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Liga - Espanyol Barcelone : Dani Jarque, la décennie du deuil

Antoine Donnarieix

Mis à jour 30/03/2019 à 21:10 GMT+1

LIGA - Ce week-end, tous les médias espagnols vont se centrer sur le retour de Lionel Messi aux affaires avec le maillot du FC Barcelone. Pourtant, la grande légende du football catalan sur les dix dernières années est un ancien joueur de l’Espanyol, foudroyé par la mort : Dani Jarque.

Lionel Messi (FC Barcelone) face à Jarque (Espanyol) - 07/01/2006

Crédit: AFP

En Catalogne, le football résonne comme un hymne à la joie. Un jeu collectif huilé, un esprit d’équipe visible sur chaque célébration de but pour terminer sur des victoires à la pelle. Ce rythme de vie, c’est celui du FC Barcelone, considéré par beaucoup comme un modèle à part entière. Pourtant, le Barça n’est pas seul en son royaume. Mis à part le partage du climat et des températures, son rythme de croisière reste peu comparable à celui de son voisin de l’Espanyol. Dès l’arrivée au centre d’entraînement et le passage d’une cabine de contrôle, un détail attire l’attention : une statue de bronze d’un homme aux cheveux longs maintenus par un élastique, ornée d’un éternel numéro 21. Cette statue, c’est celle de Daniel Jarque González, ancien milieu de terrain du club jusqu’au 8 août 2009, date à laquelle il est devenu une légende.

"Pour toutes les valeurs transmises par notre capitaine, footballeur et personne"

"Nous n’avions pas de nom attribué à notre centre de formation, raconte le chargé de la gestion économico-administrative du département sportif de l’Espanyol Ángel Morales Cuerva dans le numéro 18 de So Foot Club. Dani Jarque, c’était un exemple pour tous les membres du centre, parce qu’il avait grandi ici depuis ses 12 ans. J’ai pu jouer deux ans à ses côtés. Après son décès en 2009, on avait d’abord pensé à donner ce nom à une tribune de notre stade du Cornellà El-Prat. Mais placer son nom pour désigner notre centre de formation, c’était plus représentatif de son histoire avec l’Espanyol. C’était la meilleure façon de lui rendre hommage."
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Dani Jarque

Crédit: Imago

Victime d’un violent arrêt cardiaque survenu pendant un stage estival de pré-saison à Florence, Jarque reste encore présent dans tous les cœurs des Pericos (les Perruches, en VF). À chaque entrée ou sortie du complexe, jeunes et adultes passent donc devant cette allée centrale, observent la sculpture de bronze et peuvent lire le message illustratif : "Pour toutes les valeurs transmises par notre capitaine, footballeur et personne." Transmettre, voici un leitmotiv que l’Espanyol ne quitte jamais des yeux malgré la manne financière colossale et la médiatisation accrue du Barça. Mais pour son capitaine emblématique, l'Espanyol est prêt à tout pour mouiller le maillot et gagner.

Le bus de Washington, la minute sacrée et le pèlerinage florentin

Le meilleur acteur pour en parler ces derniers jours, c’est sans doute Esteban Granero. Nommé capitaine de l’Espanyol suite à la mise au repos de l’habituel capitaine Javi López contre le FC Séville, l’ancien milieu de terrain du Real Madrid s’est exprimé via Instagram sur la symbolique de porter le brassard espanyolista et la relation implicite à Jarque que l'objet détient grâce au numéro 21. "Quand nous avons appris cette terrible nouvelle, l’autobus du Real Madrid circulait dans Washington. Je me souviens que l’incrédulité avait laissé place à des gémissements, puis un long silence. (…) Un mois plus tard, nous rencontrions les joueurs de l’Espanyol pour leur premier match dans leur nouveau stade, avec une rage qui parcourait leur visage. 10 ans plus tard, j’ai l’immense honneur de porter le brassard de cette équipe dans ce même stade. Quand je l’ai attaché, j’ai pris conscience du poids qu’il détient. Je me rappelle de Dani, du visage de ses coéquipiers et de ce moment dans le bus."
Désormais, le nombre 21 prend une dimension singulière à l'Espanyol que ce soit sur ce même brassard ou dans le stade de Cornellà El-Prat. À chaque rencontre jouée à domicile, la vingt-et-unième minute du match est systématiquement réservée à un tonnerre d’applaudissements en mémoire du leader défunt, pour ne jamais l’oublier. Cette année, un groupe de supporters de l’Espanyol prévoit même de commémorer le dixième anniversaire de la disparition de Jarque à travers un trajet cycliste de trois semaines échelonnées en 21 étapes, ponctué par une arrivée à Barcelone le 8 août 2019. Le départ prendra place depuis la capitale de la Toscane le 19 juillet pour s’achever devant… la porte 21 du stade de Cornellà-El Prat. Non, rien n’est laissé au hasard.

Iniesta, pour l’éternité

Au-delà de sa légende régionale, Jarque laisse son empreinte sur l’histoire footballistique de sa nation. Le 11 juillet 2010 au Soccer City de Johannesburg, Andrés Iniesta inscrit à la cent-seizième minute l’unique but de la finale du Mondial 2010 lors de la prolongation entre l’Espagne et les Pays-Bas (1-0). Après une course effrénée vers le poteau de corner, le héros national enlève son maillot pour rendre un vibrant hommage inscrit au feutre noir sur son débardeur blanc : "Dani Jarque, toujours avec nous". Pour Ángel Morales Cuerva, ce geste du champion du monde dépasse tous les symboles. "C’est un geste entré dans l’histoire. Ils s’étaient connus dans les catégories de jeunes avec l’Espagne... Nous devons saluer Iniesta pour ce qu’il a fait ce soir-là, c’était une initiative personnelle. Cela montre aussi que la rivalité entre l’Espanyol et le Barça n’existe que sur le terrain. En dehors, nous pouvons être amis." Frères différents, mais frères quand même.
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Andres Iniesta rend hommage à Dani Jarque après son but en finale de la Coupe du monde 2010

Crédit: Getty Images

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