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Entre rigueur et discipline, pourquoi Bordeaux pourrait prendre l'accent allemand avec Willy Sagnol

Polo Breitner

Mis à jour 03/10/2014 à 08:55 GMT+2

Willy Sagnol a passé la majeure partie de sa carrière en Allemagne. Forcément influencé, le nouvel entraîneur de Bordeaux pourrait donner un accent allemand aux Girondins. Polo se pose la question.

Polo sur Willy Sagnol

Crédit: Eurosport

L’interlude médiatique Zinedine Zidane terminé, la direction des Girondins de Bordeaux a jeté son dévolu sur l’ancien joueur du Bayern Munich. Un recrutement salvateur pour un club en mal de spectacle ? Ou bien tout simplement une option parmi d’autres ? Bordeaux n’avait plus connu cela depuis longtemps ; plusieurs journées en tête du classement de la L1. Le tout sous la férule d’un nouvel entraîneur, Willy Sagnol, estampillé "germain" de par son passé professionnel au FC Bayern. Un raccourci bien rapide lequel permet de trouver des explications toutes simples à l’embellie actuelle.

Contento : l’avènement d’une nouvelle politique ou un achat symbolique ?

Dès sa nomination, le nouveau coach a utilisé ses relations avec le Rekordmeister. Il ne s’en est du reste médiatiquement jamais caché et espérait attirer les jeunes du centre de formation du club du sud de l’Allemagne. Il faut dire que la nouvelle génération à venir nous met en appétit du côté de l’Allianz-Arena avec Pierre-Emile Höjbjerg en tête de file, de mère française et déjà international danois, ou bien Gianluca Gaudino (le fils de Maurizio). Deux joueurs respectivement de 19 ans et 17 ans plus que prometteurs. Ajoutons Sinan Kurt, arraché après de multiples palabres au Borussia Mönchengladbach, ou bien Mitchell Weiser, déjà prêté à l’hiver 2012-2013 six mois avec succès au FC Kaiserslautern, Patrick Weihrauch et Lucas Scholl (le fils de Mehmet) quelque fois présents sur le banc du FC Bayern.
Cela pourrait faire saliver et permettre de se dire que le club au scapulaire a enfin trouvé un positionnement sportif et marketing que l’on cherche désespérément depuis des années. Celui, par exemple, de filiale de l’ogre munichois. Comme tant de clubs le font en Europe en passant des partenariats afin de faire pousser des gamins qui ne peuvent, à court-terme, espérer percer en équipe-première des titans continentaux. On pourrait aussi rappeler qu’après sa carrière professionnelle, Willy Sagnol était passé par la cellule recrutement du "verein" bavarois.
L’arrivée de Diego Contento fait-elle partie de cette vision à moyen terme ? Rien n’est moins sûr lorsque l’on connait la carrière du joueur de 24 ans. Annoncé comme une "flèche" lors de ses débuts en 2009 sous Louis Van Gaal, il va petit à petit péricliter pour ne devenir que la pâle doublure d’un certain David Alaba. Son temps de jeu s’amoindrit d’année en année et le transfert de l’espoir espagnol Juan Bernat va définitivement sceller les maigres espérances qui lui restaient. Son atterrissage en Gironde est-il donc un moyen de se relancer ou bien un cadeau offert par le FC Bayern à son ancien employé ? La faiblesse de la transaction, un million d’euros, est peut-être un début de réponse à la question. Le latéral gauche disposait encore de deux ans de contrat en Bavière tout de même. Force est de constater que Contento est titulaire en début d’exercice. C’est déjà ça.
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Willy Sagnol

Crédit: AFP

Sagnol : "J’aime les choses carrées"

Le nouveau coach a beaucoup échangé, communiqué depuis sa nomination. Sur son professionnalisme notamment, ses espérances, ses attentes surtout : sur un comportement irréprochable de ses troupes en particulier. A l’heure où plusieurs joueurs français évoluant à l’étranger s’expriment sur le sujet, tentant d’expliquer les différences culturelles entre les championnats européens, j’ai un léger doute ou plutôt une petite arrière-pensée malsaine. L’ancien "Bleu" ayant passé l’essentiel de sa carrière en Bundesliga, pourrait donc importer à Bordeaux cette "Disziplin" qui manquerait tant au football tricolore.
Elie Baup, ancien coach des Girondins de Bordeaux et de Saint-Etienne, qui a de plus côtoyé Sagnol lorsque ce dernier s’occupait des espoirs, a bien son expertise : "Il a de très bonnes valeurs éducatives. C’est quelqu’un qui transmet ce qu’il a été en tant que joueur : rigoureux, attentionné. Il aime la discipline. Il ne faut pas oublier qu’il a évolué plusieurs années en Allemagne." (France Bleu le 24 mai 2014). Les images d’Epinal ont la vie dure mais compte tenu, encore une fois, des discours tenus par des footballeurs ("un entrainement programmé à 10 heures commence à 10 heures", interview de Simon Kjaer parue dans L’Equipe du 2 octobre 2014 au sujet de la Bundesliga), on sent le vent quelque peu tourner sur ce thème. Comme si, in fine, l’une des raisons de l’état actuel déplorable du football national était bel et bien l’absence de respect des règles de conduite des professionnels sous contrat. Je m’empresse d’écrire que cette condition, sans aucun doute nécessaire, n’est pas non plus suffisante : "être né sous l’signe de l’hexagone, c’est pas c’qu’on fait de mieux en c’moment, et le roi des cons, sur son trône, j’parierais pas qu’il est allemand" comme chantait Renaud à une époque, pas si lointaine, où la guillotine existait toujours…
Plutôt que les préjugés énoncés par Elie Baup, pourquoi alors, suivant son analyse, ne pas envoyer tous les pensionnaires de la L1 faire un stage en Bundesliga, pour y apprendre justement le label "Disziplin" et tous les soucis seraient ainsi résolus ! Je préfère tenter de trouver une autre explication : "Willy était l’un des plus beaux transferts que nous avons réalisé. Un véritable modèle, un parfait professionnel, une enseigne pour le Monde" affirma Uli Hoeness en 2009 lorsque le latéral droit rangea définitivement les crampons à cause de son talon d’Achille. Sagnol était donc déjà comme cela…avant le passage de la frontière virtuelle. Papier, bitte…Schnell !
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Sagnol (Bordeaux) donne ses consignes à Nicolas Maurice-Belay

Crédit: Panoramic

Ismaël : "Je pense en allemand"

A dessein, nous n’avons pas abordé dans ce petit billet le jeu développé par les Girondins. A quoi bon tirer des enseignements du 0-0 ramené de Geoffroy-Guichard avec une équipe fortement remaniée par exemple ? C’est beaucoup trop tôt. D’autant plus que le coach n’a pas obtenu, lors du mercato estival, les moyens financiers de ses ambitions. Difficile dans ces conditions d’analyser sérieusement l’approfondissement de sa vision sportive, son influence sur le jeu produit, la place réservée à la prise de risque dans le projet global. En résumé, Bordeaux va-t-il jouer "à l’allemande" ? Willy Sagnol le souhaite-t-il d’ailleurs ?
A la différence du coach français du FC Nuremberg, Valérien Ismaël, il n’a pas entrainé en Allemagne et j’attends avec impatience qu’il nous éclaire sur la polyvalence des joueurs issus des centres de formation allemands. La nomination récente de Patrick Guillou dans le staff technique bordelais, ex-consultant Canal+ spécialisé sur la Bundesliga, pourrait faciliter cette inclination. L’ancien latéral "Vert" est né sous le chancelier fédéral Willy Brandt et a fait ses débuts en professionnel à Bochum.
Il n’en reste pas moins que depuis quelques temps, les "désirs de Germanie" se sont multipliés dans les hautes sphères du football hexagonal : du "projet Dortmund" de Vincent Labrune à l’OM, mort-né, aux déclarations médiatiques de Bernard Caiazzo, pro "modèle allemand", le même achetant 100% pur bœuf français à l’ASSE. Le règne de la communication donc. Qu’en pense donc le Président Jean-Louis Triaud ? On aimerait bien voir, un jour, évoluer le successeur de Klaus Allofs sous le maillot girondin.
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