Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

LOSC - Marcelo Bielsa, légitime coup de gueule, vrai coup de mou

Cyril Morin

Mis à jour 21/09/2017 à 17:32 GMT+2

LIGUE 1 - Sorti de ses gonds en conférence de presse, Marcelo Bielsa est au creux de la vague à l’heure de rencontrer Monaco vendredi (21h). Sa sortie de route face aux journalistes ne doit pas cacher une réalité : il est désormais la tête de proue d’un projet difficile à comprendre.

Marcelo Bielsa

Crédit: Eurosport

Au fond, Marcelo Bielsa n’a pas tant changé que ça. Attraction de l’été lillois et annoncé en grande pompe par Gérard Lopez, "El Loco" semblait apaisé et déterminé à mener un projet sur le long terme. Enfin serait-on tenté de dire après son départ précipité de Marseille en 2015 et sa fausse signature à la Lazio en 2016. Mais c’était aller un peu vite en besogne.
Car jeudi, "El Loco" est réapparu. En conférence de presse. Aux côtés d’un traducteur un peu désarçonné par la situation, Bielsa n’a pas su retenir ses coups. "Je m’en indigne. Je n’ai plus la patience que j’avais il y a 20 ans" a-t-il avancé pour justifier sa sortie face caméra. Retour sur l’épisode : Après cinquante minutes de conférence de presse, Bielsa est - logiquement – interrogé sur sa méthode et son plan pour redresser son équipe. Particulièrement positif pendant la conférence presse, "El Loco" doit répondre à une question simple : utilise-t-il la méthode Coué ? Réponse de l’entraîneur du LOSC, dans le texte :
"C’est pareil que dans votre métier : c’est d’imaginer le pire scenario et le considérer comme réel. […] Votre travail c’est ça : quand il y a des risques, vous transformez ça en catastrophe. Et quand ça marche, vous venez vous approcher des ‘prospères’ (NDLR : des gens qui réussissent). C’est pour ça que votre compagnie est désagréable. Notre métier, c’est tout l’inverse : on est optimiste. Nous devons être optimistes. Nous n’avons pas besoin de conseil".
La tension monte, logiquement. C’est alors que LA QUESTION apparaît. Celle sur l’OM et son départ précipité en 2015 juste après la première journée. Vient alors l’explication de texte.
picture

Très énervé, Bielsa revient sur son départ de l'OM : "Le problème, c'est que vous ne savez rien"

Qui aimerait être ramené systématiquement deux ans en arrière ?

"Motifs éthiques" versus "mensonge", "manipulation de l’opinion" versus "indignation". Tout le vocabulaire anti-média y passe. C’est son droit. Surtout quand on ne cesse de lui rabâcher les mêmes choses à l’oreille. Son départ de l’OM date de 2015. Il est désormais entraîneur du LOSC et nous sommes en 2017. De l’eau a coulé sous les ponts. Autant passer à autre chose.
Le problème Bielsa/presse française date pourtant de ce départ fracassant en 2015. De ce mystère et de cette impression générale de ne pas avoir tout compris. D’ailleurs la dernière question portait sur ce sujet. Sauf qu’elle a été coupée par l’Argentin. Car il estime s’être déjà expliqué, notamment via sa fameuse lettre lue devant les caméras.
L’autre problème est la situation du LOSC. Tout simplement. Car toutes ces questions sur un possible départ font évidemment remonter des souvenirs que personne n’a oublié. Mais celles-ci n’existerait probablement pas si les Lillois étaient au meilleur de leur forme. 17e après 6 journées avec une petite victoire au compteur, c’est léger. C’est surtout historique puisque Bielsa connaît le pire départ pour un nouvel entraîneur lillois depuis 1997.
Le LOSC connaît son pire début de saison depuis 1997
Et forcément, Bielsa est en première ligne. Car c’est lui qui cristallise l’attention du club. Dans les bons comme dans les mauvais moments. C’est aussi ce que voulait Lopez en allant le chercher.

Où va Lille ?

Le problème est que le mal lillois est réel. Rien d’affolant, ce n’est que la sixième journée comme l’a répété l’entraîneur argentin en conférence de presse. Mais assez alarmant tout de même. Dans le jeu, les promesses lilloises de la 1ere journée (victoire 3-0 face à Nantes) ont laissé la place au doute. Surtout, la liste des blessés s’est allongée (Malcuit, Mendes et Benzia) obligeant - encore - Bielsa à s’expliquer face aux journalistes.
Les jeunes pousses amenées à se développer et à éclore dans le Nord sont encore trop tendres à l’image d’un Thiago Maia à la réputation flatteuse mais dépassé puis expulsé face à Bordeaux. Mais c’est encore et toujours le mercato lillois qui pose question.
Les paris ont été nombreux. Ils ne sont pas encore gagnants. Et les choix faits dans les derniers hectomètres du mercato, avec la vente de Nicolas de Préville - sûrement le meilleur joueur intrinsèque du LOSC – ont été incompris. Le nouveau joueur de Bordeaux a avancé une explication simple : "Lille avait besoin d’argent". Pour autant, Bielsa a assumé et s’est dit "totalement satisfait" du mercato.

Du temps, même pour le "magicien" Bielsa

Mais le projet vendu au mois de juin par les nouveaux propriétaires semble encore loin : jeunes joueurs prometteurs, fond de jeu alléchant et top 5 en fin de saison. Le chemin est long et, au final, c’est logique. Malgré les nombreuses arrivées cet été, l’effectif lillois n’a rien de celui d’un ogre. Et Bielsa a beau être Bielsa, c’est-à-dire un entraîneur référence pour de nombreux coaches, il n’est pas encore magicien.
Son arrivée tonitrutante à l’OM en 2014-2015, soldé par une symbolique place de champion d’automne, ne doit pas faire oublier que l’Argentin avait débuté sa saison avec un nul et une défaite et avait largement profité de la forme resplendissante d’André-Pierre Gignac, Dimitri Payet ou André Ayew. Il ne doit pas faire oublier non-plus que sa saison de rêve avec l’Athletic Bilbao de 2011-2012, soldée par une finale de Coupe du Roi et de Ligue Europa, avait commencé par deux nuls et quatre défaites en six matches.
En somme, la patte Bielsa n’est pas toujours instantanée. Il lui faudra du temps. D’ailleurs, il l’a lui-même expliqué jeudi : "Même si on lutte pour le maintien, je ne m’en irai pas d’ici. Sauf s’ils me chassent. Je dis ça pour m’engager et je le dis publiquement pour cette raison. Je suis un spécialiste pour assumer des moments difficiles". Pour la sérénité du LOSC, celle de Bielsa et celle des journalistes, il faudrait qu’ils soient les plus courts possibles.
picture

Marcelo Bielsa lors de Strasbourg - LOSC en Ligue 1 (3e journée)

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité