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Le "Champions Project" passe aussi par la formation : où en est l'OM ?

Cyril Morin

Mis à jour 04/05/2020 à 12:27 GMT+2

LIGUE 1 - Mis sous le feu des projecteurs avec le départ acté d'Isaac Lihadji vers Lille, le centre de formation de l'OM continue de subir des critiques. Logique au vu de son rendement décevant sur la dernière décennie. Mais avec les exemples Boubacar Kamara et Maxime Lopez, est-ce parti pour changer ?

Maxime Lopez et Boubacar Kamara, les dernières réussites du centre de formation de l'OM

Crédit: Eurosport

"Personne n'arrive à comprendre pourquoi l'OM ne sait pas sortir de jeunes". La sentence vient de Pape M'Bow, produit de la formation olympienne et rare à avoir émergé en équipe professionnelle lors de la décennie passée. La question est légitime. Et revient à intervalles réguliers : Marseille a-t-il un problème avec son centre de formation ? A première vue, difficile d'aller contre ce postulat.
Le simple jeu de la comparaison avec son rival lyonnais fait mal. "Avec Lyon, c'est le jour et la nuit, y'a pas photo", nous concède facilement Julien Fabri, minot pur jus. D'un côté, une flopée de cracks, tous revendus à prix d'or après avoir apporté énormément sportivement parlant. De l'autre, un club qui valorise mal ses jeunes actifs, se fait chiper son plus beau diamant et qui vit sur le souvenir de Samir Nasri, dernier minot offensif à avoir enflammé le Vélodrome. Forcément, la balance penche très nettement d'un côté.
"Le problème, c'est que l'OM a eu le déclic plus tard que les autres", nous explique encore Julien Fabri. Un retard à l'allumage volontiers concédé par Olivier Jannuzzi, entraîneur U18 du club : "L'OL a de l'avance. Ça fait plusieurs années qu'ils ont cette expérience et leur politique de formation a été plus importante ailleurs". Ailleurs, c'est justement là que les promesses du vivier marseillais ont longtemps décidé d'aller se former.
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Isaac Lihadji, le minot qui a refusé de signer pro à l'OM

Crédit: Getty Images

Retenir les meilleurs jeunes du vivier, le vrai défi olympien

Difficile en effet de comprendre comment le vivier du bassin méditerranéen échappe à l'OM qui devrait attirer, simplement sur son glorieux passé. Mais la situation est loin d'être aussi facile. "Pour moi, le souci c'est que les jeunes ont peur de venir à Marseille, nous explique Baptiste Aloé, minot passé par toutes les cases à l'OM. Quand on a 14, 15 ans, si on a Montpellier, Marseille ou Nice et Monaco qui nous appellent, on préfère aller à Montpellier par exemple".
Et le défenseur, désormais en Belgique, de prendre exemple sur une génération dorée que l'OM a raté : "Regardez le nombre de joueurs du Sud qui jouent en professionnel, il y a en a énormément, avance-t-il. Le souci vient des parents qui veulent épargner leur enfant de l'environnement marseillais. A 14, 15 ans, j'en connais pas mal qui préfèrent aller ailleurs. Regardez l'effectif de Montpellier champion en 2010 : il y Stambouli, Cabella ou Belhanda qui viennent de la région ! Ces gars-là, je pense qu'ils ont eu la possibilité de jouer à Marseille mais ils ont préféré aller à Montpellier. Ils ont gagné la Gambardella et, deux années après, ils sont champions de France".
Les cas sont légion et prouvent que, sur ses terres, l'OM souffre d'un clair déficit de réputation. C'est d'ailleurs l'un des principaux points mis en avant par Jacques-Henri Eyraud lors de la refonte du centre de formation en 2019 avec notamment l'arrivée de Nasser Larguet. "Un plan régional, ‘OM Next Génération', a été mis en place pour renouer les contacts avec tous ces clubs du bassin, détaille Jannuzzi. Pour que les meilleurs joueurs de ce bassin-là viennent à l'OM. Pour que les Marseillais soient à Marseille, tout simplement".
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"Le cas Niang en est le symbole : l'OM n'a plus qu'une seule arme sur le mercato"

Un plafond de verre plus épais qu'ailleurs ?

Voilà le premier défi pour la direction marseillaise. Il est de taille. Mais il n'est pas unique. Car du talent, l'OM en a dans ses équipes de jeunes. Reste à savoir le mettre au service du groupe pro. Et là, c'est une autre histoire.
Traditionnellement, à Marseille, on fait dans le clinquant. "La stratégie du club pendant longtemps a été d'acheter des joueurs, plutôt que de miser sur son centre", détaille encore Aloé. En clair, des transferts de joueurs pas toujours à la hauteur ont longtemps bloqué l'avenir de certaines jeunes pousses qui ne demandaient qu'à grandir. "C'est vrai que le plafond de verre est peut-être plus épais", concède Jannuzzi.
Mais, promis, juré, les choses sont en train de changer. "La volonté est désormais de s'appuyer aussi sur la formation, explique l'entraîneur U18. Cette année, on a vu Lucas Perrin faire des bouts de matches. Sur le banc, on voit quand même aussi des jeunes du centre. Ce sont des choses qui ne se voyaient pas forcément par le passé. Le club tend à essayer de se rapprocher de ça".

"Quand je vois les prix annoncés pour Kamara…"

Une nouvelle politique que les anciens minots suivent également de près. "Maintenant, je vois souvent des jeunes sur le banc ou faire des entrées en jeu, détaille Pape M'Bow. Il faut juste changer cette politique car former des jeunes, ça rapporte beaucoup. Quand je vois les prix annoncés pour Kamara, c'est tout bénéfique pour l'OM".
Tout bénéfique et tout nouveau. Car cette saison, deux hommes ont compté dans la belle saison sportive marseillaise. Maxime Lopez, quatrième homme du milieu de terrain mais surtout Boubacar Kamara, défenseur central à l'adaptation royale en sentinelle. Deux minots marseillais qui font la fierté du Vélodrome et les affaires de la direction, qui réalisera sans aucun doute de jolies plus-values quand le temps sera venu.
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Boubacar Kamara

Crédit: Getty Images

Alors, vraie tendance ou exceptions ? "Si tous les deux ans on a un Kamara, ça sera déjà pas trop mal, sourit Olivier Jannuzzi. Le président a insisté dessus car l'époque qui a changé. Au-delà des cas individuels, voir certains jeunes percer en équipe première, ça donne un exemple aux autres joueurs du centre de formation. 'Si lui y est arrivé, pourquoi pas moi ?', se disent-ils. Cela permet aussi d'attirer d'autres joueurs de la région. Et ça, c'est primordial".
Il n'est pas anodin, d'ailleurs, de voir l'OM mentionner une réussite rare dans son communiqué de satisfaction publié samedi. "Le club souligne à quel point la formation de l'Olympique de Marseille a franchi une nouvelle dimension et se situe désormais au centre du projet, détaille le texte. La saison 2019/20 a en effet confirmé de façon éclatante la place qu'occupaient désormais dans l'effectif les meilleurs jeunes talents formés à l'OM. En effet, près de huit jeunes joueurs issus du centre de formation ont fait partie intégrante de l'effectif professionnel cette saison, une première au 21e siècle". Oui, l'OM a du retard. Mais rien n'interdit d'essayer de le combler.
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