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Ligue Europa | OM- Atalanta | L'Atalanta : et maintenant, gagner

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 02/05/2024 à 15:22 GMT+2

La Dea veut écrire l'histoire. Qualifiée pour la finale de la Coupe d'Italie le 15 mai prochain, l'Atalanta Bergame a une occasion unique face à l'OM, qu'elle affronte en demi-finale ce jeudi (21h), pour atteindre sa première finale européenne. Pour le club bergamasque, capable de jouer les premiers rôles en Italie depuis plusieurs saisons, l'heure de soulever un trophée est venue.

Gasperini fête avec ses joueurs la qualification en Coupe d'Italie

Crédit: Getty Images

Peut-on se lasser des compliments ? Comme ça, de volée, on aurait quand même tendance à répondre non. Au fond, qui refuserait une douce parole, rien que pour flatter son égo et satisfaire son besoin de reconnaissance ? Habitué à en recevoir bon nombre ces dernières années, Gian Piero Gasperini ne s'en plaint jamais. Mais l'entraîneur de l'Atalanta Bergame, élu meilleur technicien de la saison 2018-2019 et bien conscient de l'énorme travail effectué au sein du club bergamasque depuis sa nomination en 2016, serait probablement prêt à en sacrifier une bonne partie pour avoir, en échange, son premier trophée.
Car oui, si la Dea est devenue une référence au fil du temps, tant pour son modèle économique que sa façon de travailler, recruter et planifier, l'armoire à trophées continue de prendre la poussière. Depuis la saison 1962-1963 et une Coupe d'Italie remportée face au Torino, personne n'a eu à l'ouvrir. Une anomalie que tout le monde aimerait corriger à Bergame.
"Pour toutes ces années de travail, l'Atalanta et Gasperini mériterait cet accomplissement, estimait l'ancien attaquant du club Simone Tiribocchi, désormais consultant à Mediaset. C'est un club qui a prouvé, ces dix dernières années, être devenu une réalité importante de la Serie A. C'est quelque chose en plus qui est forcément plaisant pour un club comme l'Atalanta." Un constat limpide et réel. Comment oublier que la bande à Gasperini s'est classée, durant trois saisons consécutives (2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021), à la troisième place du championnat, soit le meilleur résultat de son histoire ? Et à chaque fois - bien que dans des exercices différents - devant toutes les pointures comme la Juve, le Napoli, la Roma, la Lazio, l'AC Milan ou encore l'Inter. Mais elle n'a pas flambé qu'en Italie. En Europe aussi.
Demandez par exemple au PSG, passé à une minute de l'élimination en quart de finale de la Ligue des champions lors du "Final 8" (à cause du Covid-19) de 2020 à Lisbonne. Ou plus récemment à Liverpool et Jürgen Klopp, giflés à Anfield (0-3) le 11 avril en quart de finale aller de la Ligue Europa, avant de se faire éliminer la semaine suivante malgré une victoire (0-1) en Lombardie. "Nous avons obtenu cette fantastique qualification grâce à une performance incroyable, en montrant l'unité de l'équipe et l'envie d'atteindre l'objectif, se félicitait Gasperini. Je suis vraiment fier et heureux pour ces joueurs, car lorsqu'une équipe se comporte de la sorte, cela signifie qu'un bon travail a été accompli. Et cela signifie qu'avant d'être d'excellents joueurs, ils sont des personnes très dignes de confiance. Je suis donc doublement heureux." Le lendemain, la plupart des médias italiens salueront une performance "historique" des Nerazzurri. Une de plus.

Changement de propriétaire, pas de projet

En course pour une place en Ligue des champions en Serie A, l'Atalanta s'est qualifiée pour le troisième finale de Coupe d'Italie de son histoire en renversant la Fiorentina (4-1) mercredi en demi-finale retour (0-1 à l'aller). Rendez-vous le 15 mai prochain au Stadio Olimpico de Rome, où elle retrouvera la Juventus pour une revanche de la finale perdue (2-1) en 2021. Sept jours plus tard, celle de Ligue Europa est également au programme. Et la Dea compte bien y être, à condition, évidemment, de se défaire de l'OM avant. Deux finales en une semaine, ce serait du jamais-vu à Bergame. "Je pense que c'est dans l'ADN de ce club, confiait Tullio Gritti, adjoint de Gasperini, après la victoire face à la Fiorentina en Coupe d'Italie. Nous ne nous fixons jamais un seul objectif. Nous sommes encore en course sur trois tableaux. Les joueurs sont exceptionnels, on pense toujours qu'ils font le maximum et puis, le match d'après, ils font encore mieux."
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L'Atalanta célèbre sa victoire face à Liverpool

Crédit: Getty Images

Les saisons ont beau défiler, les joueurs aussi, ce club fondé en 1907 parvient toujours à maintenir ses performances ces dernières saisons. Qu'on se le dise, le fleuve n'a pas été toujours tranquille. Giovanni Sartori, dirigeant émérite et fondamental dans la construction du projet, a fait ses valises en mai 2022 pour rejoindre Bologne, où il fait d'ailleurs tout aussi bien. La faute, notamment, à une relation devenue exécrable avec Gian Piero Gasperini. L'effectif aussi a bien changé, provoquant logiquement une baisse de régime (8e en 2021-2022, 5e en 2022-2023) et des réajustements permanents.
"Le football de Gasperini demande du temps, les recrues ont toujours un certain temps d'adaptation", constatait le milieu de terrain et capitaine Marten De Roon au micro de Sky Italia. Et même à la tête du club, ce n'est plus vraiment la même chose. Le 19 février, l'Atalanta passait majoritairement entre les mains d'un groupe d'investisseurs mené par l'Américain Stephen Pagliuca, co-propriétaire de l'équipe de NBA des Boston Celtics et co-président du fonds américain Bain Capital, le club ayant été estimé plus ou moins à 430 millions d'euros pour son total.
Faire grandir notre équipe
La famille Percassi est restée avec 45% des parts. Antonio Percassi et Luca Percassi ont ainsi conservé leur rôle de président et administrateur délégué. Stephen Pagliuca, lui, a été nommé co-président. Cette arrivée, qui n'a rien changé au projet mis en place, a toutefois permis d'apporter un souffle nouveau et de nouvelles liquidités, dans le but de faire passer un cap à tout un environnement. Une partie du Gewiss Stadium, l'enceinte de l'Atalanta, est actuellement en rénovation. Et sur le mercato, après avoir encaissé plus de 200 millions d'euros de ventes ces dernières années, les grosses dépenses ne sont plus prohibées. L'été dernier, Gianluca Scamacca a débarqué pour 25 millions d'euros (plus bonus). El Bilal Touré pour une trentaine. Prêté par l'AC Milan, Charles De Ketelaere va signer définitivement pour plus de 20 millions d'euros.
"Nous avons saisi cette opportunité de vendre avec ma famille, dans le but de faire grandir notre équipe en choisissant de rester lié au Club, qu'en plus de dix ans nous avons amené à des résultats que peut-être personne n'aurait attendus d'une équipe provinciale, réagissait Antonio Percassi au moment de la vente. L'Atalanta, dans les rangs de laquelle j'ai joué dans les années 1960, est dans mon cœur ainsi que dans le cœur de milliers de fans qui la soutiennent. De grands défis nous attendent et ma conviction est que des partenariats avec des investisseurs aussi prestigieux ne feront qu'accélérer notre trajectoire de croissance."

"Il ne manque plus qu'une coupe"

"Nous pensons que la famille Percassi a construit des bases très solides sur lesquelles travailler ensemble pour un renforcement mondial de la marque, dans le but d'encourager une plus grande diversification et une croissance des revenus, permettant au club de devenir de plus en plus compétitif à l'échelle italienne et internationale", se félicitait quant à lui Stephen Pagliuca à l'époque. Manque plus que la cerise sur le gâteau. Ou plutôt le trophée sur le projet.
"C'est ce qu'il manque terriblement, pouvait-on lire dans les colonnes de La Gazzetta dello Sport jeudi. Tout le reste, l'Atalanta l'a fait : battre n'importe qui, Liverpool inclus ; construire des champions pour les vendre et s'en acheter des autres ; jouer un football emballant et convaincant ; acquérir une considération inimaginable, même au niveau international. Il ne manque plus qu'un trophée (...) Qui sait si cette fois, c'est la bonne. En Coupe d'Italie ou, pourquoi pas, en Ligue Europa." Ou alors les deux à la fois ? "Nous, on veut tout simplement gagner. Si on a battu Liverpool, on peut battre n'importe qui", s'enthousiasmait De Roon cette semaine. L'OM est prévenu.
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Gian Piero Gasperini, Atalanta, Serie A 2023-24

Crédit: Getty Images

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