Gourcuff, un statut d'intermittent qui pose question pour la suite

Sa technique fait le bonheur des Rouge et Noir. Avec ses gestes chaloupés, son toucher de balle soyeux et sa vision du jeu au-dessus de la moyenne, il guide le Stade Rennais. Sur quelques actions - une roulette, un contrôle -, il y a presque du Zinedine Zidane en lui. Redevenu le joueur qui a mené Bordeaux au titre de champion de France, Yoann Gourcuff apporte cette once de talent et d'expérience qui manquaient tant à Rennes. Enfin, il a remis sa carrière dans le bon sens. Voilà, ce dont rêvaient nombre d'observateurs et supporters des Rouge et Noir quand l'ancien prodige du centre formation rennais a fait son retour sur les bords de la Vilaine. Un peu plus de deux saisons plus tard, la frustration est finalement au rendez-vous.

Pour tous les acteurs. Les dirigeants et le staff rennais ne peuvent que regretter l'incapacité de leur protégé à redevenir régulièrement un joueur apte à enchaîner les matches. Les supporters bretons ne sont pas en reste. Et en amoureux du jeu, en professionnel qu'il est, Yoann Gourcuff ne peut évidemment pas bien vivre cela. Car sa carrière s'écrit encore en pointillés. Une habitude maintenant depuis son passage à Lyon en 2010. Quatre matches de L1, trois en Coupe de la Ligue, il faut s'accrocher si vous êtes fan du milieu de terrain pour profiter de ses rares minutes sur les pelouses. Cette saison encore, l'ancien Milanais est un simple intermittent du spectacle.

Le dernier exercice avait pourtant apporté un peu l'espoir de voir Yoann Gourcuff recouvrer le plaisir de jouer avec régularité. Histoire de pouvoir lui laisser le temps de retrouver ses sensations. Mais son corps l'a une nouvelle fois rattrapé : avant la saison, une cuisse l'a lâché. Puis, il a été victime d'une fracture du péroné fin août. Impuissant, il a donc observé à la fin de parcours à la tête du Stade Rennais du président René Ruello, qui avait tant pesé dans son choix de revenir au pays de la galette-saucisse. Et de son père, Christian, sur le banc des Rouge et Noir. Sa première apparition de la saison, il l'a donc faite avec Sabri Lamouchi sur le banc.

Depuis, le jeu est de savoir quand il jouera. Et ce n'est pas si facile que ça d'avoir bon. Si vous y parvenez trois fois de rang, on vous conseille même de tenter votre chance au loto. Entre les petits pépins physiques, les matches où Lamouchi le laisse au repos ou choisit de se passer de ses services, c'est en effet un joli casse-tête. Et pourtant, cela reste un joueur à part. Avec son talent, il garde cette aptitude à peser sur un match. "Yoann Gourcuff est toujours aussi bon techniquement et nous fait du bien. C'est un garçon dont la présence est gratifiée de contenus plus que satisfaisants", résume son entraîneur.

Si toutes ses sorties n'ont pas toujours été de bonnes factures, il reste en effet influent quand il se retrouve au cœur du jeu. Les chiffres ne veulent pas tout dire. Mais son bilan reste éloquent. En sept titularisations toutes compétitions confondues, il a vu le Stade Rennais gagner six matches et en perdre un… contre le PSG en Coupe de France (2-3). Mais le gérer doit donner quelques maux de tête à ses entraîneurs. Ce qui pose d'ailleurs la question de la suite de sa carrière alors qu'il arrive en fin de contrat dans six mois avec le Stade Rennais.

A bientôt 32 ans, Yoann Gourcuff a encore quelques années à donner. Enfin ça, c'est le constat qui tient pour un joueur "normal". Mais le Breton rentre-t-il encore dans cette catégorie après tant de saisons où il a plus enchaîné les forfaits que les matches ? La réponse est dans la question. Vu son rythme et même s’il réussit à rejouer plus souvent dans cette deuxième partie de saison, les clubs risquent de ne pas se bousculer au portillon pour un joueur qui ne signera pas nulle part. Bien sûr, son talent et son intelligence de jeu pousseront sûrement des clubs à tenter leur chance. Mais pas à n'importe quel prix. Un contrat spécifique pourrait être la solution. Reste maintenant à savoir si Rennes, échaudé par ces trois dernières saisons, sera de ceux-là…