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"Getafe en Ligue des champions, ce serait comme si le club avait gagné la Liga"

Antoine Donnarieix

Mis à jour 12/05/2019 à 16:37 GMT+2

LIGA - Ancien international espagnol dans les années 2000, Alfonso Pérez Muñoz n’est pas une personne comme une autre à Getafe. Aujourd’hui habitant de Majorque dans les Îles Baléares, l’ancien avant-centre de La Roja garde une attache particulière à son quartier d’enfance et au club de la banlieue madrilène, dont il suit la saison 2018-2019 avec grande passion. Entretien banlieusard.

Les joueurs de Getafe fêtent leur victoire face à Gérone lors de la 36e journée de Liga 2018/2019

Crédit: Getty Images

Comme Santiago Bernabéu, vous possédez un stade de Liga à votre nom à Madrid : le Coliseum Alfonso Pérez. Avez-vous l’impression d’avoir marqué l’histoire du quartier de Getafe ?
Je suis né à Madrid, mais toute mon enfance s’est déroulée à Getafe. À vrai dire, je suis pour beaucoup de monde ici le sportif le plus reconnu toutes époques confondues. Il y a d’autres disciplines évidemment, mais le football reste le sport le plus valorisant dans ce quartier. Il y a notamment eu Victor Sánchez Del Amo, Javier Torres Gómez, mon frère Iván… Différents footballeurs sont issus de cette municipalité.
Vous vous souvenez sûrement du moment où le club vous a demandé s’il pouvait utiliser votre nom pour leur stade… Qu’est-ce que vous ressentez dans un moment pareil ?
En vérité, cela s’est fait d’une manière démocratique. La mairie de Getafe a demandé à tous les habitants de la ville de venir voter de manière individuelle pour choisir un nom à ce stade (en 1998, ndlr). Il y avait quatre propositions, parmi lesquelles figuraient mon nom, Luis Aragonés, Joaquín Peiró et un autre nom dont je ne me souviens plus. À la fin du vote, mon nom est sorti comme vainqueur de cette élection. Depuis cette date, mon nom est toujours affilié au stade et j’en suis très honoré. Mais je ne me fais guère d’illusions : un jour, mon nom va être effacé par le nom d’une entreprise multinationale qui souhaitera sponsoriser le club et le financer en conséquence. C’est la logique mercantile actuelle…
Vous avez passé plusieurs années là-bas au cours de votre jeunesse. Comment pourriez-vous nous définir les caractéristiques de ce quartier ?
Getafe est l’une des municipalités les plus importantes de la communauté de Madrid. Là-bas, tu peux trouver de nombreuses zones industrielles, des entreprises ouvrières, les entreprises de transports publics comme le bus. C’est aussi à cet endroit que tu peux trouver El Cerro de Los Ángeles (Le Zéro Des Anges, en VF), le centre géographique de l’Espagne. Avant, le club de Getafe était plutôt une équipe de troisième ou deuxième division nationale. À Madrid, il y a toujours eu trois clubs historiques : le Real Madrid, l’Atlético de Madrid et le Rayo Vallecano. Sauf que ces dernières années, Getafe et Leganés parviennent à se stabiliser en Liga. Et même en deuxième division, il existe encore Alcorcón ou le Rayo Majahonda… Sept clubs madrilènes en deux divisions, c’est un chiffre très important. Mais cette saison, Getafe est vraiment parvenu à se hisser au rang de grande révélation.
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Angel Rodriguez (Getafe)

Crédit: Getty Images

Getafe, c’est le sacrifice dans l’unité
Justement, comment jugez-vous cette saison de Getafe ?
Cela fait déjà plusieurs années que Getafe parvient à se maintenir en Liga avec un budget limité. Aujourd’hui, le public possède une chance de voir l’équipe en première division et cela génère beaucoup d’énergie positive autour du club. L’année dernière était déjà une grande réussite, mais cette année démontre même que l’équipe est proche de se qualifier pour la Ligue des champions… La surprise est grande pour tous ses adversaires car ils ne pensaient pas affronter une équipe capable d’être aussi performante sur la durée.
Comment expliquez-vous cette performance collective ?
Déjà, je crois que la force réside avant tout dans le fait qu’affronter Getafe, c’est faire face à un bloc très compact. La solidarité devient essentielle dans leur tactique, surtout sur le plan défensif. Sur le terrain, j’ai l’impression que les joueurs ne s’arrêtent jamais de courir et d’aller au charbon… Du coup, si vous avez le malheur de concéder un but en premier, le match est quasiment terminé car vous allez avoir toutes les peines du monde à égaliser. Getafe, c’est le sacrifice dans l’unité.
José Bordalás est un coach assez peu reconnu hors d’Espagne. Est-ce que vous pouvez nous parler de sa philosophie ?
Je ne le connais pas personnellement, mais je sais qu’en Espagne son travail est très reconnu. Plusieurs clubs se sont déjà renseignés pour le recruter, même dans des championnats étrangers. Sa progression personnelle est très intéressante sur ses dernières années d’entraînement, tout comme son approche vis-à-vis de son groupe de joueurs. Tout le monde ici se rend compte que ce n’est pas un entraîneur performant sur une seule saison mais sur la durée. Cela intéresse beaucoup… À l’heure actuelle, il est sous contrat avec Getafe. Si le club parvient à se qualifier pour la C1, je pense qu’il va rester.
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Zinedine Zidane et Jose Bordalas discutent lors de la rencontre de Liga entre Getafe et le Real Madrid

Crédit: Getty Images

Deux "finales" face au Barça et Villarreal pour décrocher la C1

Est-ce que Getafe peut s’inscrire dans la durée du championnat de Liga, ou est-ce une saison exceptionnelle avant tout ?
Si Bordalás poursuit son travail à Getafe, je ne vois aucune raison d’imaginer Getafe baisser le pied sur les saisons suivantes. Pour moi, Getafe peut envisager l’Europe chaque saison comme le FC Séville, le Valence CF, l’Athletic Club, Villarreal... Quand tu passes deux saisons de suite dans le top 8 comme vient de le faire le club, tu peux croire en tes capacités pour le futur. L’Europe est un formidable moyen de se faire connaître et Getafe peut s’en servir dans cette optique.
Getafe n’a connu qu’une seule fois l’Europe dans toute son histoire, vaincu en quart de finale de la Ligue Europa 2007-2008 contre le Bayern Munich (1-1, 3-3). En clair, Getafe ne s’est jamais qualifié pour la Ligue des champions. L’exploit est-il possible à Barcelone dans le Camp Nou, puis à domicile contre Villarreal ?
Tout cela va dépendre de leur capacité à affronter ces deux défis. Getafe qualifié en Ligue des champions, ce serait comme si le club avait gagné la Liga. Les conséquences économiques seraient exceptionnelles pour le club, et cela pourrait permettre de mettre à profit tout le travail effectué en amont. Pour cela, il faudra faire preuve d’une grande humilité devant les objectifs à accomplir.
Vous connaissez bien le FC Barcelone pour y avoir joué entre 2000 et 2002. Comment va réagir le Barça contre Getafe après avoir perdu cette demi-finale contre Liverpool (3-0, 0-4) ?
Il faut être franc : personne ne pouvait imaginer un tel scénario après le match aller, la finale était prévue pour le FC Barcelone. Au sein du Barça, les joueurs comme le public vont être touchés par cette élimination dans des circonstances particulières. Deux éliminations similaires en deux ans, c’est un vrai coup dur. Clairement, cela peut avoir des conséquences sur l’effectif et l’entraîneur. Maintenant, il y a deux types de lecture : soit les joueurs du Barça vont chercher à se racheter devant leur public par orgueil et fierté, soit ils resteront encore sonnés. Dans ce cas, Getafe pourrait en profiter. À titre personnel, voir une qualification de Getafe pour la C1 me rendrait heureux. Je pense que nous allons assister à un match serré et équilibré.
Brahim Diaz et Nemanja Maksimovic au duel lors de la rencontre de Liga entre Getafe et le Real Madrid
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