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Interview - Olivier Dall'Oglio : "Je n'aime pas m'ennuyer sur mon banc"

Alexis Billebault

Mis à jour 01/09/2018 à 11:50 GMT+2

LIGUE 1 - Dijon est avec le Paris Saint-Germain la seule équipe à avoir remporté ses trois premiers matches de championnat, avant d’accueillir Caen ce samedi (20 heures). A la tête de l’équipe bourguignonne depuis 2012, Olivier Dall’Oglio (54 ans), nous raconte sa perception du début de saison des siens et ses principes de jeu offensifs.

Olivier Dall'Oglio (Dijon), 2017

Crédit: Getty Images

Le DFCO a battu Nantes à domicile (2-0), ainsi que Montpellier (2-1) et Nice (0-4) à l’extérieur, et compte le même nombre de points que le PSG, qui devance votre équipe à la différence de buts. Sacré début de saison !
Olivier Dall'Oglio : Je constate, surtout depuis notre victoire à Nice, un certain emballement médiatique autour de Dijon. Moi, au contraire, je ne m’emballe pas. Et d’après ce que j’entends, c’est la même chose chez les joueurs, et cela me va très bien. Je ne regarde pas le classement, car il est anecdotique. Ce qui m’intéresse, c’est le nombre de points. Nous en comptons déjà neuf. Ici, notre objectif est de se maintenir. Et si nous y parvenons assez rapidement, on visera alors le Top 10.
Votre équipe a battu trois adversaires qui, en 2017-2018, avaient envisagé une qualification européenne...
C’est vrai, mais il ne faut pas oublier que ces trois matches ont été gagnés difficilement. On a concédé un seul but, mais beaucoup d’occasions, sauf contre Nantes. La saison dernière, nous avions marqué 55 buts. Mais 73 buts encaissés, c’était beaucoup trop ! Il n’était pas possible de continuer ainsi, sans risquer de mettre le club en péril, sous la forme d’une relégation. Je crois que depuis le début du championnat, les joueurs communiquent plus entre eux, ils sont plus concentrés, plus attentifs. Cela ne s’était pourtant pas forcément vu lors des matches amicaux. Mais il y a un état d’esprit qui se dégage. Le groupe vit bien, les recrues s’intègrent bien.
Dijon va recevoir Caen samedi et Angers le 15 septembre. A quoi vous attendez-vous ?
J’entends déjà dire ici et là que nous aurons quinze points au soir du 15 septembre. Moi, je réponds que ces deux matches sont des pièges. Caen et Angers sont des équipes de notre championnat, dont l’objectif sera aussi de se maintenir. Et forcément, les matches seront différents des trois premiers, durant lesquels nous n’avons pas eu la possession du ballon. Samedi, face à Caen, ce sera sans doute plus le cas. Avoir le ballon, on sait le faire. J’attends de voir comment mon équipe va se comporter. Il faudra être performants, ne pas tomber dans les pièges que les Caennais puis les Angevins nous tendront. Ma priorité, c’est qu’on continue à faire du jeu, mais en encaissant moins de buts.
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Olivier Dall'Oglio - Dijon.

Crédit: Panoramic

Dijon, depuis son retour en Ligue 1, a la réputation d’être une équipe qui joue bien au foot. Êtes-vous sensible à ce genre d’argument ?
Bien sûr, car je n’aime pas m’ennuyer sur mon banc. Le foot, c’est un spectacle. On doit attirer du public, lui proposer quelque chose. On peut gagner en jouant bien. Et pour une petite équipe comme Dijon, battre des gros comme Lyon, Bordeaux, Nice, c’est la preuve qu’on peut pratiquer un jeu intéressant sans avoir de gros moyens.
Vous étiez un ancien défenseur (Perpignan, Alès, Strasbourg, Rennes) plutôt rugueux. D’où vous vient ce penchant pour le football offensif ?
(Rires) J’étais assez rugueux, c’est vrai, mais j’étais aussi un défenseur qui aimait attaquer. Je n’ai pas eu une seule influence d’un seul entraîneur. Mon goût pour le football offensif, construit, est inné. Et j’ai pris des choses chez les uns et chez les autres, au gré de ma carrière de joueur, de formateur, d’entraîneur. Je n’ai pas particulièrement d’entraîneur référence : j’ai bien aimé ce que faisait José Mourinho quand il était à Porto. De manière générale, j’aime aussi les équipes de Pep Guardiola. J’apprécie aussi beaucoup le travail de Lucien Favre. Et puis, selon les années, des équipes proposent des choses très intéressantes sur le plan du jeu : Naples et Liverpool la saison dernière. Barcelone, l’Ajax Amsterdam, qui ont une vraie identité.
Vous avez été nommé en juin 2012, alors que pas grand-monde ne vous imaginait succéder à Patrice Carteron. Votre projet de jeu est-il né à cette date ?
Non. La première idée, c’était de freiner la chute. Le DFC venait d’être relégué en L2, Patrice Carteron et le président d’alors, Bernard Gnecchi, venaient de partir, des joueurs ne voulaient pas évoluer à ce niveau, les finances n’étaient pas au mieux… On a fini à la septième place, et à partir de là, on a pu commencer à mettre des choses en place. D’abord en recrutant des joueurs au profil plus techniques, avec de la vitesse. Ensuite, en faisant travailler les gens ensemble. Pour moi, il est essentiel qu’on se parle, qu’on se rencontre régulièrement entre entraîneurs du club. A Dijon, l’idée est d’avoir pour toutes les équipes un style de jeu offensif, mais chaque coach à la liberté de mettre son propre système en place. J’ai aussi la chance d’avoir un président, Olivier Delcourt, qui me laisse travailler, sans se mêler du sportif. On discute, on échange, mais je suis libre. Ce qui est important au DFCO, c’est que chaque personne soit à sa place, et qu’elle y soit heureuse.
Bien sûr que j'aimerais entraîner Manchester City (rires)
Si Yoann Gourcuff a signé à Dijon, c’est avant tout parce qu’il a été séduit par le style de jeu que vous prônez ?
Il y a été sensible. Il connaissait notre philosophie de jeu. Yoann est un passionné de foot, il aime vraiment ça. Il n’est pas venu ici pour l’argent mais pour jouer, se faire plaisir, apporter son expérience à l’équipe, dans un environnement calme. Il manque encore de rythme, mais il travaille bien.
Avez-vous le sentiment d’être un entraîneur encore sous-coté en Ligue 1 ?
A vrai dire, je ne me suis jamais posé la question. Je suis entraîneur d’une équipe de Ligue 1 qu’avec mon staff, on essaie de faire progresser, au sein d’un club qui se structure. Je suis bien à Dijon. Bien sûr que j’aimerais entraîner Manchester City (rires). Mais est-ce que j’y serais plus heureux ? Pas sûr. Ici, on me laisse bosser, mettre en place mes idées. D’autres entraîneurs de Ligue 1, comme David Guion à Reims, Bernard Blacquart à Nîmes ou Christophe Pélissier, abattent un gros travail, cohérent et logique.
On a parfois évoqué un intérêt de Nice ou de Saint-Etienne à votre égard…
Oui, on entend des choses. Il n’est pas impossible que des clubs de ce calibre soient intéressés par un entraîneur de mon profil et qu'ils aient envie de tenter le coup. Seulement, il y a peut-être une certaine hésitation, par rapport aux supporters, à l’entourage. Les gens vont préférer un nom, qui colle mieux au statut du club. Cela peut se comprendre…
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