Le paradoxe Cavenaghi

Annoncé plutôt calme, le mercato girondin pourrait finalement être agité. Avec un acteur principal nommé Fernando Cavenaghi. L'attaquant argentin a tout pour plaire à n'importe quel club, même les plus grands, tant ses talents de buteur sont indéniables. Les statistiques le confirment. Cette saison, le joueur transféré du Spartak Moscou en janvier 2007 a déjà inscrit 11 buts en 19 matches. Il en avait déjà marqué 15 entre janvier et mai 2008 et joué un rôle majeur dans la qualification des Girondins pour la Ligue des Champions. Depuis qu'il a débarqué sur les bords de la Garonne, Cavenaghi en est à 35 buts en 68 matches. Il a affolé les compteurs en 2008, au point d'avoir été désigné meilleur joueur étranger de la Ligue 1 par France Football. Pourtant, l'homme qui marque plus d'un but tous les deux matches ne joue pas tout le temps avec Bordeaux. Et il ne semble pas heureux en Gironde.

Laurent Blanc compte généralement sur lui en championnat. Cavenaghi a été titularisé à 17 reprises sur les 19 rencontres jouées par Bordeaux en Ligue 1 lors de cette première moitié de saison. La donne est en revanche différente en Coupe d'Europe. L'Argentin n'a joué que trois des six matches disputés par les Girondins en Ligue des Champions. Surtout, il n'était pas titulaire lors du match décisif à Rome, alors que son équipe devait impérativement s'imposer pour accéder aux huitièmes de finale. A 25 ans, l'ancien joueur de River Plate rêvait de briller sur la scène européenne, et ce match couperet lui donnait une occasion idéale pour çà. Mais il dû ronger son frein jusqu'à l'heure de jeu, moment choisi par Blanc pour le faire entrer sur le terrain. Sans succès.

Son départ n'est pas encore d'actualité, mais il a été évoqué par son agent. Selon lui, Cavenaghi est frustré de ne pas être considéré à sa juste valeur à Bordeaux. "Fernando est déçu de son manque de continuité dans le jeu, explique Rodrigo Vilarino à France Football, mardi. Il a même du mal à comprendre la logique de Laurent Blanc par rapport à son efficacité", ajoute l'agent de l'Argentin avant d'évoquer l'intérêt de Tottenham pour son client. "Tottenham a effectivement tenté une approche, mais il n'y a pas eu d'offre concrète. Pour l'instant. L'idée serait de trouver une solution qui satisfasse tout le monde. Que Bordeaux empoche un bonus et que Fernando soit mieux "traité" là où il signera. Mais ce n'est pas facile...", conclut Vilarino.

Pas facile, car Bordeaux ne lâchera pas sa perle comme ça. Et Blanc tient particulièrement à le conserver. "Quand vous avez la chance d'avoir dans votre effectif un joueur qui marque des buts, vous essayez de le conserver. Maintenant, si un club veut un joueur de Bordeaux et met 20 millions d'euros sur la table pour l'obtenir, je pense sincèrement que je ne maîtriserais pas tout. Même si je veux le conserver, on va m'expliquer que 20 millions d'euros, c'est beaucoup d'argent et qu'il vaut mieux avoir deux sardines grillées qu'un pigeon qui vole", explique l'entraineur des Girondins avec un brin d'humour. Pour Bordeaux, il vaudrait quand même mieux que le pigeon ne s'envole pas trop loin de la Garonne.