Cavegol ne répond plus

Fernando Cavenaghi n'avait jamais connu ça depuis son arrivée en Gironde. 463 minutes de mutisme devant le but, depuis le 11 janvier et la démonstration face au PSG (4-0). Pour lui, le pur buteur qui ne joue que pour faire trembler les filets, une telle période de disette est synonyme de grosse période de turbulences. Car Cavenaghi existe que pour et par le but. Il n'est pas un créateur à proprement parler même s'il aime se mêler au jeu en décrochant entre les lignes. Son inefficacité coïncide avec la baisse de régime actuelle des Bordelais. Le goleador muet, les Girondins atones. L'Argentin est à la fois victime et coupable : Cavenaghi a moins de ballons à se mettre sous la dent mais il n'a également pas su concrétiser ses rares opportunités. En témoigne son raté inhabituel face à Lille (2-2) où seul face au gardien, il ouvre trop son pied et dévisse. Le début d'une série de maladresses.

A Marseille son redoutable sens du but le fuira également, face à Grenoble et Galatasaray, il n'aura pas les munitions nécessaires pour retrouver le chemin des filets. Ses habituels passeurs se font moins précis, à l'image d'un Yoann Gourcuff moins souverain ces derniers temps ou d'un Wendel plus emprunté après sa belle embellie du mois de janvier. Pas de quoi inquiéter pourtant Cavegol flegmatique et imperturbable : "Je ne m'inquiète pas, ça va revenir tout seul." Et l'avant-centre des Marine et Blanc de rajouter comme pour se protéger de l'inquiétude que son manque de réalisme actuel pourrait susciter : "Quand j'étais meilleur buteur en Argentine, je suis resté dix matchs sans marquer. Je ne suis donc pas inquiet."

Laurent Blanc trace le même sillon. Le Président ne s'en fait pas pour son buteur et pour son instinct de tueur devant le but : "Je ne me fais pas de soucis, à la fin de la saison, Fernando aura facilement marqué ses 15-20 buts. Il va se remettre à marquer, peut-être même lorsqu'il s'y attendra le moins". Cavenaghi demeure il est vrai meilleur buteur des vice-champions de France avec 13 buts cette saison, toutes compétitions confondues. Son ratio buts marqués/minutes jouées en Ligue 1 a pris un coup dans l'aile ces derniers mois (1 but toutes les 153 minutes) mais il reste tout à fait honorable. A titre de comparaison, Guillaume Hoarau ne fait guère mieux (1 but toutes les 148 minutes).

Wendel en a bien conscience et a pris la défense de son coéquipier cette semaine dans les colonnes de Sud Ouest :"C'est un peu difficile pour lui en ce moment. D'habitude, avec lui, une occasion, ça va au fond. Mais, même s'il marque moins actuellement, il reste un buteur, qui nous a fait gagner beaucoup de points cette saison. On ne peut pas douter de lui. Dimanche à Saint-Étienne, on va peut-être gagner 1-0, après un match moyen, grâce à un but de Cavenaghi." Wendel n'a pas tort : le réveil de l'Argentin sonnerait sans aucun doute celui des Girondins.