Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Roquette, la voix du LOSC

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/10/2011 à 15:49 GMT+2

Avant Lille-Lyon, dimanche, Anne-Sophie Roquette recevra le Micro d'Or 2011 qui récompense le meilleur animateur de stade de Ligue 1. Voix du LOSC depuis plus de vingt ans, elle revient pour nous sur ses années lilloises et nous livre son regard sur l'évolution du public des Dogues.

FOOTBALL 2011 Lille - Roquette

Crédit: From Official Website

ANNE-SOPHIE ROQUETTE, que représente pour vous ce Micro d'Or, votre troisième après ceux de 1999 et 2001 ?
A.-S. R. : C'est symbolique mais les récompenses font toujours plaisir. A titre personnel, je vous avoue que j'aurais préféré que le public lillois soit élu meilleur public de France plutôt que moi meilleur speaker de Ligue 1. J'aime ce public. Je les trouve super avec un bon comportement. Ils sont géniaux, ils sont festifs. On se sent vraiment bien avec eux.
Depuis vos débuts en 1989, quel est votre meilleur souvenir ?
A.-S. R. : Evidemment, il y a les plus récents avec le doublé Coupe-championnat. Ça fait longtemps que j'en rêvais. Merci Rudi et tout le staff de l'avoir fait. Mais j'ai plein de souvenirs... Par exemple le match retour contre Parme pour se qualifier en Ligue des champions. On avait gagné le match aller mais on était super tendus au retour. On venait de remonter de Ligue 2. C'était notre premier pied en Coupe d'Europe. Ensuite, il y a eu l'épopée Stade de France, Bollaert en Ligue des Champions... La descente en Ligue 2 m'a aussi marqué parce qu'on avait mis la radio dans le stade. On écoutait ce que faisait Saint-Etienne. Il y a eu l'envahissement de la pelouse par le public à la fin du match. Je m'attendais à une mauvaise réaction et ils ont tous applaudi le président de l'époque, M. Bernard Lecomte, pour le remercier du boulot qu'il faisait au sein du club. J'ai des centaines de milliers de souvenirs avec ce club. Il occupe une bonne partie de ma vie !
Aujourd'hui, l'ambiance doit être exceptionnelle ?
A.-S. R. : Depuis que le LOSC a fait le doublé, on n'a jamais eu autant de supporters. D'ailleurs, ça me fait parfois rire. Je rencontre des gens qui me disent qu'ils sont supporters du LOSC depuis toujours mais je ne les ai jamais croisés aux matches auparavant. Mais c'est humain. Le fils de ma meilleure amie est supporter de l'Olympique Lyonnais, alors qu'il habite près de Lille, parce que Lyon a été champion de France sept fois d'affilée. Ils vont plus vers l'équipe qui gagne. Avec le titre de l'année dernière, ça change. Le gamin vient voir Lille-Lyon dimanche et il est un peu moins Lyonnais. Sa mère me dit qu'il s'intéresse beaucoup plus au LOSC depuis le doublé. Il est derrière l'équipe et il est content lorsque le LOSC gagne. Il y a un engouement lié aux résultats.
Souffrez-vous de la comparaison avec le public du voisin lensois ?
A.-S. R. : Moi, je ne souffre pas de la comparaison puisqu'on a un public différent. Pour moi, on ne peut pas faire de comparaison. Le public lensois, au même titre que celui de Saint-Etienne ou Marseille, il y a cette mentalité de terre de football. Même si Marseille est une grande ville mais c'est un cas à part. A Lille, il y avait un noyau de fidèles et on s'est découvert sur le tard cette passion pour le football grâce aux résultats de l'équipe.
Au fil des années, avez-vous vu le public changer ?
A.-S. R. : Il y a eu du changement, évidemment, mais pas tant que ça. Quand un club a des résultats, on n'a jamais autant de supporters. Mais ça n'est pas un mal. Au contraire, ça permet d'agrandir le public. Aujourd'hui, il est beaucoup plus familial. On voit beaucoup plus de papas et de mamans avec leurs petits. Mais je pense que c'est aussi une évolution du football moderne. Ça n'est pas seulement lié aux résultats du club, c'est aussi lié à l'évolution des mentalités vis-à-vis du football qui attire notamment beaucoup plus les femmes. Il y en a beaucoup plus dans les tribunes mais ça ne date pas d'aujourd'hui. Je ne peux pas vous dire que c'est lié au doublé. On n'a pas attendu 1998 pour s'adresser aux femmes. Si je suis arrivé sur le terrain, c'est pour ça. C'est parce que le président (Jacques Dewailly, ndlr) voulait faire comprendre aux femmes que le football était aussi une discipline pour elles. Donc ça date de la saison 1989-1990. Ça fait un bail.
Depuis, le club a fait du chemin...
A.-S. R. : Si vous avez connu Grimonprez-Jooris, on avait un noyau de fidèles de 5000 à 6000 supporters, même si on a eu parfois des affluences moindres sur certains matches. A l'époque où on perdait tous nos matches 1-0, lorsque vous sortiez du stade, vous tombiez sur des abonnés qui vous disaient : "moi, je vais déchirer ma carte. Je ne viendrai plus". Même si on les revoyait l'année suivante... Ensuite, je pense que la descente en Ligue 2 nous a aidés à reconstituer un public plus large eu égard à nos résultats. La première saison, on loupe la montée de peu. La dernière, on fait une remontée fantastique. Puis le fait de jouer la Coupe d'Europe pratiquement tous les ans, les gens se sont plus intéressés au LOSC. Aujourd'hui, grâce au cadeau que nous ont fait le staff et les joueurs avec le titre de champion et le Coupe de France l'an dernier, il y a de nouvelles personnes qui viennent nous voir jouer. Les médias y sont aussi pour beaucoup. Quand on entend partout que le LOSC joue un des plus beaux footballs, il y a des curieux que veulent venir voir. Des gens qui ne se sont pas forcément passionnés de football mais qui se prennent au jeu.
Face à l'Inter Milan, mardi, on a toutefois entendu une partie des ultras se plaindre du manque d'ambiance. Est-ce un public difficile ?
A.-S. R. : Les DVE râlaient un peu contre les autres supporters qui n'encourageaient pas assez l'équipe à leur avis. Mais je pense qu'ils sont un peu durs. Tout le monde ne peut pas être comme eux. C'est dommage. Mais on a un public qui est à l'image de son équipe. Quand elle est tendue, le public est très tendu. Même lorsque l'on mène 1-0, je les trouve encore très tendus. Il faut vraiment que l'on soit à 2-0 pour la quasi-totalité du stade soit derrière son équipe. C'est mon ressenti. Mais je ne dirai pas que c'est un public difficile. Moi, c'est un public que j'aime. Pour moi, c'est un peu ma famille. Je leur tire un grand coup de chapeau pour ceux et celles qui font les déplacements. Je trouve qu'on a un public formidable. Evidemment, il pourrait mieux faire. Mais je trouve qu'on a un public génial.
A une époque, ces ultras étaient peu fréquentables. Eux aussi ont beaucoup changé...
A.-S. R. : On nous les a tués, on les a décriés, ils n'ont pas toujours eu des comportements très valorisants pour l'image du club, mais je trouve qu'ils sont exemplaire depuis quelques années. De par leur motivation, leur soutien, par tout ce qu'ils font... A cette époque, si je ne les avais pas eus dans l'enceinte de Grimonprez-Jooris, je ne serais peut-être plus l'animatrice du LOSC aujourd'hui car ils étaient vraiment les seuls avec lesquels je pouvais jouer, faire chanter. Il n'y avait personne d'autre qui le faisait. Parfois ils s'époumonent pendant 90 minutes et on ne les entend pas chanter. Le Stadium ne s'y prête pas. J'ai justement hâte qu'on soit dans le nouveau stade. Ça fera vraiment caisse de résonance.
Vous devez être impatiente d'être au micro dans ce nouveau stade ?
A.-S. R. : (Rires) Si vous saviez ! Depuis tout ces siècles que j'attends ! J'ai encore un petit fascicule distribué sur les sièges des supporters dans les années 1990-1991 où on voyait des élus de la ville de Lille nous disaient : "Ça y est, le LOSC va avoir son nouveau stade, les travaux vont commencer"... Ça fait 20 ans que je l'attends donc c'est sûr que j'ai hâte d'y être. Je passe devant tous les jours pour aller bosser. Quand je passe, je peux vous dire que j'ai le sourire qui touche les oreilles. Le voir pousser, voir le toit posé en une journée, c'est exceptionnel. Et puis, si je suis LOSC, je pense aussi à la Métropole. Ça va être un super outil. Que l'on aime ou pas, des gens comme Johnny ou Céline Dion, quand ils feront des concerts, c'est là qu'ils vont pouvoir venir.
Vous pensez que le LOSC pourra remplir les 50.000 places ?
A.-S. R. : A l'inverse des personnes qui disent qu'on n'y arrivera jamais, je suis convaincue du contraire. Je suis persuadé qu'on arrivera à le remplir. Déjà parce que les conditions d'accueil seront exceptionnelles. Je pense qu'il y aura forcément plus de personnes qui viendront parce qu'elles seront dans un stade où les conditions d'accueil seront meilleures. Je ne dénigre pas le Stadium parce que, si on ne l'avait pas, je ne sais pas où on jouerait... Mais ce sera une enceinte complètement différente. Il y aura un phénomène de curiosité. Et si on continue de pratiquer ce football, on arrivera à le remplir par les résultats. Ce sera un stade exceptionnel.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité