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FC Barcelone / Busquets - Pjanic : le poids du statut, le goût de l'injustice

Cyril Morin

Mis à jour 22/12/2020 à 19:09 GMT+1

LIGA - Titulaire mais remplacé à la mi-temps face à Valence (2-2), Sergio Busquets incarne ce Barça en perte de vitesse et aux jambes qui vieillissent. Mais son poids dans le vestiaire et son statut poussent encore Ronald Koeman à le privilégier à un Miralem Pjanic qui ronge son frein sur le banc. Contre toute logique purement sportive.

Sergio Busquets et Miralem Pjanic, faux concurrents au Barça

Crédit: Getty Images

Le chiffre est moins tapageur que les 643 réalisations de Lionel Messi. Mais presque aussi symbolique. Face à la Real Sociedad il y a six jours, Sergio Busquets a dépassé une icône catalane éternelle : Carles Puyol. Au compteur, le baromètre barcelonais affiche désormais 595 matches sous les couleurs blaugrana, le quatrième total dans l’histoire du club, derrière Xavi (767), Messi (748) et Iniesta (674).
Voir Sergio Busquets derrière de cette sainte-trinité catalane n’a rien d’étonnant. Soldat de Guardiola en équipe B, la sentinelle barcelonaise a pris ses aises dès 2008, au sein d’un collectif barcelonais qui a tout raflé. Il fut le maestro de l’ombre impeccable d’une des plus grandes équipes de l’histoire. Douze ans plus tard, il fait partie des meubles, du genre de ceux qu’on ne touche plus sous peine de provoquer une levée de boucliers immédiate.
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Andres Iniesta, Xavi Hernandez, Sergio Busquets et Gerard Pique

Crédit: AFP

Le Général Busquets aura été de toutes les batailles, de toutes les guerres, même les plus tragiques pour le Barça. Inlassablement positionné en pointe basse des immuables 4-3-3 barcelonais, éternelle vigie, éternelle première rampe de lancement.

Sans Messi… et sans Busquets ?

Douze ans plus tard, Busquets est donc encore là. Presque naturellement. Mais le meuble a pris la poussière. Ces dernières semaines, contexte contractuel et élection présidentielle obligent, le débat autour du Barça post-Messi pour les années qui viennent s’est intensifié. Pour Busquets, la temporalité est différente. Elle se compte en jours.
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Doit-il se séparer de Messi ? "Si le Barça veut faire sa révolution…"

Samedi, c’est en toute logique qu’il a cédé sa place dès la mi-temps, pour permettre à Frenkie de Jong de redynamiser quelque peu un jeu barcelonais sclérosé, à l’animation illisible. Mais sur la saison, Busquets est encore un homme de base de Ronald Koeman. Il est ainsi le 7e joueur le plus utilisé, malgré ses 32 printemps.
Dans cette hiérarchie, c’est Frenkie de Jong qui trône au sommet. A son arrivée, Koeman a décidé de redessiner les contours du milieu pour mettre la perle néerlandaise dans les meilleures dispositions. Fin du 4-3-3, passage au double-pivot au milieu où l’apport de l’ancien de l’Ajax est nettement plus visible.

Le double-pivot, double problème

Dans ce schéma, les jambes vieillissantes de Busquets montrent des signes de faiblesses inquiétants. Parce qu’il n’est pas fait pour ce système. Exceptionnel dans l’anticipation et dans la première relance, l’Espagnol n’a pas, ou plus, le volume de jeu réclamé par le double pivot. Être à la fois proactif à l’animation tout en ayant la capacité de couvrir la moindre rébellion adverse est une casquette qu’il n’a jamais réellement portée, longtemps assisté par Xavi et Iniesta pour la première fonction, protégé par la maîtrise tactique du Barça pour la seconde.
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Sergio Busquets (FC Barcelone)

Crédit: Getty Images

Tout cela a volé en éclats au fil des années. Privé de son siège central en pointe basse d’un 4-3-3, Busquets a moins de temps. Lit donc moins bien les trajectoires, et se retrouve beaucoup plus facilement en retard et sous pression.
Une partie des difficultés du Barça se trouve aussi dans son profil : trop lent en transition défensive et plus assez lucide en attaque placée. Dès lors, l’intérêt du double pivot devient très limité. Difficile à 32 ans de se réinventer, surtout lorsque l’on a été la référence du poste sur la décennie écoulée. C’est pourtant la situation d’un Busquets qui ressemble davantage à une faiblesse de ce Barça made in Koeman qu’à une pierre angulaire.

Pjanic ne comprend pas, il n’est pas le seul

Aujourd’hui, la raison pousse pour la candidature d’un autre à ce poste-clé : Miralem Pjanic. A l’inverse de Busquets, le Bosnien ronge son frein sur le banc, sans justification autre que celle de son faible vécu avec les Blaugrana. Pourtant, ce double-pivot, il le maîtrise sur le bout des doigts. C’est dans ce système qu’il est devenu un cador en Italie, un membre à part d’une Juventus Turin dominante et l’un des regista à la mode.
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Miralem Pjanic avec le FC Barcelone, 2020

Crédit: Getty Images

Sa candidature présente des avantages certains : jeu long parfait, possibilité de délester Messi de certains coups de pied arrêtés, possibilité d’armer de loin, fluidité technique et complémentarité tactique avec de Jong. Mais, pour l’instant, Pjanic n’est pas installé. "Dans ma carrière, je n'ai jamais accepté l'idée de ne pas jouer, et je ne l'accepte pas plus aujourd'hui, avait-il d’ailleurs expliqué à la Gazzetta au début du mois. On verra, je suis prêt, je m'entraîne bien et j'attends, je ne peux rien faire d'autre. C'est une situation très délicate qui ne me convient pas. Sincèrement, je ne comprends pas moi non plus le pourquoi de cette situation".
Il n’est pas le seul. Interrogé sur sa situation par une presse catalane déçue de ne pas voir plus souvent la principale recrue de l’été alignée, Koeman s’est défendu d’un choix biaisé en avançant le prétexte d’un pressing plus intense au Barça qu’à la Juve. Problème, l’argument est aussi applicable à Busquets. Mais on ne touche pas aux icônes… Surtout quand elle symbolise l’âge d’or d’un club qui n’en finit plus de s’éloigner.
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