Marseille à sa main

En champion exigeant qu'il a toujours été, Didier Deschamps va rapidement recadrer ses troupes. Marseille aurait-il perdu ? Oh que non ! Les Olympiens ont enregistré leur deuxième victoire en autant de matches. Mais les vice-champions de France ont oublié de verrouiller leur victoire en laissant Lille refaire surface en fin de match alors que les Phocéens étaient alors en supériorité numérique. Deschamps avait pourtant parlé d'un match de Coupe d'Europe en évoquant la préparation de cette rencontre jouée exceptionnellement à Montpellier.

Sûr que le capitaine des champions du monde 1998 va vite se charger de rappeler que, précisément, en Coupe d'Europe, pareil relâchement se serait payé comptant. Mais pour l'heure, l'OM est au coude à coude avec Bordeaux et Nancy. Et, sans vouloir faire injure aux Lorrains, la course est maintenant lancée entre les deux premiers du championnat précédent.

Cette rencontre présentait donc la particularité d'être délocalisée à la Mosson après l'effondrement tragique de la scène lors d'un concert de Madonna au Vélodrome. Un drame auquel aurait pu succéder un autre avec la chute, heureusement sans gravité, d'un supporter. Alors, cette délocalisation, un désavantage pour l'OM censé recevoir ? Pas sûr, tant l'an passé, les Phocéens avaient lâché l'essentiel de leurs points dans leur enceinte chérie. Et puis, à l'entrée des acteurs, entre la ferveur du public et le tube de "Jump" de Van Halen, il n'y avait guère que la qualité assez médiocre de la pelouse pour rappeler que Marseille n'évoluait pas chez lui. Et très rapidement, les Olympiens s'installaient comme à la maison.

Le détonateur de ce début de rencontre ? Brandao. Le Brésilien, malheureux une semaine plus tôt, était rapidement dans tous les bons coups. Ici une tête plongeante (4e), là une frappe vicieuse relâchée par un Ludovic Butelle fébrile (10e). Sur le corner suivant, superbement botté par Hatem Ben Arfa (titularisé pour l'occasion), Brandao s'élevait au-dessus de la mêlée, Butelle compris, pour smasher dans le but déserté. Le début d'une promenade marseillaise ? Entre les prises de balles proprement diaboliques de Mamadou Niang, les remises de Brandao et les quelques inspirations (encore trop rares toutefois) de Ben Arfa, l'animation olympienne donnait le tournis aux Nordistes.

D'autant que ceux-ci étaient aussi battus là où ne l'attendait pas : dans l'impact physique. Pourtant réputé coriace dans ce secteur, le Losc se faisait dévorer par un Marseille définitivement plus costaud que l'an passé, notamment derrière. "Avec Gabriel Heinze et Souleymane Diawara, j'ai davantage de potentiel physique. Je veux que dans le combat la crainte change de camp", annonçait Deschamps en début de saison. Résultat, les Dogues ont souffert sur les contacts, y compris dans leur secteur fort, l'entrejeu. Et on ne parle pas même pas du pauvre Tulio De Melo, offert en pâture à la paire Diawara-Heinze.

Oui, le tableau aurait été parfait si l'OM ne s'était pas relâché de manière assez grossière. Une baisse de régime pas forcément imputable à un problème physique puisque leurs adversaires étaient réduits à dix après la sortie de Debuchy suite à une énième faute sur l'insaisissable Niang (64e). Mais après une rafale de tirs dans la foulée de cette exclusion, les Phocéens relâchaient la pression. A ce titre, Deschamps peut remercier Rudy Garcia de ne pas avoir utilisé plus tôt le génial Eden Hazard, auteur d'une entrée tonitruante. Les partenaires de Niang se sont donc fait une vraie frayeur. Mais ne nous trompons pas : malgré cela, aujourd'hui, c'est bien l'OM qui fait peur...

"Nous avons bien maîtrisé la première mi-temps, nous avons même été très, très bons, dans le mouvement, dans la possession de balle. La deuxième mi-temps a été un peu plus laborieuse. Ce n'est jamais évident de jouer contre Lille car ils ne courent pas 90 mn, ils pourraient en courir 180. A 11 contre 10, on a un peu oublié de continuer à jouer vers l'avant et on a concédé quelques opportunités à l'adversaire. Ca reste anecdotique mais il faut progresser dans la maîtrise. Je retiens que l'on a été solidaires et solides, mis à part ce cafouillage de fin de match. Que l'on est solide en défense avec des joueurs expérimentés, vous en avez eu la confirmation ce soir, que Steve Mandanda est un grand gardien, vous le saviez et il a aussi confirmé ce soir. C'est un match à l'extérieur qui compte comme à domicile, les supporteurs ont répondu présents et ont fait beaucoup de bruit".