Lyon-Nice (4-0, 1re journée) : Le soir où Gourcuff a allumé Gerland

Depuis son arrivée, lors de l'été 2010, Yoann Gourcuff a souvent fait l'unanimité au stade de Gerland. Mais c'était la plupart du temps contre lui. Avec, par ordre d'apparition, une avant-dernière passe décisive, deux caviars et un coup-franc lumineux en pleine lucarne, le numéro 8 a conquis les supporters lyonnais, samedi contre Nice (1-0). Une soirée d'autant plus exceptionnelle que l'intéressé s'est arrêté ensuite quelques instants pour répondre aux journalistes, où il s'est montré moins débridé, prenant simplement le temps de vanter le collectif sans jamais accepter d'évoquer son cas personnel : "Je me concentre sur le football, sur les entraînements, le reste ne m'intéresse pas", s'est-il ainsi contenté de répondre en souriant quand lui a été soumis une question sur son avenir. Sur Canal+, il a été plus inspiré. Enfin, presque. "Le mercato n’est pas fini, il peut se passer beaucoup de choses." Soit.

Gourcuff a été plus brillant sur le terrain et c'est encore la meilleur nouvelle pour lui. Remplaçant pendant toute la préparation de l'OL, il a réintégré le onze de départ de Rémi Garde à la faveur de deux prestations médiocres de Gaël Danic face aux Grasshoppers Zurich. Aligné à gauche d'un 4-2-3-1, l'ancien Bordelais avait pour mission de permettre à son équipe de gagner en conservation de balle : "L'idée avec Yoann à gauche, c'était de renforcer la tenue de ballon dans un milieu de terrain inédit, explique Rémi Garde. Il a encore une fois donné satisfaction." Sans prendre beaucoup de risque, Gourcuff a dans un premier temps beaucoup cherché à toucher puis à donner le ballon à quelques mètres. "Il a aussi fait un gros boulot défensif", ajoute Gueïda Fofana.

C'est ensuite qu'il s'est libéré et a su monter en puissance au fur et à mesure de la rencontre. Au final, avec 67 ballons touchés, il aura été derrière Henri Bedimo (73) le lyonnais le plus sollicité. Mais c'est surtout sa relation technique avec Clément Grenier qui a sauté aux yeux : "Pendant les temps faibles, avoir des joueurs comme eux deux capables de mettre le pied sur le ballon, de priver l'adversaire de ballon, c'est très important", témoigne Henri Bedimo. Peut-être mais ce n'est pas suffisant. A ce poste, il faut aussi être décisif. Ce que Gourcuff a su faire.

Après une longue course suivie d'un centre du gauche déposé sur la tête victorieuse de Grenier sur le deuxième but, il a su faire parler sa vision du jeu pour lancer très vite Lacazette dans la profondeur sur l'action du troisième but. Avant, cerise sur le gâteau, de clore lui-même la marque d'un merveilleux coup-franc enroulé en pleine lucarne que n'aurait pas renié un certain Platini. "Sur le banc, j'ai annoncé qu'il allait faire 'filoche', témoigne Clément Grenier, visiblement enthousiasmé par la prestation de son aîné. On attendait beaucoup de 'Yo'. En ce moment, on le laisse un peu tranquille et il prouve que ses qualités n'ont pas disparu. Nous, on le sait tous. Il  a retrouvé la confiance, le plaisir, il a faim de ballon et cela se voit sur le terrain. J'espère qu'il va continuer à nous apporter, on espère qu'il restera."