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Les raisons de l'échec d'Andy Delort au Mexique

Thomas Goubin

Mis à jour 02/02/2017 à 15:24 GMT+1

Après seulement cinq mois chez Tigres, Andy Delort vient de rejoindre Toulouse. Vu de France, le court séjour mexicain de l'ex-Caennais peut être perçu comme un retentissant échec. Mais quelques bémols doivent être apportés à cette perception.

Andy Delort, nouvelle recrue de Toulouse

Crédit: From Official Website

Partir au Mexique. Y rester cinq mois. Etre titularisé trois fois en championnat, pour 406 minutes de jeu, au total. Inscrire trois buts. Puis, revenir au bercail, en Ligue 1, faute d'avoir pu s'imposer. Voilà comment peut se résumer, de manière télégraphique, le passage d'Andy Delort chez les Tigres, où il avait signé pour quatre ans et environ huit millions d'euros, le 1er septembre dernier. Delort pensait alors sans doute marcher dans les pas de Gignac, son idole, qui enquille les buts sous les couleurs auriazul. Le club mexicain croyait, lui, avoir frappé un grand coup en signant l'un des éléments les plus en vue de la Ligue 1, saison 2015-2016. Finalement, l'union ne survivra pas à une relation trop prolongée de l'ex-Caennais avec le banc de touche. Une rupture à l'amiable, épilogue de cinq mois où Andy Delort a ramé à contre-courant.
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Delort est officiellement à Toulouse

Arrivé trop tard

Et si l'échec d'Andy Delort trouvait ses racines deux mois avant son arrivée à Monterrey ? Plus exactement, début juillet, quand les dirigeants des Tigres se trouvent en France, bien décidés à revenir avec Delort dans leurs bagages. Leur première offre, autour de 4,5 millions d'euros, sera toutefois rejetée par les dirigeants du SM Caen. L'attaquant, qui se voyait déjà au Mexique, décide alors de partir au bras de fer et se met en arrêt de travail. Finalement, Delort aura gain de cause, mais ne signe chez les Tigres que début septembre. Sept journées de championnat (sur les dix-sept de la saison régulière) ont déjà été jouées. L'équipe mexicaine tourne bien, le coach a son onze. Delort, qui n'a pas disputé une minute officielle depuis la 38e journée de Ligue1, ne parviendra jamais à être considéré autrement que comme un recours occasionnel. Sa première titularisation, le 23 octobre, sur le terrain des Pumas, il la devra d'ailleurs au forfait d'André-Pierre Gignac. "Delort ne nous a pas déçus, nous assure Miguel Garza, le directeur sportif des Tigres, nous avions pris un joueur pas forcément prêt à l'emploi, notre projet était qu'il poursuive sa progression chez nous".
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La passe de Delort était parfaite, mais Gignac n'a pas eu de réussite

Une concurrence d'un niveau supérieur

C'est une réalité sans doute difficile à concevoir pour ceux qui voient le championnat mexicain comme une compétition aussi exigeante qu'un après-midi de farniente sur une plage de Cancún, mais la richesse aux avant-postes de l'effectif des Tigres peut faire pâlir au moins les trois-quarts de la Ligue 1. Outre l'indéboulonnable André-Pierre Gignac, Delort devait ainsi aussi batailler pour une place dans le onze auriazul avec Ismael Sosa, argentin de 30 ans, peu connu en France, mais qui a rejoint les Tigres lors du mercato d'été pour environ 8 millions d'euros, après avoir brillé avec les Pumas Mexico. L'entente presque instantanée de Gignac avec Sosa a significativement compliqué la tâche de Delort. Capable de rendre service sur un côté, le Sétois n'a pas non plus pu s'y imposer : sur sa route se trouvaient les internationaux mexicains Javier Aquino, ex-joueur de Villarreal, et Jurgen Damm, l'un des joueurs les plus rapides au monde, tout proche de l'AS Rome avant de s'engager pour les Tigres. Depuis le début de sa carrière, Delort n'avait jamais affronté une concurrence si relevée.
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Andy Delort sous le maillot des Tigres

Crédit: AFP

Avec Gignac, un duo impossible ?

En signant chez les Tigres, Delort espérait évoluer à la pointe d'un 4-4-2, aux côtés de son compatriote, André-Pierre Gignac. Le profil des deux joueurs pouvait ne pas paraître franchement compatible, tant leurs qualités sont similaires plutôt que complémentaires, mais les dirigeants mexicains évoquaient alors une volonté de miser sur une attaque plus "rentre dedans". C'est un peu le projet qui avait été vendu à Delort, c'était aussi celui auquel il voulait croire. Admirateur de Gignac, l'ex-Caennais envisageait évidemment comme un rêve éveillé de devenir son complice sur le terrain. En théorie, l'international français aurait alors davantage décroché pour que son cadet, moins complet techniquement, mais plus percutant, prenne la profondeur. Finalement, les deux hommes n'ont été alignés ensemble que des bouts de matches, le plus souvent lors d'entrées tardives de Delort, où les Tigres passaient effectivement de leur 4-2-3-1 traditionnel à un 4-4-2. Mais le duo français jouait alors un peu contre la montre et n'a clairement pas disposé d'assez de temps pour convaincre Ricardo Ferretti, un entraîneur connu au Mexique pour s'accrocher à son onze-type. Au final, Delort a surtout occupé un rôle de doublure de Gignac. Il le remplaçait d'ailleurs systématiquement, les rares fois où l'ex-Marseillais était absent, la dernière fois, le 7 janvier, lors de la première journée du tournoi de fermeture 2017. "Pour qu'il joue davantage, il aurait fallu que Gignac se blesse davantage" glisse, dans un sourire, Miguel Angel Garza.
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Delort - Gignac, le nouveau duo des Tigres a déjà montré de belles choses

Un processus d'acculturation qui demandait du temps

Le championnat mexicain ne ressemble évidemment pas au français. On n'y joue pas le même football, le système de compétition est autre (deux tournois semestriels conclus par des play-offs), et il faut notamment savoir apprivoiser l'altitude et la chaleur, parfois extrêmes. Au-delà de l'adaptation aux paramètres mexicains, Delort a surtout dû apprivoiser une autre culture de jeu. Pour la première fois de sa carrière, le Français défendait ainsi le maillot d'une équipe qui domine souvent outrageusement ses adversaires, et mise sur un jeu tout en possession de balle, en s'appuyant sur la grande qualité technique de ses éléments, internationaux pour la plupart. Pas dans son habitat naturel, Delort n'a ainsi que rarement eu l'occasion de prendre la profondeur, et de dévorer les espaces comme il l'affectionne. En dehors du terrain, l'adaptation ne fut pas non plus évidente, et le Sétois a d'ailleurs confié qu'il avait fini par ressentir le mal du pays.
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Andy Delort et André-Pierre Gignac portent les Tigres en demi-finale du championnat mexicain

Crédit: AFP

Un joueur plus complet ?

S'il a gagné son premier titre de champion (tournoi ouverture 2016), Delort n'a-t-il pas perdu un semestre de sa carrière au Mexique ? Depuis son dernier match sous les couleurs normandes (14 mai), le néo-Toulousain n'a ainsi disputé que cinq matches comme titulaire (trois en championnat, deux en Ligue des champions de la Concacaf). Il faut toutefois relever que l'avant-centre s'est entraîné comme jamais au Mexique. Dernier à quitter le centre d'entraînement des Tigres, Delort réalisait aussi une séance individualisée chaque fin d'après-midi dans une salle de musculation, et des séances de yoga plusieurs fois par semaine. Pour mettre tous les atouts de son côté, le Sétois avait également embauché un diététicien. Delort a aussi tiré profit des conseils du Brésilien Ricardo Ferretti, l'entraîneur des Tigres, qui lui a notamment fait travailler son pied gauche avec insistance. Même s'il a peu joué, le nouvel attaquant du TFC s'estime aujourd'hui comme un joueur plus complet, notamment plus à l'aise dans les petits espaces. "Ce qui prouve que son passage n'est pas un échec, c'est que l'on a reçu des offres de plusieurs clubs, assure Miguel Garza. Quand il a joué, il était performant". Selon nos informations, trois propositions de transfert sec sont arrivées sur le bureau du dirigeant des Tigres : celle de Toulouse, évidemment, mais aussi, celle de Saint-Etienne, et de la Fiorentina, dernier club à s'être positionné sur l'ex-Caennais. Malgré son faible temps de jeu au Mexique, Delort, à 25 ans, retrouve la Ligue 1, peut-être mieux armé que jamais pour s'y imposer à nouveau. Les chiffres ne disent pas toujours tout.
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