Sergio Busquets est-il toujours irremplaçable au Barça ?

Dix-neuf rencontres, seize victoires, trois matchs nuls. Et donc aucune défaite. Alors que la mi-saison est atteinte en Liga, le FC Barcelone d’Ernesto Valverde n’a pour l’instant pas connu le moindre revers en championnat. Dans l’histoire, seul l’Athletic Club (1929-1930) et le Real Madrid (1931-1932) sont restés invaincus tout au long du championnat. Une période où la Liga se jouait en… Dix-huit journées. Voilà donc le Barça lancé dans un incroyable record d’invincibilité en championnat. Grâce à qui ?

D’abord, il faut souligner le superbe travail de Valverde. Arrivé au club cet été, l’entraîneur a dû gérer le départ inattendu de Neymar et la blessure rapide d’Ousmane Dembélé. Deux problèmes réglés par un changement de système de jeu, en passant du 4-3-3 à un 4-4-2 avec Lionel Messi et Luis Suárez en pointe. Sur le devant de la scène, les deux larrons se partagent le gâteau de la gloire avec leurs buts et passes décisives. Mais en réalité, un homme reste fondamental au dispositif tactique : Sergio Busquets.

Titulaire indiscutable au sein du Barça depuis bientôt dix ans, le milieu de terrain défensif possède pourtant un père au passé complexe chez les Culés. Carles Busquets, gardien de but du Barça où il enchaînait les matchs entre 1994 et 1996, était régulièrement pointé du doigt pour ses multiples bourdes. À présent, son fils rééquilibre la balance puisque le mot erreur est absent de son vocabulaire. Sur Radio Marca en 2016, l’entraîneur champion du monde 1978 César Luis Menotti avait d’ailleurs expliqué que Busquets était "le meilleur milieu de terrain des 50 dernières années", rien que ça.

Disciple de Pep Guardiola, l’homme qui l’a lancé dans le grand bain chez les pros, Sergio Busquets est en effet bien plus qu’un joueur de football. L'Espagnol est une sorte de modèle unique, fabriqué au sein de l’un des meilleurs centres de formation au monde, la Masia. Xavi Hernández, Andrés Iniesta, Gerard Piqué, Cesc Fàbregas, Lionel Messi… Et donc le fiston Busquets. Une arme fatale qui peut s’apparenter à un cœur : lorsque son battement est bon, le Barça brille, mais s’il se met à souffrir de problèmes cardiaques, le Barça toussote très vite.

C’était notamment le cas la saison dernière. Fatigué, mou dans ses interventions, prises de décisions et transmissions de balle, Busquets laissait le Barça dans un flou artistique, et le concerto tournait alors à la cacophonie. L’exemple le plus concret, c’est cette déroute monumentale face au Paris Saint-Germain, le 14 février dernier au Parc des Princes (4-0). Pressé et imprécis, le maître de cérémonie avait vu son palpitant se déchirer au soir de la Saint-Valentin. Mais depuis ce jour, Busquets a repris son souffle.

À la différence du facteur X offensif Lionel Messi, "Busi" n’a pas besoin de statistiques pour que l’on reconnaissance sa forme étincelante. Métronome à la fois visionnaire, cérébral et inamovible, Busquets symphonise. Ses passes sont téléguidées, ses gestes calculés, ses yeux en perpétuel mouvement. Ce milieu central n’est pas comme les autres, ne joue pas comme les autres et n’est pas traité comme les autres. La preuve : alors qu’il sort d’une saison compliquée sur le plan personnel, le Barça décide de le prolonger en mai dernier pour cinq années supplémentaires plus deux en option, soit un possible fin de bail en 2023... à 35 ans.

Busquets et le Barça, c'est donc parti pour durer étant donné que son statut de taulier perdure devant une concurrence inférieure à son talent. Ce mélange de sang-froid, de roublardise et de justesse, aucun autre joueur catalan ne peut actuellement le proposer dans l'entrejeu. C’est d’ailleurs la réflexion que doit se faire Guardiola, lui qui aimerait bénéficier des services du joueur à Manchester City. "J'ai toujours dit qu'il n'y a que deux personnes qui peuvent changer mon avenir, expliquait Busquets à ESPN en 2016. La première est ma femme, et aujourd'hui nous sommes très contents à Barcelone. Et d'un niveau sportif, la deuxième personne est Guardiola. Mais il sait que la meilleure place pour la suite de ma carrière est ici." Irremplaçable, définitivement.