Lucho laisse des regrets

Tout le monde s’y attendait. Et pourtant, le départ de Lucho n’a pas laissé insensible ses partenaires. Le vestiaire olympien a été ému par ses adieux. "Je suis déçu que Lucho nous quitte, indique ainsi Steve Mandanda. Bien sûr, ça fait un petit moment que son départ était dans l’air. Il y avait des bruits de couloirs. Mais on ne l’a su officiellement que lundi. Il nous a annoncé son départ dans les vestiaires. Et il nous salués un à un." Perçu de l’extérieur comme un joueur peu impliqué dans la vie du groupe, Lucho laissera finalement une empreinte bien différente en interne. "Par sa présence et sa bonne humeur, Lucho était quelqu’un d’important à l’OM, poursuit le capitaine marseillais. C’est un grand joueur mais surtout un grand Monsieur. Lucho était très apprécié au sein du groupe. Sur le plan sportif et humain, c’est une personne qui va nous manquer. C’est une grosse perte."

Estimé par l’ensemble du vestiaire, Lucho avait aussi réussi à charmer les supporters. Son côté rebelle et ses nombreux tatouages ainsi que ses origines sud-américaines lui avait permis de s’attirer la sympathie des fans. Les Winners, un des groupes les plus influents du stade Vélodrome, avait même confectionné une immense bâche à son effigie. El Commandante y était représenté la main sur le front et le regard fixé au loin. C’était sa manière de célébrer ses buts. Si la première année fut celle des louanges, la seconde fut beaucoup plus difficile. Ses performances en dent de scie ont finalement poussé le public à lui tourner le dos. Fini les chants à son nom avant chaque coup de pied arrêté. Les sifflets accompagnaient désormais ses sorties et ses entrées sur le terrain. Mais dans ce contexte difficile, Lucho ne s’en est jamais pris au public. "Il a toujours eu un bon état d’état d’esprit, confirme Mandanda. Et puis il a toujours essayé d’apporter le maximum. On n’a jamais rien eu à lui reprocher. C’était toujours le premier arrivé et souvent le dernier parti. Jamais un retard. Un vrai pro."

Didier Deschamps est également très touché par le départ de Lucho. Car l’entraîneur marseillais était à l’origine de sa venue à Marseille. Et DD a toujours défendu "son" joueur. "Il a participé à l’aventure collective qui a permis au club de gagner cinq titres, note le coach marseillais. Mais on se rappelle plus son niveau de forme de ces derniers mois…" Désabusé, l’entraîneur olympien a finalement cédé. Il devait se résoudre à vendre Lucho. "Si je m’étais opposé à son départ, il serait parti quand même, avoue-t-il. La logique économique a pris le pas sur la logique sportive. Mais c’est toujours le cas. C’est la volonté du club de faire baisser la masse salariale. Je ne me vois pas aller à l’encontre des intérêts de mon employeur…" Pourtant, une pointe d’amertume transparait chez Deschamps. "Je n’ai pas de regrets, se défend-il timidement. Je ne suis pas là pour étaler mes sentiments devant vous."

L’OM perd Lucho à une période délicate. Car seul Charles Kaboré est revenu de la CAN. Il est dans le groupe pour affronter Nice ce soir en demi-finale de la Coupe de la Ligue. Au contraire de Diawara, pas encore de retour à Marseille. Quant aux deux frères Ayew, ils poursuivent toujours leur aventure avec le Ghana. La CAN handicape donc encore Marseille. La blessure de Stéphane Mbia aussi. Le mercato pouvait-il être l’occasion de pallier ces absences ? "Mon effectif est réduit, confirme DD. Mais je n’attendais rien de particulier du mercato. On n’a pas de capacité d’investissement. On fait des économies. Un joueur du type de Lucho est maintenant inaccessible pour nous…" Pourtant, Porto a annoncé avoir réalisé l'opération "à coût zéro" pour un joueur qu'il avait vendu 18 millions d'euros, l'OM lui devant encore quelques traites. C’est peut-être le constat le plus douloureux pour Deschamps…