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Liga - FC Barcelone - Gérard Piqué symbole du Barça : Emblématique ou problématique ?

Tracy Rodrigo

Mis à jour 20/08/2021 à 16:35 GMT+2

Encensé pour avoir accepté un report et une baisse de salaire, Gerard Piqué reste pourtant un homme contesté. Être décrié il connaît, y compris dans son propre camp. Cette situation traduit un état, certes pas unanime mais significatif, celui d’une afición qui ne sait plus en qui avoir confiance et veut en finir avec cette génération victorieuse mais devenue embarrassante.

Piqué

Crédit: Eurosport

Si c’est à Sergio Busquets que Leo Messi a laissé son brassard de capitaine, c’est bien vers Gerard Piqué que se tournent tous les regards d’un public blaugrana à la recherche de son nouveau chef de file. Alors que Joan Laporta a tenu une conférence de presse alarmiste sur l’état des finances lundi, le président a aussi pu mettre en avant le comportement exemplaire du défenseur central : "il aime le Barça par-dessus tout. Certains joueurs ne sont pas uniquement ça. Il a vu que nous étions dans une situation difficile et fait cet acte extraordinaire. Tout le monde ne l’aurait pas fait".

Gerard Piqué, l’influenceur ?

Cette baisse de salaire annoncée comme "considérable" par le club est, d’après les journalistes catalans, un report de salaire suivi d’un paiement en fin de carrière. Un paiement tout de même inférieur à ce qu’aurait pu toucher le joueur et c’est bien là l’essentiel. Peu importe les détails, les gros titres affirment tous la même chose en substance : Piqué a sauvé le club, Laporta et le sort de recrues qui auraient pu rester sur le bas-côté.
Ceux qui ont de la mémoire se souviendront que ce n’est pas l’unique fois où le défenseur central tire son club d’un bien mauvais pas. Alors que Josep María Bartomeu galère à trouver un nouveau sponsor maillot capable de faire oublier le polémique Qatar Airways en 2016, c’est Gerard Piqué et sa compagne Shakira qui nouent le premier contact entre le club et le fondateur de Rakuten, Hiroshi Mikitani. Résultat : un fructueux contrat pour le Barça d’un montant de 55 millions d’euros par an et un Bartomeu aussi ravi que soulagé. Piqué a plusieurs cordes à son arc. Sa défense du Barça intervient aussi hors terrain. Sur les réseaux sociaux et en interview, il ne perd jamais l’occasion de sortir les armes contre ceux qui s’en prendraient à son club.
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En larmes, Messi est incapable de débuter sa conférence de presse

Florentino Pérez, Javier Tebas, les arbitres : tout le monde y passe. Récemment, il a même annoncé la création de sa chaine Twitch où il a distillé ses bons mots avec l’homme dont tout le monde parle : Ibai Llanos, youtubeur espagnol ultra-populaire invité chez Leo Messi lors de sa soirée d’adieu et de sa présentation au PSG. Ses talents d’homme d’affaires et son carnet d’adresse encore plus rempli que son armoire à trophées, c’est dire son ampleur, ont aidé le FCB. Mais elles lui valent aussi des critiques acerbes sur sa capacité à être tout, sauf un joueur de football. Et quand sur le terrain le niveau ne suit plus, les critiques laissent place à l’exaspération.

Ne pas tomber à pic !

"Je ne veux pointer personne du doigt mais le club à besoin de changement et s’il faut changer des choses, je serai le premier à partir". Gerard Piqué en avait gros sur la patate ce soir d’août 2020 alors que son équipe venait d’encaisser huit buts en Mondovision contre le Bayern Munich. Il le martèle : si on lui demande et que c’est pour le bien de son club, il mettra les voiles. Pourtant un an après, "Geri" est toujours là. Il était même titulaire lors du premier match de la saison contre la Real Sociedad remporté 4-2 par les Culés. Pourtant, Ronald Araújo était bien disponible. Ronald Koeman n’a pas l’air de vouloir se passer du néo vice-capitaine. Pourtant, elle remonte à loin la dernière saison notable du défenseur. Certains vous répondraient qu’elle date de 2018 où il fait une très bonne deuxième partie de saison, d’autres évoqueraient 2015 ou bien encore 2009. Inutile de préciser qu’en partant à la pêche, vous entendrez sûrement quelques "Piqué ? Il n’a jamais été bon. Juste là au bon endroit au bon moment".
Difficile d’évoquer le cas personnel d’un joueur sans aborder le collectif, un collectif qui a joué sur ses défauts plutôt que sur ses qualités sous Ernesto Valverde et qui n’a jamais pu vraiment s’épanouir sous Quique Setién, malgré quelques bribes enthousiasmantes. Avec Ronald Koeman, "Geri" a été blessé une partie de la saison mais a joué sur une jambe contre le Paris Saint Germain en huitième de finale aller de Ligue des Champions.
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Pointé du doigt après cette rencontre, c’est son influence au sein du vestiaire qui a été à nouveau remise en cause. Des cadres trop présents, qui concentrent trop de pouvoirs et qui décident quand ils jouent : c’est en résumé ce qui ressort de cette nouvelle élimination européenne. Or Ronald Koeman sait surtout qu’il leur doit aussi la remontée au classement et la victoire en Copa del Rey de la saison dernière. Ce sont ses cadres vieillissants qui ont tiré la sonnette d’alarme quand le coach Oranje a commencé à essuyer quelques critiques légères au début de l’automne, ne sachant pas encore quel système privilégier. Juste la vie dans un vestiaire de football en somme.

Gerard Piqué, toujours footballeur ?

Si on est honnête - tâchons de l’être- il est difficile de dire que Gerard Piqué mérite une place de titulaire indiscutable sur ses dernières performances. Poussif, dépassé et étourdi lui collent mieux à la peau que réactif, rapide et concentré sur les dernières saisons. La question de la concurrence se pose alors qu’Óscar Mingueza et Ronald Araújo entament leur deuxième saison avec la A et qu’Eric García est rentré au bercail après un passage en Angleterre pour s’aguerrir (comme un certain Gerard Piqué). Si elle reste souvent dénuée de sens, la notion de changement de cycle colle cette fois-ci parfaitement à la saison que le Barça s’apprête à vivre. Mais faut-il pour autant éliminer sans égards ni réflexion tous les cadres de cet effectif ? Certes, ils ont connu des humiliations à répétition en Ligue des Champions, mais ont aussi gagné un nombre impressionnant de Liga.
Et que celui qui a dit qu’il fallait arrêter de voir le football sous l’unique prisme de la coupe d’Europe nous jette la première pierre ou nous la prête : le championnat est important ! Ronald Koeman l’a compris la saison dernière : avoir des alliés est essentiel, les avoir expérimentés encore davantage. Le danger est de ne plus pouvoir ou vouloir se passer de ses alliés de marque quand le moment est venu. Le risque subsiste dans le rapport de force, de confiance et de sentiments aussi, entre coach et joueurs. Mais cette fois, et contrairement aux années précédentes, le combat fraternel sera encadré par un président qui n’est pas occupé à se mettre dans toutes les affaires les plus rocambolesques possibles. Une chance pour le Barça de véritablement évoluer.

La Catalogne à ses pieds ?

Chaudement applaudi à chacune de ses apparitions au Camp Nou, Gerard Piqué restera l’un des joueurs les plus aimés de ce club. Petit-fils de l’ancien vice-président du Barça Amador Bernabéu (ce qui est un des meilleurs motifs de vanne de Sergio Ramos), Piqué a baigné toute sa vie dans ce club. Petit, il serrait déjà la pince de Ronald Koeman après une visite dans les locaux d’Aristides Maillol. Une vie de rêve que "Geri" racontait en 2010 dans son livre "Viaje de Ida y Vuelta" : "C’est incroyable, quand je me rappelle mes 10 ou 11 ans, et que j’attendais au balcon du Camp Nou la sortie des joueurs. C’étaient mes idoles. Figo, Luis Enrique, Pep etc…J’avais la sensation qu’ils étaient intouchables. Maintenant, je me rends compte que je suis à leur place". Lors de la cérémonie d’avant-match du trophée Gamper 2021 lors duquel les joueurs sont traditionnellement présentés, les applaudissements pour le vice-capitaine ont été bien moins nourris qu’à l’accoutumée, même s’il n’a pas été sifflé comme a pu l’être Sergi Roberto.
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Gerard Pique

Crédit: Getty Images

Une disparité qui s’explique par un public d’été à l’Estadi Johan Cruyff car les socios sont pour beaucoup en vacances (seulement 15 000 ont récupéré un sésame pour la première journée de Liga alors que 30 000 billets avaient été proposés initialement). Et si les réseaux sociaux ne sont qu’un microcosme, cette réaction n’est pas si éloignée de ce que l’on peut y lire sur le numéro 3 blaugrana. Une différence notable explicable par les rumeurs de domination d’un vestiaire de petits dictateurs. Étrangement, elles ont été largement répandues par des médias catalans qui avaient pris fait et cause pour l’ancienne direction de Josep María Bartomeu et qui ont essayé de mettre les cadres dans l’embarras pour expliquer la mauvaise passe du club. Si l’on peut assurément débattre de l’influence connue et reconnue de Gerard Piqué dans les locaux culés, il est aussi absurde de croire dur comme fer ceux qui ont plongé le club dans le chaos actuel.
L’environnement blaugrana n’est pas de ceux qui donnent envie de faire confiance. Ancienne direction controversée, médias manipulés et guerre de pouvoir : tout est bon pour ne pas croire aux lendemains qui chantent. Gerard Piqué, malgré son geste, ne fait pas exception. Un cadre en fin de carrière et influent dans les coulisses du club est-il forcément un problème ? Si le club sait dire stop quand il le faut, et on l’a vu dernièrement, le Barça n’a plus ni le temps ni les moyens de faire dans la dentelle, même pour ses plus grands joueurs.
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