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Jean-Marc Furlan (Caen) se confie à Eurosport (mercato, Ligue 2...) avant le début de la saison 2023-24
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Publié 04/08/2023 à 16:21 GMT+2
Dix mois après sa mise à l'écart d'Auxerre, Jean-Marc Furlan va retrouver la L2 aux manettes du Stade Malherbe Caen. Alors que la concurrence n'a jamais été aussi relevée dans ce championnat, le nouveau technicien normand ne manque pas d'ambitions et vise une place de barragiste dans un premier temps. A bientôt 66 ans, Jean-Marc Furlan, toujours aussi affamé de football, s'est confié à Eurosport.
Jean-Marc Furlan, l'entraîneur du Stade Malherbe Caen.
Crédit: Imago
Jean-Marc Furlan, vous avez rejoint Caen au début de l'été. Dans son histoire récente, le club normand a souvent joué vers l'offensive. Est-ce que cet élément a été décisif dans votre choix ?
Jean-Marc Furlan. : Sincèrement, oui. Je me souviens notamment de l'époque de Daniel Jeandupeux (1990-94). J'ai regardé beaucoup de matches de Caen lors de la saison 2022-23 et c'est une équipe qui jouait beaucoup vers l'avant. Elle a aussi encaissé de nombreux buts (ndlr : 43). Mais après, ce qui a surtout compté, ce sont les relations humaines avec Pierre-Antoine Capton (propriétaire), Olivier Pickeu (président délégué) et Yohan Eudeline (directeur sportif).
Quelle image aviez-vous du Stade Malherbe Caen lorsque vous entraîniez Troyes, Strasbourg, Nantes ou Auxerre ?
J-M.F. : J'en avais une très bonne image. La Normandie était le seul endroit en France où je n'étais jamais venu entraîner. Benjamin Nivet, que j'ai côtoyé à Troyes, m'en a beaucoup parlé. Il a été heureux ici (ndlr : il a joué à Caen de 2007 à 2012).
A quand remontent vos premiers contacts avec Caen ?
J-M.F. : Très sincèrement, j'ai eu un rendez-vous avec Pierre-Antoine Capton et Olivier Pickeu au mois de décembre. Après, la piste s'est relâchée car Stéphane Moulin est revenu. Ensuite, il y a de nouveaux contacts en fin de saison dernière.
Plus de 8000 spectateurs se sont déjà abonnés (ndlr : un record pour le club en L2). Comment appréhendez-vous cette grosse attente du public caennais ?
J-M.F. : Après, tout va dépendre du nombre de matches qu'on va remporter. Mais c'est vrai que les gens ici sont fans de football, je l'ai remarqué depuis mon arrivée.
Caen a réussi à prolonger les contrats de deux de ses meilleurs joueurs, Alexandre Mendy et Bilal Brahimi. Peut-on considérer ces prolongations comme des recrues dans cette L2 très relevée ?
J-M.F. : Quand tu regardes le championnat de L2 cette saison, tu te rends compte que c'est devenu une L1 bis. Moi, je comptais sur eux et c'est très, très important qu'on ait réussi à les garder avec nous. En tout cas, j'adore ces deux joueurs. Bilal possède un excellent profil. Il court beaucoup et en vieillissant, il va marquer de plus en plus de buts. C'est ce que je ressens. Quant à Alexandre, c'est un buteur. Il l'a démontré lors des deux dernières saisons (ndlr : 16 buts en L2 en 2021-22 et 21 réalisations toutes compétitions confondues en 2022-23). En dehors du terrain, c'est aussi quelqu'un de super.
Est-ce que Norman Bassette et Ali Abdi, suivis par de nombreux clubs, seront Caennais le 2 septembre prochain ?
J-M.F. : Bonne question. Ce n'est pas moi qui décidera mais les dirigeants. Je leur ai demandé à ce que Norman reste. Moi, j'aimerais garder les deux. Mais après, s'il y a des offres difficiles à refuser... Norman est un joueur très, très généreux. Quant à Ali, il a un potentiel énorme sur le plan offensif. Après, défensivement, c'est parfois plus compliqué.
Lors des matches amicaux, vous avez fait part de vos inquiétudes sur le plan défensif. Espérez-vous accueillir de nouvelles recrues d'ici la fin du mercato ?
J-M.F. : Oui, je l'espère vraiment. Autant sur le plan offensif, et je l'ai vu la saison dernière, l'équipe a été très performante, autant défensivement, je flippe un peu, je ne le cache pas. Est-ce que l'idée est de recruter un milieu défensif et un défenseur central ? Oui, c'est exactement ça.
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Dans un entretien accordé à RMC la semaine dernière, vous avez fait comprendre que l'objectif de Caen était la remontée. Visez-vous les deux premières places ou d'abord une position de barragiste ?
J-M.F. : Dans cette saison de L2, une quinzaine de clubs a déjà évolué en Ligue 1. Tout le monde veut retrouver l'élite. Nous, les entraîneurs, avons cette pression-là en permanence. Mais c'est vrai que le Stade Malherbe a l'ambition de retrouver la Ligue 1. Je me répète mais cette L2 est désormais une L1 bis. Pour ma part, j'aurais envie de dire, pourquoi pas viser les barrages dans un premier temps.
Avec Bordeaux, Saint-Etienne, Troyes, Ajaccio, Auxerre, Angers ou Bastia, la concurrence n'a jamais été aussi relevée en L2...
J-M.F. : Ah oui, elle n'a jamais été aussi relevée. Après personnellement, ça ne change pas grand-chose dans la préparation de la saison. Je me concentre sur mon effectif et les protocoles de jeu.
Vous fréquentez ce championnat de Ligue 2, en tant qu'entraîneur, depuis 2004. Comment a-t-il évolué ?
J-M.F. : Aujourd'hui, beaucoup de joueurs de L2 ont le potentiel pour évoluer en L1. Je trouve qu'il y a désormais beaucoup d'équipes de Ligue 2 qui ont un très bon niveau. Même les grands championnats surveillent de plus en plus les joueurs de L2. Sur le terrain, il y a eu aussi beaucoup d'évolutions. Avant, il y avait davantage de matches fermés. Le jeu offensif s'est beaucoup développé avec les années.
Etes-vous revanchard après votre fin d'aventure brutale à Auxerre ?
J-M.F. : Très sincèrement, pendant trois ou quatre mois, j'ai été très, très contrarié, très vexé, car je n'ai eu aucune explication de la part des dirigeants d'Auxerre. Pourtant, on avait réalisé quelque chose d'exceptionnel avec cette montée en L1. On avait vécu quelque chose de fantastique. Aujourd'hui, j'ai tourné la page.
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Au printemps dernier, l'âge légal de la retraite en France est passé à 64 ans. Vous allez fêter vos 66 ans en novembre prochain. Vous semblez avoir toujours aussi faim de football...
J-M.F. : Si tu n'es pas passionné, tu ne peux pas vivre avec ce stress permanent. Moi, ce métier, c'est vraiment une passion qui me motive. Le football est systémique. C'est le sport le plus simple du monde mais il est en même temps compliqué. Et en vieillissant, tu accumules plus de sentiments divers et variés. Aussi quand tu es entraîneur, tu as énormément de paramètres à gérer en permanence : avec les dirigeants, le directeur sportif, les joueurs, le staff médical et les agents. Tous ces paramètres, les observateurs ne les imaginent pas toujours.
Est-ce que vous vous fixez une limite d'âge (ndlr : Jean-Marc Furlan est sous contrat avec Caen jusqu'en 2025) ?
J-M.F. : Non, je ne le cache pas : je ne me suis pas fixé de limite d'âge. Quoi qu'il en soit, ma philosophie restera toujours la même. C'est-à-dire pratiquer du beau jeu. J'adore le football offensif et de possession.
Même si parfois vous avez connu des défaites avec vos différents clubs, vous n'avez jamais renié votre philosophie en plus de 20 ans de carrière...
J-M.F. : Cela a beaucoup surpris dans le monde du football. Un jour, Omar Da Fonseca m'a dit : 'mais Jean-Marc, quand tu étais joueur, tu as passé 20 ans collés à la nuque de l'avant-centre. Comment fais-tu pour proposer du football offensif aujourd'hui ?'. Une fois, Rolland Courbis a dit sur RMC : 'lui, Furlan, c'était un serial killer, un vrai tueur à gages. Alors que maintenant, il prône un superbe football'.
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