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Ligue 1 - AS Monaco, la grande nébuleuse

Martin Mosnier

Mis à jour 20/07/2020 à 13:33 GMT+2

LIGUE 1 – Le licenciement surprise de Robert Moreno entretient le flou qui entoure l’AS Monaco. Empêtré dans une politique sportive nébuleuse, piégé par des mercatos ratés et une masse salariale pharaonique, le champion de France 2017 navigue à vue et aura bien du mal à maintenir des ambitions sportives dignes de son statut.

La conférence de presse de rentrée de l'AS Monaco

Crédit: Getty Images

18 juillet 2020, Robert Moreno n'est plus entraîneur de Monaco. La Ligue 1 a été suspendue mi-mars, arrêtée définitivement fin avril, reprendra fin août. Mais l'ASM, qui ne fait décidément rien comme les autres, a donc licencié son coach lors de la préparation. Il fut un temps où les entraîneurs risquaient leur peau sur les résultats du week-end et du milieu de semaine pour les plus doués d'entre eux. Désormais, ils n'ont plus aucun répit. L'ASM va donc introniser son quatrième entraîneur en deux ans.
De Thierry Henry en 2018 à Niko Kovac en 2020, l'instabilité témoigne à la fois d'un manque de discernement lorsqu'il s'agit de choisir la pièce maîtresse du puzzle mais aussi le flou qui règne autour du projet en général et sportif en particulier. A quoi joue l'AS Monaco aujourd'hui ? Le club coule depuis son titre de champion de France 2017 et a, en trois ans, changé de vice-président, plusieurs fois de directeurs généraux, de directeurs sportifs, d'entraîneurs. Avec 61 joueurs sous contrat, il est devenu une caricature de lui-même : un projet purement spéculatif où le sportif passe assez largement au second rang.
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William Vainqueur, Cesc Fabregas, Naldo, Fode Ballo Touré, recrues monégasques du mercato d'hiver 2019, posent avec leur nouveau maillot - 16 janvier 2019

Crédit: Getty Images

Hall de gare

Cela tombe plutôt bien puisque qu'en 2019, l'ASM, 17e, s'est sauvée in extremis et, cette année, elle a échoué dans un ventre mou (9e) qui ne correspond ni à son histoire ni à ses moyens du moment. Des résultats qui sanctionnent d'abord des investissements douteux et des intentions de jeu nébuleuses. Le sportif ne dirige rien et s'adapte aux flots incessants de transactions. 35 arrivées, 59 départs depuis l'été 2018 : Monaco est devenu un hall de gare. Comment construire, fixer un objectif, établir un projet collectif avec un effectif aussi mouvant ?
La ligne directrice est claire depuis quelques années : faire grandir des promesses et les revendre à coups de plus-values gigantesques à la manière de la génération championne de France qui a copieusement garni les caisses (Bernado Silva, Thomas Lemar, Benjamin Mendy, Fabinho, Kylian Mbappé etc.). Une génération présentée comme un modèle qui masque une réalité bien plus pauvre depuis.

Après la jeunesse dorée, la jeunesse gâchée

Hormis Youri Tielemans, miraculeusement vendu 45 millions d'euros malgré des prestations franchement moyennes en Ligue 1, Monaco n'a plus signé de ventes XXL. Faire grandir, progresser et exposer les jeunes est devenu impossible dans un effectif surpeuplé. Les successeurs d'Anthony Martial et de Kylian Mbappé se font attendre. Plutôt que de lancer les talents de demain, Monaco les gâche. Hormis Benoît Badiashile, Monaco n'a valorisé aucun jeune depuis le départ de Mbappé et ce n'est pourtant pas faute d'en avoir recruté en masse.
Prodige de la Masia, Jordi Mboula, gêné par les blessures, n'a jamais décollé. Son prêt à Huesca, promu en Liga, lui a permis de disputer huit matches dont sept depuis juin. Robert Navarro, grand espoir du Barça lui aussi, est déjà reparti après une seule apparition en Coupe de France. Constamment blessés, Willem Geubbels et Pietro Pellegri, deux des jeunes de moins de 16 ans les plus chers du monde et arrivés sur le Rocher contre 45 millions d'euros à eux deux, ont joué huit bouts de matches pour un but. Robert Moreno semblait enfin les avoir intégrés à son groupe durant la préparation. Mais le changement de coach pourrait tout remettre à plat.
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Pietro Pellegri sur le banc de l'AS Monaco

Crédit: Getty Images

La grande braderie

Comme Monaco ne parvient pas à s'enrichir sur ses jeunes, comme la masse salariale est plombée par un effectif pléthorique et des joueurs aux revenus gigantesques mais aux prestations minuscules (Cesc Fabregas, Kamil Glik, Keita Baldé), comme les finances ont fondu avec les indemnités colossales versées aux entraîneurs limogés (6 millions pour Moreno et son staff), tout l'effectif est à vendre et une partie sera forcément bradée au vu de l'urgence à dégraisser.
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Wissam Ben Yedder lors du match entre le PSG et Monaco, le 12 janvier 2020 au Parc des Princes.

Crédit: Getty Images

Rare arrivée à avoir apporté une plus-value sportive et plus grosse valeur marchande de l'ASM, Wissam Ben Yedder, qui doit parfois se demander ce qu'il est venu faire dans cette galère, fait bien sûr partie des candidats à un départ, un an seulement après avoir posé ses valises sur la Côte d'Azur. "On veut rester tout en haut et on travaille pour que Robert puisse aller vers les succès. Il y a eu beaucoup de changements chez les joueurs, dans le management. Mais ces changements nécessaires étaient pour le bien du club. Maintenant qu'ils ont été réalisés au niveau du management, je ne pense pas qu'il y en ait encore beaucoup", martelait Oleg Petrov, le vice-président, qui esquissait au début du mois sa stratégie pour redresser Monaco autour du duo Paul Mitchell, nouveau directeur sportif, et Robert Moreno. A Monaco, la vérité du jour est rarement celle du lendemain.
Reste Paul Mitchell, nouveau cerveau d'un projet qui ne s'est jamais remis du départ de Luis Campos, le dénicheur de talents et architecte principal, avec Leonardo Jardim, du titre de 2017. Celui qui a fait ses preuves dans la filière Red Bull à Salzbourg puis Leipzig va-t-il enfin mettre de l'ordre et dessiner une vraie marche à suivre ? Le départ de Moreno et l'arrivée de Kovac portent son empreinte. Monaco a besoin d'un homme fort pour incarner un futur. Mitchell peut être celui-ci.
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Petrov - Moreno - Mitchell, le trio qui devait incarner l'avenir de Monaco

Crédit: Getty Images

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