Valenciennes s'offre l'OM

Fin du premier quart d'heure. But de Morientes, construction parfaite, action d'école. Marseille ouvre la marque et on peut alors penser que l'OM va dérouler, que ce jeu léché va continuer à mettre en difficulté VA pour une victoire alors promise aux Olympiens. La relance de Gabriel Heinze à destination de Lucho Gonzalez est parfaite. L'Argentin peut servir Brandao qui décale pour Fernando Morientes. C'est dedans et c'est édifiant de limpidité (0-1, 13e). Les Phocéens attaquant de cette manière, avec tant de justesse et de rapidité d'exécution, ressemblent à des champions en puissance. A condition de savoir le faire plus d'une fois. Cette réalisation de l'Espagnol aura été le seul moment du match où l'OM a joué exactement comme Deschamps l'aurait espéré. Car à la fin de la rencontre, les trois points sont allés dans l'escarcelle de Valenciennes.

Doubler la mise dans la foulée de ce déblocage du compteur, cela aurait certainement permis de sceller le sort de cette opposition. Mais c'est en fait l'équipe du Hainaut qui va faire trembler les filets dans les dix minutes qui suivent. Steve Mandanda est surpris de la reprise de Rafael Schmitz sur un corner de Rudy Mater. Il relâche le cuir et Milan Bisevac le catapulte dans le but (1-1, 21e). Le VAFC n'a pas sombré et relance alors la rencontre. Mais l'équipe de Philippe Montanier relâche son attention et va encaisser sur l'action suivante un but très similaire à celui du Serbe. Centre de Benoît Cheyrou et tête de Fernando Morientes. Guy Rolland N'Dy Assembé ne peut capter la balle et Mamadou Niang la récupère pour marquer dans le but vide (1-2, 22e). Tout est à refaire. Si revenir au score contre l'Olympique de Marseille, alors invaincu à l'extérieur en L1 depuis 11 matches, est un joli fait d'arme, le réaliser deux fois serait une réelle performance.

Habituellement fébrile dans son enceinte, l'équipe nordiste va pourtant réussir cet exploit. Dans de très bonnes dispositions, Audel centre dans la surface phocéenne dans une zone où deux hommes sont aux prises : Cyril Rool et David Ducourtioux. Sans doute poussé par son public, le latéral de métier, cette fois-ci positionné en tant qu'ailier, se jette et place une tête plongeante qui trompe Steve Mandanda (2-2, 29e). Les auteurs des deux buts valenciennois sont deux joueurs peu habitués à marquer, et qui permettent à VA de se relancer sur deux actions a priori anodines. Deux phases de jeu où la défense olympienne fait preuve d'errements inquiétants. Le mercato d'été de l'OM annonçait une saison où l'arrière-garde allait être destinée à ne jamais poser problème, mais à Nungesser, les défenseurs de Didier Deschamps livrent une première période brouillonne. Le d'ordinaire très régulier Souleymane Diawara ne parvient pas à diriger avec rigueur ses coéquipiers, et Gabriel Heinze ne réussit pas à tout faire seul.

Le mot d'ordre au retour des vestiaires est donc la remobilisation pour le camp marseillais. Et cela marche pendant plus d'une demi-heure. L'OM redevient dangereux, et le sera encore plus après la sortie de Fernando Morientes. L'Espagnol aura été décisif en début de match mais ne peut évoluer à son meilleur niveau pendant quatre-vingt-dix minutes. Deschamps réorganise ainsi son équipe en 4-4-2 et cette formation permet à Lucho Gonzalez de se montrer plus dangereux. Une tête d'Edouard Cissé est toute proche de trouver le cadre (62e), l'Argentin frappe lourdement sur N'Dy Assembé mais sans le surprendre (63e). Les Marseillais insistent et Mamadou Niang est tout proche de trouver la faille quand il essaye de cadrer sa tête face à un portier adverse un peu débordé (70e). Didier Deschamps, sans vouloir le sanctionner mais plutôt pour rechercher le coup d'éclat d'un joueur imprévisible, tente la carte Hatem Ben Arfa.

L'entrée de l'ancien Lyonnais, censée permettre à l'OM de remporter ce match, ne change absolument pas la physionomie de la rencontre. Et c'est finalement Valenciennes qui marque ce but tant recherché. Sur un coup franc de Renaud Cohade, Rafael Schmitz place une tête parfaite, pour un ballon mis hors de portée de Steve Mandanda, battu pour la troisième fois (3-2, 84e). Les derniers instants sont olympiens, lesquels cherchent à passer la défense nordiste via la solution dribble. De nombreux coups francs sont alors sifflés mais aucun d'eux ne peut accoucher d'une occasion sérieuse. Et au coup de sifflet final, Nungesser peut exulter, avec une troisième victoire en quatre matches, pour 10 points acquis récemment sur 12 possibles. Un total loin d'être immérité, car VA joue bien et a su hausser son niveau face à un OM étouffé. Marseille pouvait prendre la tête provisoire de la L1 en cas de succès. Mais quitter le Nord avec la première défaite en championnat de Didier Deschamps dans le costume d'entraîneur de l'équipe phocéenne. Pas l'idéal avant de se déplacer, mercredi, à Madrid.

"On n'imaginait pas un tel scénario. On a été menés deux fois au score. Contre une grosse équipe, c'est difficile de revenir et surtout de l'emporter. C'est une joie immense. Enfin on s'impose à la maison ! Contre Marseille, un prétendant au titre, une équipe qui n'avait pas encore perdu, c'est superbe. On fait partie des équipes qui frappent le plus aux buts, on bosse pour essayer de les mettre au fond. On a été réaliste comme à Sochaux (5-2). Le travail paye. Défensivement, on a été costauds. Dans le jeu, on n'a pas trop subi sauf sur la fin parce qu'ils ont poussé. On a répondu présent dans les duels, partout."