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Lionel Messi, roi du coup franc décrypté : "Son pied d’appui déforme le terrain"

Cyril Morin

Mis à jour 16/12/2018 à 10:42 GMT+1

LIGA - Auteur d’un doublé exceptionnel sur coup franc le week-end dernier face à l’Espanyol (4-0), Lionel Messi a encore montré qu’il n’y avait pas meilleur que lui dans l’exercice actuellement. Pas spécialiste en début de carrière, il a su faire évoluer une mécanique de frappe efficace pour se transformer en arme de destruction massive. Décryptage.

Lionel Messi au coup franc

Crédit: Getty Images

Lucarne gauche pour commencer. La précision d’un sniper doublée d’un effet fuyant dévastateur. Lucarne droite pour achever un Espanyol déjà à terre avec un effet rentrant qui a laissé le pauvre Diego Lopez à sa misère. Samedi dernier, Lionel Messi s’est offert un récital aux allures de démonstration. Avec une conclusion aussi limpide que la trajectoire de ses frappes : le meilleur tireur de coup franc au monde, c’est lui.
Une évidence esthétique à laquelle est venue se greffer une preuve statistique : depuis 2014, la Pulga a marqué 19 coups francs directs. À lui tout seul, il en a marqué plus que la Juventus (18), le Real ou l’OL (14) sur la même période. Complètement fou. Le voilà à 44 buts dans toute sa carrière sur l’exercice. Soit le même total que Juninho sous les couleurs de l’OL. Ça vous pose un homme.
"Si c’est le meilleur ? Ça a toujours été un très bon tireur de coup franc. Surtout arrivé dans des zones où il peut enrouler sa frappe. Il est tellement précis qu’il y même pas besoin de forcer. Il a juste à trouver la bonne zone pour que le ballon rentre" détaille Laurent Robert, réputé pour sa qualité de frappe à son époque. Mais comment fait-il pour être aussi régulier, aussi précis ?

Tout est une question d’équilibre

"Dans le cas de Messi, sa stratégie posturale est efficace" nous explique Fred Brigaud, consultant et formateur en biomécanique humaine et sportive, auteur du livre Améliorer sa posture du quotidien à la pratique sportive. "À la moindre défaillance de la posture, des imperfections et des imprécisions apparaissent dans le déroulement du geste qui génèrent des instabilités dégradant la qualité de la frappe, un phénomène amplifié par la fatigue, explique-t-il. Messi, si on se reporte au mouvement de sa frappe, c’est la régularité avec laquelle il développe son mouvement, la stabilité au sein de son corps et la stratégie qu’il met en œuvre qui lui permettent de reproduire un geste technique efficace".
Une analyse qui colle à la version donnée par l’Argentin samedi dernier après ses deux coups d’éclat : "J’essaye de suivre un rituel quand les choses se passent bien, j’essaie de ne rien changer pour que ça continue de fonctionner. Il y a des phases où j’en tire beaucoup et aucun ne rentre. Je suis content de pouvoir les convertir en ce moment".
Voilà pour la force de l’habitude. Encore faut-il que cette habitude soit bonne. Celle de Messi, notamment au niveau de sa préparation, est excellente. "Au niveau postural, il faut penser le corps comme un tout, et pas seulement le jeu de jambes. J’ai tendance à dire que le football se joue aussi avec les bras. La stabilité de la jambe d’appui va dépendre du mouvement du haut du corps. La qualité de votre frappe va dépendre de la qualité de votre ancrage global !"
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Lionel Messi au coup france à Gérone

Crédit: Getty Images

Il pourrait marquer les yeux fermés
Laurent Robert ne dit pas autre chose : "La puissance ne vient pas forcément des grosses cuisses. Avec le recul et l’expérience que j’ai, je pense que tout est une question de pied d’appui". Fred Brigaud décrypte celui de Messi : "Son efficacité vient aussi de sa capacité à maintenir une certaine rectitude au niveau de la jambe d’ancrage. Le pied ne se met pas à plat mais c’est son pied qui s’enfonce dans le terrain et le déforme. Ça, c’est caractéristique d’un système musculaire stabilisateur puissant".
Voilà pour l’appui. Mais ça ne fait pas tout. "Son geste est tellement régulier que je suis persuadé qu’il pourrait marquer les yeux fermés à l’entraînement" avance Laurent Robert. "Il part vraiment tranquillement mais il a déjà photographié le but, il sait où il va la mettre. Ensuite, il fixe presque le gardien et, comme dans un dribble, il s’impose un changement de rythme au moment de frapper le ballon pour allier puissance et précision" détaille l’ancien joueur du PSG.
Son fouetté si caractéristique lors de la frappe est évidemment la conséquence de son travail d’équilibre en amont. Mais aussi, et surtout, de son talent. Laurent Robert encore : "Lui, comme moi je l’ai été, on ne frappe pas comme un Juninho ou un Ronaldo. On a des frappes plus enveloppées, avec l’intérieur. Il rabat le ballon comme si c’était un centre." Le reste se passe de mots tant la beauté des courbes parle d’elle-même. Des courbes qui risquent fort de continuer à hanter les gardiens de Liga (et d’Europe). Car d’année en année, il n’a fait que progresser, transformant presque ses coups francs en penalties. Comme si son talent brut n’était déjà pas suffisant…
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