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OL - OM (2-2), analyste tactique : Avec Anigo, l'OM redécouvre le 4-3-3

Florent Toniutti

Mis à jour 16/12/2013 à 11:13 GMT+1

Si l'OM n'a pas vraiment convaincu, l'analyse tactique montre que le 4-3-3 qui a permis d'arracher le nul en fin de match peut être une bonne base pour José Anigo.

FOOTBALL 2013 Lyon-Marseille (Anigo)

Crédit: Panoramic

L’un voulait remonter au classement, l’autre souhaitait se relancer. Finalement, personne n’a réellement avancé hier au Stade Gerland. Dominateur pendant la majeure partie de la rencontre, l’OL a affiché un beau visage mais a laissé filer deux points. Complètement dépassé pendant une heure, l’OM s’en est sorti miraculeusement mais ne semble pas avoir subi le moindre "électrochoc" après l’éviction d’Elie Baup, même si le passage en fin de match au 4-3-3 (dont son prédécesseur n'était pas un grand fan) a porté ses fruits.
Aucune surprise à signaler au coup d’envoi, d’un côté comme de l’autre. Après la parenthèse à trois derrière face au PSG, l’OL est revenu à son nouveau classique : le 4-4-2 en losange. Petit ajustement toutefois, c’est Gourcuff qui a débuté en soutien des deux attaquants, Grenier évoluant un cran plus bas aux côtés de Fofana (Vercoutre – Miguel Lopes, Bisevac, Umtiti, Bedimo – Gonalons – Fofana, Grenier – Gourcuff – Lacazette, Gomis). Côté marseillais, la révolution attendra : le 4-2-3-1 d’Elie Baup était toujours en place hier soir. Valbuena absent, c’est Thauvin qui s’est retrouvé en soutien de Gignac. J.Ayew en a profité pour récupérer le poste côté droit (Mandanda – Fanni, Nkoulou, Diawara, Mendy – Lémina, Cheyrou – J.Ayew, Thauvin, Payet – Gignac).
Surnombre et première passe : 
Avant même le coup d’envoi, l’OL gagnait naturellement la bataille du nombre dans l’entrejeu face aux milieux de terrain marseillais grâce à son losange. Et les premières minutes de la partie ont confirmé cette hypothèse, Gourcuff étant "l’homme en plus"  dans ce combat. Constamment disponible, l’ancien Bordelais a totalement "défait" le travail de pressing qu’auraient pu accomplir Cheyrou ou Lemina sur Grenier et Fofana. Sur ce point, les milieux marseillais n’ont pas été aidés par la passivité de leur première ligne (Gignac, Thauvin) et de leurs partenaires excentrés (Payet, Ayew). Associés aux avant-postes, Gignac et Thauvin ont trop "laissé faire" : en se positionnant à hauteur de Gonalons, les deux hommes n’exerçaient aucune pression (ou trop peu) sur Bisevac ou Umtiti. Ces derniers ont hérité du travail de relance et ont bénéficié à la fois d’espaces pour avancer dans le terrain mais aussi de temps pour que les solutions viennent à eux.
Axial droit et axial gauche, Bisevac et Umtiti avaient trois solutions courtes devant eux : Miguel Lopes et Bedimo sur les extérieurs (marqués par Payet et Ayew sur le papier), Grenier et Fofana à l’intérieur (Cheyrou et Lémina)… et Gourcuff qui était donc au coeur des problèmes marseillais en début de partie. Son positionnement obligeait les milieux phocéens à s’adapter, soit en concédant des espaces à Grenier et Fofana (en laissant décrocher le premier par exemple), soit en abandonnant la couverture des extérieurs pour mieux protéger l’axe. En bref, Gourcuff profitait des espaces ou ce sont ses partenaires qui en bénéficiaient grâce à ses remises ou ses déplacements. A plusieurs reprises, l’OL a notamment utilisé les renversements de jeu vers Bedimo ou Miguel Lopes afin de prendre à défaut des milieux marseillais regroupés dans l’axe.
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FOOTBALL 2013 Lyon - Marseille Blog tactique (OL en losange)

Crédit: Eurosport

Exploitation des intervalles : 
Entrait alors en scène les déplacements de Lacazette et Gomis, qui exploitaient les espaces laissés par les milieux marseillais ou attaquaient la profondeur afin de profiter des positions idéales de leurs milieux de terrain, voire de leurs défenseurs, pour les servir. Comme face à Nantes lors de la journée précédente, les Phocéens ont payé le positionnement haut de leur bloc (nécessité d’être compact pour compenser le surnombre adverse) et le manque d’agressivité de leur première ligne. Avant le premier but, consécutif à un bon appel de Fofana servi par un Grenier complètement libre dans l’entrejeu (1-0, Lacazette, 17e), Bisevac a alerté à plusieurs reprises Miguel Lopes, Gomis ou Lacazette dans le dos de Mendy. Les Lyonnais ont aussi profité des espaces abandonnés par l’OM dans les couloirs pour lancer des mouvements à trois (Bedimo, Gourcuff, Lacazette à gauche ; Fofana, Miguel Lopes, Gomis à droite).
Preuve que le mal de l’OM partait de sa tête, c’est lorsque Gignac, Thauvin (ou même Ayew) ont commencé à sortir au pressing sur Bisevac ou Umtiti en fin de première mi-temps que la rencontre a semblé s’équilibrer. Les Gones conservaient toutefois l’avantage de leur bonne assise défensive, qui leur a offert la possibilité d’avoir à la fois Lacazette et Gomis aux avant-postes. Auteur du deuxième but lyonnais, le second était d’ailleurs aussi à l’origine de celui-ci par une bonne remise qui a mis Fofana dans le sens du jeu (44e), lançant ensuite le mouvement vers Lacazette dans le rond central. Sur cette action comme sur beaucoup d’autres, c’est la défense marseillaise qui a fait preuve d’une grande passivité, laissant toujours beaucoup trop d’espaces à ses adversaires (Nkoulou souvent loin de l’attaquant notamment).
L’OL en place : 
Si l’OL a autant dominé l’OM pendant la majeure partie de la rencontre, c’est aussi grâce à un excellent travail défensif de la part de tous ces éléments. Ils ont d’abord mis une pression constante dans le camp marseillais lorsque le ballon y était perdu. Il faut dire que le losange encourage les joueurs à se rapprocher pour jouer court. Sur les ailes marseillaises, Payet et Ayew ont été très souvent contraints de revenir défendre face aux montées de Bedimo et Miguel Lopes. Sur jeu rapide, les Marseillais n’avaient donc que Thauvin et Gignac en point d’appui pour remonter les ballons. Le premier a été bien éteint par Gonalons et n’a eu aucun ballon de contre à jouer. Le second n’a lui que très peu pesé lorsqu’il était seul aux avant-postes face à Bisevac et Koné.
En phase défensive aussi, le losange lyonnais a été très efficace. Densité dans l’axe oblige, les Marseillais étaient encouragés à passer par les côtés pour approcher les buts de Vercoutre. La première passe partait donc vers les couloirs : des deux côtés du losange, Fofana et Grenier sortaient au pressing dans ces zones, généralement sur les latéraux adverses. Dans l’axe, Gonalons accompagnait le mouvement pour contrôler les mouvements de Thauvin à l’intérieur du losange. Et Gourcuff en faisait de même de sa position avancée afin de marquer le milieu marseillais le plus proche de l’action (Cheyrou à gauche, Lémina à droite). Sur les ailes, Bedimo et Miguel Lopes serraient le marquage sur Payet et Ayew, si bien que les Marseillais n’avaient aucune solution courte pour réellement tenir le ballon dans le camp lyonnais, et se retrouvaient rapidement sous la pression adverse.
Deuxième mi-temps : 
Les rares mouvements marseillais du premier acte se sont développés grâce aux dézonages de certains joueurs : Payet qui repique dans l’axe, Thauvin qui s’excentre pour quitter la zone de Gonalons ou encore Gignac qui va exploiter les espaces dans le dos des latéraux adverses (qui sortent de l’alignement défensif pour aller presser Payet et Ayew). Même s’il ne doit son but qu’à sa prise de risques (et à la faute de main de Vercoutre), c’est bien en allant chercher le ballon côté gauche que Gignac a récupéré la balle qu’il enverra au fond des filets (2-1, 45e). Après la pause, le match a repris sur les mêmes bases : l’OL a conservé l’ascendant dans le jeu et a poursuivi sur le même rythme face à des Marseillais qui ont dû s’en remettre à Mandanda pour ne pas voir leur adversaire reprendre le large au tableau d’affichage (55e, 63e).
Le passage en 4-3-3 a quand même permis aux Phocéens de rééquilibrer quelque peu les débats. A son entrée en jeu (57e), Imbula s’est retrouvé à gauche du nouveau milieu à trois marseillais, qui laissait Lémina seul devant la défense et Cheyrou côté droit. Avec ce changement de système, l’OM avait enfin des solutions dans le coeur du jeu pour attaquer le losange lyonnais. Désormais, lorsque le jeu allait vers les latéraux, Fofana et Grenier étaient pris entre la nécessité d’aller bloquer ces derniers et de surveiller les incursions dans leur dos de Imbula et Cheyrou. L’ancien Guingampais a d’ailleurs réalisé une belle percée dans le camp lyonnais, à l’origine de la plus belle occasion marseillaise de la deuxième mi-temps (centre de Gignac relâché par Vercoutre, mais qui n’a pas profité à Thauvin, 72e). Une petite alerte qui rappelait que l’OL était loin d’avoir match gagné…
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FOOTBALL 2013 Lyon - Marseille Blog tactique (OM en 4-3-3)

Crédit: Eurosport

Fin du match et conclusion : 
Et finalement, le match a filé dans le dernier quart d’heure pour les Lyonnais. La sanction est tombée sur un coup de pied arrêté de Thauvin dévié à deux reprises et qui a pris Vercoutre à défaut (79e). Un but assassin pour l’OL qui n’a plus semblé en mesure de réagir après la sortie de Gourcuff sur blessure (remplacé par Ferri, 76e). Repositionné derrière les deux attaquants, Lacazette et Benzia (remplaçant de Gomis, 68e), Grenier n’a pas eu la même influence et Mandanda a pu passer une fin de soirée plus tranquille, d’autant plus que le milieu renforcé de l’OM affichait un regain d’énergie assez efficace pour perturber la relance lyonnaise.
Si les regrets sont évidents pour les hommes de Rémi Garde, le contenu de la partie reste très intéressant. Désormais maîtrisé par les joueurs, le 4-4-2 en losange a affiché les mêmes points forts défensifs que celui du LOSC sur la première moitié de saison (sans Enyeama dans les cages en revanche). Et offensivement, la présence de Gourcuff à la mène semble garantir une qualité supérieure en terme d’animation. Côté marseillais, le résultat va offrir à José Anigo quelques jours de répit, mais le contenu rend perplexe quant au potentiel de l’équipe actuelle. Le passage plutôt convaincant en 4-3-3 devrait lui donner quelques idées pour les deux échéances à venir. A défaut d’avoir une première ligne efficace pour perturber la relance, renforcer le milieu de terrain apparaît indispensable.
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