Rennes - Julien Stéphan, une opportunité à saisir : "C'est un numéro 1 en puissance"

Une nouvelle tête va découvrir les bancs du championnat de France. Son nom vous parle forcément. Son père, Guy, vient en effet d'être sacré champion du monde au côté de Didier Deschamps. C'est désormais au tour de Julien Stéphan de se retrouver sous le feu des projecteurs. Encore une fois. Car si vous suivez un peu la L1, son prénom doit aussi vous dire quelque chose. Rappelez-vous en octobre dernier, Monaco avait tenté de l'arracher à Rennes pour lui offrir l'opportunité d'épauler Thierry Henry. Mais le Stade Rennais avait refusé de le lâcher, demandant une prime conséquente. Quelques semaines plus tard, il se retrouve sur le devant de la scène. Et cela intrigue.

Sur le papier, le jeune technicien de 38 ans a un profil plus que séduisant. "C'est un numéro 1 en puissance. Il est prêt", annonce Laurent Schmitt, agent sportif qui connaît bien le milieu du football breton. "C'est un formateur reconnu et de qualité", renchérit Patrick Rampillon, l'ancien directeur du centre de formation du Stade Rennais. Il ne s'agit pourtant pas d'un ancien pro. Il n'est pas non plus passé par la case adjoint d'un entraîneur de L1. Jusqu'à lundi, il était "simplement" entraîneur de la réserve de Rennes. Mais son parcours laisse penser qu'il a un coup à jouer sur le banc des Rouge et Noir. La preuve avec les mots du président rennais, Olivier Létang, mardi en conférence de presse : "Avec Julien, on se laisse les six matches (avant la trêve hivernale) et on fera le point à l'issue de ces six rencontres. Mais il y a une vraie volonté de l'installer dans la durée".

Après avoir laissé de côté sa carrière de joueur à 26 ans, Julien Stéphan, qui a joué en CFA et quelques matches à Toulouse en National, a en effet franchi à une vitesse impressionnante toutes les étapes du formateur modèle. Après s'être occupé des jeunes à Dreux (2005-2008) puis à Châteauroux (2008-2010) et à Lorient (2010-2012), il a été repéré par le Stade Rennais. "Quand il était à Lorient, je me suis amusé à être proche de son banc de touche pour découvrir son attitude pédagogique. Et je me suis aperçu qu’il était un individu de qualité avec une certaine valeur. Dans le discours et dans le jeu, c'était le style d'éducateur que l'on souhaitait au Stade Rennais", se rappelle Patrick Rampillon. Un point de vue partagé par Létang : "Il est jeune mais il est coach maintenant depuis 13 ans. J'ai eu le loisir de le regarder travailler, c'est un garçon qui a beaucoup de qualités et de compétences, qui est amoureux du Stade rennais, il a le sang rouge et noir".

Ambitieux, Julien Stéphan ne s'est alors pas arrêté en si bon chemin. Il a continué sa progression chez les Rouge et Noir. D'abord passé sur le banc des U19, il a pris en charge la réserve en 2015. Avec un certain succès. Car si cela est plus compliqué ces derniers temps, à l'image de ce début de saison poussif en National 3 (2 victoires, 2 défaites, 7 nuls), la réserve du Stade Rennais est quand même montée de CFA 2 à CFA avant de remporter le titre de champion de France CFA en 2017. "C'est un garçon compétent avec une âme de formateur. Il aime faire progresser les jeunes. Il a cette capacité à faire progresser et à faire éclater le talent des joueurs", explique Rampillon.

Aujourd'hui, Julien Stéphan va passer un nouveau palier. Sans grande surprise au final. Car son travail de formateur n'est pas passé inaperçu dans l'Hexagone. Il y a quelques temps, son nom a circulé pour rejoindre la formation du PSG. Il aurait été aussi dans les tuyaux pour accompagner Sylvain Ripoll quand ce dernier a pris en charge l'équipe de France Espoirs. Et Monaco est donc venu taper aussi à la porte en octobre. Conscient de son potentiel, et même si les relations avec Olivier Letang - le président exécutif du Stade Rennais - s’étaient un peu tendues depuis l’épisode avec Monaco, Rennes, où il est apprécié du propriétaire du club, a choisi de lui donner sa chance.

"C'est la suite logique. Il a bonifié beaucoup de joueurs qui ont permis au Stade Rennais d'avoir des résultats probants ces dernières années : les Gagnon, Diakhaby, Gélin, Léa-Siliki… Il a su très bien les accompagner", explique ainsi Laurent Schmitt, qui est un proche du technicien et le compare à Mauricio Pochettino pour son approche du jeu mais aussi ses attitudes sur le bord du terrain.

Apprécié par ses joueurs, bon communicant, exigeant au quotidien et doté d'une "capacité à captiver" d'après Schmitt, Julien Stéphan va devoir relever un sacré défi. Celui de s’adapter au haut niveau qu'il connait par le prisme de son père. "Aujourd'hui, il a prouvé ses valeurs d'éducateur-formateur. Maintenant, c'est à lui de prouver qu'il peut s'adapter au monde pro. C'est lui qui donnera la réponse", estime Patrick Rampillon. "Toutes ses équipes ont progressé lors d'une saison. J'espère qu'il aura le temps de le démontrer au haut niveau", conclut Schmitt. Mais avec un déplacement à Lyon ce mercredi, la réception de Dijon samedi et surtout un match capital contre Astana jeudi prochain en Ligue Europa, il n'a justement pas tant de temps que ça…