Bangoura dégaine

Eurosport
ParEurosport

Publié 09/11/2006 à 08:45 GMT+1

Auteur de sept buts en dix matches, Ismaël Bangoura est le meilleur buteur du Mans, mais aussi de Ligue 1. A 21 ans, le Guinéen impressionne. Mais son entraîneur Frédéric Hantz prend garde à ce que son attaquant ne s'enflammera pas après son triplé à Auxe

"Je me suis dit qu'il fallait que je marque au moins 10 buts, et pourquoi pas devenir le meilleur buteur du club ou du championnat de France". Ismaël Bangoura se pensait pas si bien dire en début de saison au moment d'évoquer ses objectifs avec Le Mans. Depuis, la révélation de ce début de saison commence même à revoir ses ambitions à la hausse. "Pourquoi pas 20 ou 30 buts. On se procure tellement d'occasions" , se lance-t-il comme défi. Un pari pas si fou que ça. Il faut dire que le Guinéen a déjà porté son compteur à sept buts en dix matches (neuf en comptant la Coupe de la Ligue), dépassant déjà d'une unité son bilan de la saison dernière (6 buts en 23 matches).
Impensable il y a seulement quelques mois. Sauf pour ceux qui le suivent de près depuis ses débuts à Conakry. En 2003, alors qu'il évolue à l'Atletico de Colère, Bangoura est repéré par Dominique Ciccada, entraîneur de l'équipe nationale de boxe de Guinée et surtout frère de Philippe, dirigeant du Gazélec Ajaccio. C'est le coup de coeur. Direction le National où il passera deux saisons (15 buts en 44 matches). "Je leur dois tout", avoue-t-il aujourd'hui. Le jeune attaquant prometteur est repéré par un recruteur du Mans qu'il rejoint en 2005. "Ses trois premiers mois ont été assez difficiles. Je l'ai placé en CFA mais, même là, il n'était pas performant, se souvient Frédéric Hantz. Il a fallu qu'il travaille beaucoup physiquement et tactiquement pour intégrer le groupe pro".
Surnommé la "gâchette"
Dans la lignée de Drogba, Cousin ou Thomert, Ismaël Bangoura s'épanouit dans la Sarthe. Il a même gagné un surnom, la "gâchette", pour souligner sa principale qualité : une rapidité de geste inouïe. "Je le confirme, c'est une gâchette pas possible. J'ai rarement vu un joueur comme ça. Il n'a pas besoin de beaucoup armer pour mettre une puissance terrible", confirme Patrice Neveu, son sélectionneur en équipe nationale. Frédéric Hantz a lui aussi compris que le buteur possédait là une arme quasiment imparable. "Quand un joueur met cinq dixièmes de seconde pour armer, lui le fait en un dixième. Devant une telle vitesse gestuelle, un gardien ne peut rien anticiper", explique l'entraîneur manceau.
Des qualités de vélocité et de puissance qu'il n'a pratiquement jamais travaillées à l'entraînement. "Depuis tout petit, j'ai de la force dans les jambes. Quand je jouais dans la rue, en Guinée, je n'hésitais pas à tirer de 25 ou 30 mètres. En fait, je tentais ma chance de n'importe quel coin du terrain, r aconte-t-il dans L'Equipe. Et, à force de m'entraîner, de répéter ce genre d'exercice, je me suis amélioré". Aujourd'hui, la machine est lancée. Après des débuts difficiles, elle ne s'arrête plus depuis ses débuts en Ligue 1 le 5 novembre 2005 (3-0 contre Marseille) comme avec le Sily National qu'il a intégré avant la CAN 2006 en Egypte.
"Pourquoi pas 20 ou 30 buts"
Samedi, à Auxerre, Ismaël Bangoura a frappé les esprits en signant un triplé, le premier d'un joueur du MUC depuis trois ans. "Ça restera mémorable mais je sais aussi qu'il existe une part de réussite. Contre Lens, j'avais scoré deux fois. Je voyais les sensations revenir", tempère le meilleur buteur du championnat avec le Lensois Aruna Dindane. Un coup d'éclat qui pourrait paradoxalement le mettre en danger. "Ça va lui mettre un surcroît de pression vis-à-vis de ses partenaires. Je sais que cette semaine tout le monde va chercher à creuser le personnage. Il va être très sollicité. A nous de lui éviter de se disperser, met en garde Frédéric Hantz. Ismaël, c'est un super gamin. Il écoute mais il faut aussi l'aider à garder les pieds sur terre. Voici tout juste un an, il découvrait l'élite".
Car Ismaël Bangoura possède encore une énorme marge de progression. On en oublierait presque qu'il n'est qu'à l'aube d'une carrière prometteuse. "Il lui reste à travailler sa finition pour devenir encore plus grand. Mais, à 21 ans, il a encore du temps devant lui" , dit de lui Patrice Neveu. Ça tombe bien, le Manceau ne s'enflamme pas et a conscience du chemin qui lui reste à parcourir. "J'étais venu ici pour apprendre et, pour bien apprendre, il faut savoir écouter. C'est ce que j'ai fait. Aujourd'hui, l'aventure est lancée" , rassure le nouveau serial buteur du MUC 72.
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