mercato hivernal, le Barça peut y échapper. Mais à l’instant T, le Barça est en dehors des clous" affirme l’économiste. Péremptoire ? Peut-être tant l'inconnue des revenus marketing peut tout rééquilibrer.
Le Daily Mail allait dans ce sens, en novembre dernier, en plaçant le Barça en deuxième position des clubs avec la plus grosse masse salariale avec 294,5 millions d’euros par an. Mais ça, c’était avant l’opération Coutinho. Selon Sport, le milieu brésilien recevra 14 millions d’euros par an, faisant grimper l’addition à 308 millions par an. Soit une somme qui pèse déjà très fortement sur les 897 millions de budget initial (contre 540 pour le PSG) pour cette année annoncé par le club blaugrana au début de saison.

Tebas, l’homme qui a mis le feu aux poudres

Voilà pour l’aspect noir des choses. Mais il faut se rappeler une chose fondamentale concernant le Barça : c’est une énorme machine à revenus. Bien plus que le PSG qui, s’il a augmenté ses revenus avec ces transferts monstres, ne jouit pas encore du même statut que le Barça au niveau mondial. Pierre Rondeau toujours : "Bien évidemment, le Barça est un club bien plus puissant que le PSG donc qui génère plus d’argent. On ne peut pas être choqué par les 300 millions". Une preuve ? En 2017, le club de Leo Messi a généré 708 millions de revenus et a dégagé 18 millions d’euros de bénéfice. Monstrueux et largement suffisant pour dépenser autant, sans même prendre en compte les 222 millions d’euros récupérés au moment du départ de Neymar.
C’est limpide : la machine Barça a les reins suffisamment solides pour encaisser à court terme tous ces transferts. Mais, sur le long terme, il devra faire le ménage dans son effectif pour se donner de l’air. En réalité, le procès intenté au Barça touche davantage Javier Tebas que le club en lui-même.
En pyromane, le président de la Ligue espagnole s’est amusé tout l’été à cracher sur la politique parisienne, à base de phrases incendiaires. Mais les clubs espagnols n’ont rien de vierges effarouchées dans la jungle que représente le mercato. Ils sont même aux avant-postes depuis bien longtemps et peuvent s’estimer heureux que les dettes passées ne soient pas prises en compte dans le calcul du FPF. "Le plus choquant, c’est davantage Tebas qui affirme que le PSG est hors-la-loi alors qu’il n’y a eu aucune sanction" détaille encore Pierre Rondeau.
C’est peut-être ça la principale conclusion à tirer de toutes ces indignations en ligne : comme dans toute justice, les clubs sont présumés innocents. Le PSG, malgré l’ouverture d’une enquête, n’a pas été sanctionné. Et ne le sera peut-être jamais à en croire la confiance affichée par Nasser Al-Khelaifi. Le Barça non plus n’est pas un délinquant en col blanc. Simplement un grand club qui essaye de conserver son hégémonie à base de millions. Des millions qu’il récupère très souvent par ses revenus démentiels. En somme, la loi du foot d’aujourd’hui. Fair-play financier ou non.
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Philippe Coutinho

Crédit: Getty Images

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