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Liga - "Le Barça veut des joueurs pour les dix prochaines années"

François David

Mis à jour 18/01/2019 à 23:44 GMT+1

LIGA - Arthur (22 ans), Malcom (21 ans), Clément Lenglet (23 ans), Moussa Wague (20 ans) et depuis quelques jours, Jean Clair Todibo (19 ans). Sans compter les efforts pour signer Adrien Rabiot (PSG - 23 ans), Frenkie de Jong (Ajax - 21 ans) ou Matthijs de Ligt (Ajax - 19 ans). Depuis cet été, le FC Barcelone fait dans le jeunisme. Il était temps.

Barcelona's new player Brazilian midfielder Arthur Henrique Ramos de Oliveira Melo

Crédit: Getty Images

Cela fait plusieurs saisons que les Blaugrana avaient perdu leur influence sur le marché des jeunes talents, laissant les autres monstres européens utiliser leur pouvoir de séduction pour attirer les stars de demain. Le Barça, après Guardiola, avait sorti le chéquier, en payant (très cher) des joueurs reconnus au nom de la compétitivité immédiate. Ce temps là est révolu. La nomination d'Eric Abidal en tant que secrétaire technique a été un tournant. Le Barça regarde vers l'avenir, et non plus seulement vers le présent. "Désormais, le Barça veut des joueurs pour les dix prochaines années”, me confiait récemment un membre du club. Il y a quelques saisons, nous nous interrogions sur cette guerre économique et sportive que le Barça était en train de perdre face au Real Madrid.
A l'époque, pendant que la maison blanche signait des pépites supposées comme Asensio ou Odegaard, le Barça faisait le forcing pour Jérémy Mathieu ou Arda Turan. Nous proposions Xavi et Abidal comme solutions. Pour le moment (mais ce n'est qu'une question de temps), seul l'ancien Lyonnais a été engagé.
Les enjeux sont énormes. Tant au niveau sportif que financier. Depuis les folies commises il y a un an, un an et demi, les clubs réfléchissent à deux fois avant de dépenser plus de 100 millions pour engager un joueur. Je pense que l'on ne verra plus avant quelques temps des transferts comme Neymar (250 millions), Mbappé (180 millions), Dembele (105 + 40 de bonus) ou Coutinho (120 + 40). Des stars, payées très cher, et évoluant déjà dans des clubs viables économiquement. La nouvelle stratégie des grands clubs européens est la suivante : engager des stars potentielles pour un maximum de 50-60 millions, afin de limiter le risque en cas d'accidents industriels. Ce type de clubs, issus du top 10 européens, peuvent se le permettre.
Pep Guardiola et le regretté Tito Vilanova ont été les derniers entraîneurs du Barça à vraiment miser sur les jeunes, qu'ils soient issus de la Masia ou non. Je vous vois venir : "Oui mais Thiago Alcantara avait été vendu à l'époque de Pep". Effectivement. Mais Thiago avait devant lui Xavi et Iniesta, deux des plus grands milieux de l'Histoire.

Luis Enrique et Valverde, réticents

Si l'on excepte l'intérim Tata Martino, Luis Enrique et Ernesto Valverde ont toujours voulu des joueurs confirmés. Surtout le premier qui avait droit de véto pour les nouveaux arrivants, contrairement à Valverde.
À son arrivée, Andoni Zubizarreta, à l'époque directeur sportif, avait satisfait les désirs de l'actuel sélectionneur de la Roja en lui donnant Claudio Bravo (31 ans), Jérémy Mathieu (30), Rakitic (26) ou Luis Suarez (27). Marco Asensio ne l'enthousiasmait pas plus que ça. L'année suivante, Aleix Vidal (27 ans) et surtout Arda Turan (29) étaient venus gonfler les rangs culés. Paco Alcacer, 23 ans à l'époque, avait été jeté aux oubliettes.
Valverde, moins dirigiste sur le marché (il laisse les dirigeants gérer le mercato) a certes récupéré Coutinho et Dembélé, mais a été ravi de voir Paulinho puis Arturo Vidal (31 ans) signer au Barça. C'est surtout marquant cette saison : sachant son avenir à court terme à Barcelone, Valverde s'appuie sur des valeurs sûres comme Piqué, Rakitic (son joueur le plus utilisé), Busquets, Messi ou Suarez. En Coupe du Roi, il aligne Malcom sous la torture. Munir, signé depuis par le Séville FC, n'était qu'un deuxième ou troisième choix. La semaine dernière, Miranda (18 ans) et Chumi (19) ont été les premiers à sortir au cours du match. Cette vision peut se comprendre, mais elle a le don d'énerver les supporters et plus grave, l'équipe dirigeante. Eux ne sont pas là pour deux saisons...
Peu à peu, le Barça essaye donc de rattraper son retard sur le marché des jeunes talents. Vidal et le futur avant centre remplaçant ne sont que des épiphénomènes. Si Olivier Giroud ou Fernando Llorente (ce dernier sur demande expresse de Valverde) venaient à signer, c'est pour répondre à un besoin particulier, sur six mois. Ce n'est en aucun cas la politique que veut suivre, à terme, le nouveau Barça.

Le Real l'avait compris avant tout le monde

En France, l'AS Monaco est le champion de ces achats de jeunes. L'Italien Pellegri, acheté 25 M et même pas majeur, en est l'incarnation. Mais le champion de France 2017 le fait dans une optique mercantile. Acheter jeune pour revendre plus tard. Lille fait pareil. Le Real Madrid, lui, achète jeune pour construire son équipe de demain. Un peu comme voulait le faire Arsenal il y a une dizaine d'années…
Odegaard, Asensio, Vallejo, Vinicius, Fede Valverde, Theo Hernandez, Ceballos, Odriozola, l'Ukrainien Lunin, Brahim Diaz, Rodrygo (18 ans, Santos - transfert bouclé pour 50 M)… Ces six dernières années, le triple champion d'Europe a investí 270 millions d'euros sur des joueurs de moins de 23 ans. Seize au total (!) depuis 2013.
"Peu à peu, nous construisons les bases du Real Madrid d'aujourd'hui et de demain", confirmait ainsi Florentino Perez, président du Real Madrid, le jour de la présentation de Lunin. "Nous voulons incorporer à notre équipe le talent qui sera incontestable d'ici quelques années."
Certains ont fonctionné, comme Asensio. D'autres moins comme Lucas Silva, engagé pour 15 M, et entrevu à Marseille le temps d'une saison. Florentino Perez, qui en son temps, n'hésitait pas à faire chauffer la carte bleue, a pris en compte la montée en puissance du PSG et de Manchester City, et la surenchère qui allait se produire. Bien vu.
Aujourd'hui, exception faite de la Juventus (qui se spécialise dans les joueurs en fin de contrat) et à un degré moindre, du PSG et de Manchester United (qui comptent eux sur leur centre de formation, surtout Paris), tous les plus grands clubs européens se lancent dans cette politique. Arsenal (Gendouzi), le Borussia Dortmund (Sancho, Diallo), Tottenham (Sanchez, Foyth, plus les jeunes du crû), Manchester City (Leroy Sané, Bernardo Silva, Gabriel Jesus), les exemples sont légion. Même le très traditionnaliste Bayern Munich suit le mouvement. Après avoir confirmé l'arrivée de Benjamin Pavard (22 ans) l'an prochain, le géant bavarois fait le forcing pour attirer le jeune anglais Hudson-Odoi (18 ans) pour 39 M d'euros… En Liga, le Barça a mis du temps pour comprendre les enjeux. Mais les Catalans ne veulent plus être en retard dans cette course “à la nouvelle star.”
Le Brésilien Malcom lors de Leonesa - Barça en Coupe du Roi.
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