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"Un appel au marché"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 13/10/2011 à 20:21 GMT+2

Vincent Chaudel, économiste du sport, décrypte le message de Margarita Louis-Dreyfus quant à une éventuelle vente de l'OM. Jeudi, l'actionnaire majoritaire du club marseillais a tenu un discours rassurant. Qui ne ferme pas la porte à une ouverture du capital.

Margarita Louis Dreyfus Didier Deschamps Vincent Labrune

Crédit: Eurosport

LE DOUBLE MESSAGE DE MARGARITA
"Je suis libre de vendre demain." La bombe médiatique lâchée par Margarita Louis-Dreyfus dans les colonnes du Monde est une parole de gestionnaire. "Elle a un patrimoine à gérer et à transmettre à ses fils", nous explique Vincent Chaudel, économiste du sport, expert au sein du cabinet Kurt Salmon, qui co-produit chaque année l'étude Football professionnel, finances et perspectives. Fidèle à la mémoire de son mari, elle répète à l'envi son attachement pour l'OM. Elle l'a d'ailleurs rappelé jeudi, à l'issue d'une rencontre à huis clos avec les joueurs et le staff du club. "Je n'ai pas envie de vendre le club, a confié MLD au site au club phocéen. J'aime l'OM et la ville de Marseille. J'espère rester ici encore longtemps." Mais les bons sentiments ne résisteront pas à la réalité économique : RLD a déjà suffisamment dépensé d'argent à Marseille pour que MLD veuille stopper l'hémorragie. "Dans cette optique, elle a voulu créer un électrochoc pour mettre la pression sur les joueurs et enrayer les mauvais résultats du club. Mais elle a surtout adressé un message au marché financier. Entre les lignes, on comprend qu'elle est disposée à ouvrir le capital du club."
LE POIDS DE LA C1
L'équilibre, fragile, des finances de l'OM repose essentiellement sur la Ligue des champions. "Sans elle, le manque à gagner serait d'environ 20 millions d'euros", souligne Chaudel. Le pâle début de saison marseillais sème le doute sur cette stratégie. MLD a dû réinjecter une somme oscillant autour de 50 millions lors des deux dernières intersaisons. Une non-participation à la C1 l'obligerait à remettre la main au portefeuille. "Et Margarita Louis-Dreyfus n'en a clairement pas envie. L'apport d'argent frais lui permettrait à court terme de diminuer la facture tout en assumant une éventuelle perte liée à une non-participation à la Ligue des champions."
LA PORTE EST OUVERTE
"L'OM a beau rester une pépite du championnat de France, y investir n'est pas rentable sur le court terme. Il ne faut pas en attendre des retombées immédiates." Aux yeux de Vincent Chaudel, "quand on prend des parts dans le capital de l'OM, on achète avant tout l'image d'un club éminemment populaire." Depuis 1996, Robert Louis-Dreyfus a lâché plus de 200 millions d'euros à Marseille. Son épouse est aujourd'hui à la tête d'une fortune estimée à 300 millions d'euros. Autrement dit, le poids de l'OM dans le patrimoine familial est plus considérable qu'on l'imagine. Voilà pourquoi elle ne peut pas se permettre de brader un actif qui pèse aussi lourd. "Il n'est jamais bon de vendre un club dans l'urgence", insiste Vincent Chaudel. La crise économique, qui frappe également le foot, n'offre pas un climat propice à une vente immédiate. "Pour Margarita Louis-Dreyfus, il est plus judicieux de procéder à un décalage de trésorerie en ouvrant la porte à un investisseur. C'est une manière, à court terme, de réduire la facture et de préparer sa sortie en négociant, par exemple, une possible reprise dans trois-quatre ans." Le temps de rénover le Vélodrome.
LE VÉLODROME, UNE ÉPINE DANS LE PIED
Dans l'optique de l'Euro 2016, le Stade Vélodrome a entamé une rénovation. Et elle est coûteuse : 267 millions d'euros, payés par un contrat de partenariat public-privé. A l'horizon 2014, l'enceinte du Boulevard Michelet pourra accueillir 67000 spectateurs. En attendant, l'OM doit apprendre à vivre avec "un manque à gagner qui accentue sa Champions League dépendance". Ces travaux constituent un gouffre pour les finances du club phocéen, dont les recettes billetterie seront amputées de 8 millions d'euros par saison. "Mais même si l'OM se qualifie en fin de saison, il va devoir repenser son business-model. Lyon a su recentrer le sien en misant davantage sur la formation et en limitant sa masse salariale."
PLUTÔT 50 MILLIONS QUE 150
Le contexte économique mondial n'est clairement pas favorable à une vente de l'OM "demain". Cet été, celles du PSG et de la Roma se sont négociées respectivement à 50 et 70 millions d'euros. "A ce prix-là, Margarita Louis-Dreyfus ne sera probablement pas vendeuse, prédit Chaudel. Ce qui est important pour elle, c'est de rentrer dans ses frais. De récupérer ce qui a été investi. Honnêtement, ça paraît impensable." Impensable que l'éventuelle vente de l'OM se solde par un chèque à trois chiffres. "Un club a une valeur intrinsèque, mais dépend aussi des fluctuations du marché. De l'offre et de la demande." Par les temps qui courent, MLD n'est sans doute pas en position de force.
TROUVER LA PERLE RARE
Pour Chaudel, "les potentiels investisseurs sont essentiellement là où on trouve des milliardaires fans de football : en Asie, en Russie, et dans les pays du Golfe, comme le Qatar. L'Inde a aussi des moyens économiques assez considérables, mais ce pays ne s'intéresse pas suffisamment au foot pour y investir massivement". Dans tous les cas, il faut "vérifier la santé financière de l'acquéreur". Le fantôme de Jack Kachkar plane encore sur Marseille. "Cet épisode a prouvé qu'il ne fallait faut pas vendre à n'importe qui." En 2007, ce mystérieux homme d’affaires canadien devait racheter le club phocéen pour 110 millions d'euros. Il avait roulé RLD dans la farine. MLD a certainement retenu la leçon.
QUATRE JOUEURS "BANKABLES"
Si l'OM reste aux portes de la C1 en fin de saison, il pourra toujours revendre ses meilleurs joueurs pour renflouer ses caisses. "Ce serait une erreur stratégique, puisque cela se ferait forcément au détriment de la compétitivité sportive, coupe Chaudel. Elle tirerait le business-model de l'OM vers le bas. Et à terme, ça l'obligerait forcément à remettre la main à la poche." La valeur marchande de l’effectif olympien est estimée à environ 149,25 M€ par le site de référence allemand Transfermarkt, quand celle du PSG atteint les 190,5 M€ et celle de Lyon flirte avec les 157 M€. Seuls les départs de Steve Mandanda (18 M€), Stéphane M’Bia (15,5 M€), Loïc Rémy (15 M€), André Ayew (10 M€) seraient susceptibles de renflouer significativement les caisses olympiennes.
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