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15 avril 2000 : Monaco rêvait d'un long règne, il n'a eu qu'une courte épopée

Vincent Bregevin

Mis à jour 14/04/2020 à 23:19 GMT+2

LIGUE 1 - Il y a vingt ans, Monaco enlevait le septième titre de champion de France de son histoire au bout d'une saison éblouissante. L'ASM avait une attaque de feu emmenée par le carré Giuly-Gallardo-Simone-Trézéguet et un groupe jeune et talentueux, taillé pour dominer le football français sur plusieurs années. Mais cette belle histoire n'a duré qu'une saison. Explications.

Marco Simone (Monaco) face à Nancy, le 15 avril 2000

Crédit: Getty Images

Ce n'était pas son meilleur match de la saison. Loin de là. Mais l'essentiel était ailleurs. Il ne manquait qu'un point à Monaco. Un nul face à Nancy pour décrocher un septième titre de champion de France sous forme de consécration. Celle d'une équipe portée par l'enthousiasme de sa jeunesse et le talent de ses étoiles. Parmi elles, il y avait Marco Simone. Au bout d'un débordement rageur dans le temps additionnel, l'Italien avait offert le but de la délivrance à un attaquant croate qui allait refaire parler de lui. Dado Prso s'était arraché pour égaliser (2-2). Et le Rocher pouvait s'embraser.
Il y avait de tout en ce 15 avril 2000. D'abord une extase illustrée par l'envahissement de la pelouse du stade Louis-II ou la joie d'un Jean-Louis Campora franchement dévêtu dans le vestiaire de l'ASM. Rarement le président monégasque de l'époque s'était montré aussi démonstratif. Il y avait de quoi. Parce que peu d'équipes avaient brillé d'un éclat aussi resplendissant que celle dirigée par Claude Puel pour marquer le nouveau millénaire. Mais surtout parce que ce sacre annonçait un avenir radieux pour le club de la Principauté. Cela ressemblait trop au début d'une ère rouge et blanche.
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David Trézéguet (Monaco) face à Bordeaux - 2000

Crédit: Getty Images

Pourquoi était-ce la promesse d'un règne sur la durée

  • L'ASM, c'était l'avenir
Monaco n'avait pas seulement un groupe particulièrement dense. Ce qui frappait le plus avec l'effectif monégasque, c'était son potentiel incarné par la charnière Marquez-Christanval (20 ans chacun), David Trézéguet (21 ans), Willy Sagnol (22 ans), Costinha (24 ans), Martin Djetou (24 ans), Ludovic Giuly (22 ans) ou Marcelo Gallardo (23 ans). De la jeunesse, il y en avait aussi sur le banc avec John Arne Riise (18 ans), Pontus Farnerud (19 ans) ou Pablo Contreras (20 ans). Au milieu de cette classe biberon, Fabien Barthez (28 ans), Philippe Léonard (25 ans) et Sabri Lamouchi (27 ans) faisaient presque figures d'anciens. Et Marco Simone était le seul trentenaire parmi les titulaires.
  • Un mot clé : la complémentarité
La jeunesse du groupe monégasque laissait place à quelques sautes de concentration. Mais cela n'avait pas empêché Claude Puel de bâtir une machine irrésistible dans un 4-4-2 très offensif. En portant une attention particulière à la complémentarité des binômes. Le duo d'attaque Simone-Trézéguet en restera le meilleur exemple. Mais il ne doit pas masquer l'efficacité de la paire de récupérateurs, où Lamouchi a excellé dans un rôle de relayeur offensif avec un travailleur de l'ombre comme Costinha pour le soutenir. Avec la capacité d'accélération de Giuly et le génie de Gallardo, Monaco avait aussi de la diversité dans la créativité. Cette alchimie lui a donné ce collectif dominant.
  • Gallardo, mais pas que
Arrivé à l'été 1999, Marcelo Gallardo a éclaboussé la France de tout son talent dès sa première année dans l'Hexagone. Sur sa vista, ses prises de balles et cette capacité à expédier le ballon où il le désirait de son pied droit magique, El Muneco (la poupée) a illuminé le jeu monégasque. L'Argentin a mérité d'être élu meilleur joueur du championnat. Même si Marco Simone, avec 21 buts et 15 passes décisives, était le joueur le plus décisif de l'ASM dans la meilleure saison de sa carrière. Mais ils étaient loin d'être les seules individualités marquantes de cette équipe monégasque. De Barthez à Trézéguet en passant par Marquez, Christanval, Lamouchi ou Giuly, Monaco avait des stars dans toutes les lignes. Et ainsi de quoi rêver à des lendemains encore plus glorieux.
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Marcelo Gallardo - Monaco - 2000

Crédit: Getty Images

Comment cette promesse s'est envolée

  • Les séquelles du Vélodrome
Le début de la fin remonte à une semaine avant le sacre de Monaco. A Marseille, l'ASM a perdu bien plus qu'un match face à un OM en lutte pour le maintien (4-2). De la fameuse altercation entre l'entraîneur adjoint marseillais Christophe Galtier et Gallardo à la mi-temps, il est aussi resté un manque de soutien des dirigeants monégasques que le joueur argentin a peu goûté. Et les reproches de Puel à l'encontre de Barthez, jugé un peu trop complaisant avec son ancien club. Au Vélodrome, les liens qui unissaient le groupe monégasque se sont distendus d'une manière irréversible, posant ainsi les jalons d'une saison calamiteuse avant même l'acquisition du titre.
  • Un mercato meurtrier
Au début du printemps 2000, seul le départ de Trézéguet semblait acquis. Mais l'avant-centre monégasque, transféré à la Juventus, ne sera pas le seul à quitter le navire quelques mois plus tard. Les tensions entre Puel et Barthez s'étaient suffisamment détériorées pour que l'autre champion du monde 1998 prenne lui aussi le large en direction de Manchester United. Moins médiatisés, les départs de Willy Sagnol au Bayern Munich et de Sabri Lamouchi à Parme avaient cependant grandement affaibli l'effectif et le collectif de l'ASM. Recrutés pour les remplacer, Shabani Nonda, Stéphane Porato, Christian Panucci et Ousmane Dabo n'avaient pas répondu aux attentes. Et Monaco avait chuté de manière vertigineuse pour boucler la saison 2000/01 à la 11e place du classement.
  • La culture de la parenthèse
Si cette année 2000 n'est finalement restée qu'une parenthèse au lieu de marquer le début d'une ère monégasque, c'est aussi parce que ce club a cette étiquette. Monaco est une place forte du football français et a contribué à sa gloire en offrant des épopées magnifiques. Mais l'ASM a trop souvent affiché ses limites à dominer sur la durée pour que ce défaut ne semble pas inscrit dans ses gênes. C'est particulièrement net au XXIe siècle. Comme un symbole, il a débuté le millénaire en écrivant une histoire magnifique. Mais une histoire d'une saison. Le club de la Principauté a finalement dû patienter 17 ans pour reconquérir un titre de champion de France. Et ce n'est pas forcément un hasard s'il n'a pas su le confirmer.
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Ludovic Giuly (Monaco) face à Metz - 2000

Crédit: Getty Images

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