Gignac au sommet

Nominé parmi les meilleurs Espoirs du championnat en 2007, André-Pierre Gignac a dû patienter avant de confirmer. En fait, il lui a fallu attendre un an. Un an durant lequel il a semblé se perdre à Toulouse. Cette époque doit lui sembler aujourd'hui lointaine. Auteur de ses 11e et 12e buts de la saison face à Nice (2-2), l'attaquant pointe désormais en tête du classement des buteurs. Il s'agit du second doublé consécutif de l'attaquant de 23 ans, après celui réussi la semaine précédente contre Saint-Etienne (3-1). Il avait déjà réalisé un doublé contre Grenoble (14e journée, 2-0). Une sacrée performance qui lui permet de passer devant de sacrés goleadors. Il devance ainsi d'une unité le Parisien Hoarau (auteur d'un but contre Valenciennes, 2-2) et le Bordelais Cavenaghi qui a offert la victoire à son équipe face à Monaco (4-3) dimanche. Favori dans ce domaine l'été dernier, Karim Benzema est relégué à deux longueurs.

"Si on m'avait dit ça en début de saison j'aurais signé quatre ou cinq fois, peut aujourd'hui sourire le buteur qui évoluait encore à Pau en National en 2006. J'ai eu le mérite de bosser pour revenir dans la course. Cela n'a pas toujours été facile. J'ai dû prouver au coach que j'avais changé par rapport à la saison dernière". Le pari était pourtant loin d'être gagné. Encensé trop rapidement, Gignac sort en effet d'une saison noire avec le TFC. Dans l'ombre de Johan Elmander, il n'avait trouvé le chemin des filets qu'à deux reprises en 28 apparitions. Surnommé "Raymond" en référence aux louanges de Raymond Domenech dans une chronique vidéo, l'étiquette d'espoir du football français était sans doute trop lourde à porter. Victime des choix tactiques d'Elie Baup, pris en grippe par le public, il envisage même un départ, au mercato d'hiver (en prêt à Lorient) puis à l'intersaison (Lens).

Alors qu'est-ce qui a changé ? Le travail, l'humilité et le départ d'Elmander, sans doute. Mais également le changement d'entraîneur. "Tout le monde se gargarisait les deux dernières saisons sur les performances d'Elmander qui avait inscrit deux fois onze buts, lui en déjà marqué douze en dix neuf matches", se réjouit d'ailleurs Alain Casanova qui souligne que le natif de Martigues vient de faire mieux en une demi-saison que lors de deux exercices précédents (11 buts). Une résurrection qui ravit forcement Olivier Sadran. "A la même époque, la saison dernière tout le monde me parlait du recrutement raté de Gignac, rappelle le président du TFC. Tout cela dépend du moment où l'on pose la question". Car ce dernier sait mieux que quiconque que Gignac entraîne les Violets dans son sillage. Jusqu'à la 7e place à seulement trois points du podium.

Gignac, lui, explique qu'il se sent bien à Toulouse. Tout simplement. "J'ai à côté de moi des partenaires qui me servent parfaitement et j'en profite. Il y a vraiment une ambiance exceptionnelle dans cette équipe. Si nous parvenons à garder cet état d'esprit, je suis sûr que nous pourrons faire une très belle saison et viser une place dans les huit premiers", espère-t-il. Les ambitions personnelles pourraient également venir. L'équipe de France ? Pourquoi pas. "J'y pensais déjà avant. C'est un rêve pour tout joueur de L1, mais je ne me prends pas la tête plus que ça honnêtement", avoue-t-il. Encore faut-il convaincre un Raymond Domenech qui l'avait (trop vite) propulsé sur le devant de la scène mais lui avait préféré Steve Savidan pour affronter l'Uruguay en match amical. "Je sais qu'il me reste encore beaucoup de choses à améliorer comme mon jeu de tête ou la gestion des efforts pendant un match, explique-t-il. Je vais continuer à bosser et si ça arrive se sera du bonus" . En tout cas, la porte lui est ouverte...