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Ligue 1 - Nouvel avant-centre de l'OM, Benedetto est-il vraiment un pré-retraité ?

Thomas Goubin

Mis à jour 05/08/2019 à 16:45 GMT+2

LIGUE 1 - Nouvel attaquant de l'OM, Dario Benedetto va découvrir l'Europe sur le tard, à 29 ans, et au terme d'une saison chiche en buts. Mais l'avant-centre de Boca Juniors a su relever plus d'un défi lors de sa carrière. Au point de dépasser ses propres attentes...

Dario Benedetto (Boca Juniors)

Crédit: Getty Images

Pour Dario Benedetto, c'était déjà une fin en soi. A l'été 2016, l'attaquant qui évolue alors au Mexique, à l'América, est approché par Boca Juniors, le club dont il a l'écusson tatoué sur la peau. Les négociations traînent, mais à 26 ans, Benedetto ne veut plus se contenter de porter les couleurs des Xeneizes sur sa hanche gauche. Comme l'América ne veut pas lâcher son attaquant pour moins de six millions de dollars et que Boca peine à réunir la somme demandée, Benedetto décide de faire un fleur à son club de cœur et met un million de sa poche. Le prix de son rêve.
La Bombonera, le stade où il vibrait gamin, est toutefois loin de recevoir l'ex-attaquant de Tijuana (2013-2014) et de l'América (2015-2016) à bras ouverts. Des buts au Mexique, même inscrits à la pelle (34 en 82 matches de championnat) sont rarement considérés comme une garantie par le public argentin. D'autant que Benedetto vient, en plus, d'achever son séjour au pays d'Hugo Sanchez sur son plus maigre bilan, avec seulement un but inscrit lors d'un dernier tournoi semestriel où pépins physiques et efficacité en berne se sont cumulés. Toute ressemblance avec la situation actuelle ne serait pas forcément fortuite…
Mais Dario Benedetto a bien plus qu'un attachement aux couleurs à proposer à la Bombonera. Avec sa puissante frappe du droit qui lui permet de ne pas seulement se montrer dangereux dans la surface, et son excellent jeu de tête malgré une taille modeste (1,75m), cet attaquant travailleur va survoler le championnat argentin. Avec 21 buts inscrits en 25 matches, El Pipa, son surnom, termine en tête du classement des buteurs et est sacré champion avec Boca. A 27 ans, il boucle la meilleure saison de sa carrière.
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Dario Benedetto (Boca Juniors)

Crédit: Getty Images

L'Albiceleste, trop grande pour lui ?

En pleine bourre, Benedetto commence même à être considéré comme un recours pour une Argentine bien mal embarquée dans ses éliminatoires. Un costume un peu trop grand pour lui. Appelé par Jorge Sampaoli pour les quatre derniers rendez-vous qualificatifs, Benedetto ne fera pas mieux que des joueurs aux CV bien plus ornementés, comme Higuain, Agüero, ou Icardi, mais il semble alors dans le bon wagon pour participer à la Coupe du Monde 2018. Benedetto doit alors se pincer pour y croire. Car une telle échéance n'était pas vraiment au programme pour un joueur comme lui, qui s'était révélé en 2011 après avoir inscrit 11 buts en 20 matches avec un club des Andes de deuxième division, le Gimnasia de Jujuy, avant d’occuper la pointe d'Arsenal Sarandi, modeste institution de l'élite.
C'est finalement au Mexique que Benedetto va faire son trou. Il y gagne mieux sa vie, mais surtout, il s'impose instantanément comme l'une des meilleures gâchettes du championnat, au point d'être rapidement acheté par l'América, le club le plus titré du pays. Avec les Aguilas, ses qualités de percussion sont souvent utilisées sur le côté droit dans un 4-3-3, pour laisser l'axe à l'idole locale, Oribe Peralta. Tout juste naturalisé, Benedetto se disait alors prêt à porter le maillot du Mexique. Pour ce joueur peu connu en Argentine, l'Albiceleste ressemblait alors à une chimère.
Même à Boca Juniors, El Pipa ne pensait pas forcément laisser une trace. "Je me voyais venir à Boca et y gagner un titre, déclarait-il à Pagina 12 en février 2018, mais jamais je n'aurais imaginé être le meilleur buteur du championnat, que les gens scandent mon nom et être sélectionné. Tout cela me dépasse." Goledador anti-star, Benedetto dit ressembler sur le terrain à sa mère, ex-attaquante dure au mal décédée d'une crise cardiaque en regardant un match du petit Dario, alors âgé de 12 ans. Un traumatisme qu'il su dépasser. Comme il a réussi à se ne pas se laisser abattre après s'être fait les croisés au genou droit le 19 novembre 2017 face au Racing de Lisandro Lopez. Celui qui intéressait alors le Milan AC, l'Inter, et la Roma, mais tenait à jouer la Copa Libertadores avec Boca, ne sera pas de la Coupe du Monde et ne retrouvera la compétition qu'en août 2018.

Un prix trop élevé ?

Depuis, ses statistiques sont loin des standards de sa première saison référentielle. Mais c'est tout Boca qui a décliné lors d'une dernière saison terminée à la 3e place du championnat, avec un changement d'entraîneur à mi-course. Pas toujours titulaire mais parfois capitaine, Benedetto n'a inscrit que deux buts en Superliga, mais il avait toutefois répondu présent de manière spectaculaire à l'automne 2018 lors de la finale de Libertadores contre River Plate, en inscrivant deux des trois buts xeneizes. A l'aller, c'est lui qui ouvrait le score alors qu'il avait débuté la rencontre sur le banc. Au retour, l'attaquant au crane rasé se signalait à nouveau au tableau d'affichage, même s'il ne pouvait empêcher la défaite traumatisante des siens. Plutôt que de le penser comme fini, il faudrait peut-être mieux considérer qu'El Pipa vient de vivre une saison de transition. "Pour moi, c'est juste une mauvaise passe, a ainsi déclaré à Fox Sports, l'ex-attaquant de Lens et de River Plate, Esteban Fuertes. Benedetto ne baisse jamais les bras, il s'est battu toute sa vie, et jouer en Europe le motive."
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Dario Benedetto (Boca Juniors)

Crédit: Getty Images

A 29 ans, Benedetto va donc à découvrir Europe sur le tard, mais l'attaquant est encore loin de ressembler à un pré-retraité. Vaut-il pour autant les 16 millions d'euros dépensés par l'OM ? Le montant peut paraître élevé pour un joueur arrivé à Boca pour cinq millions d'euros, mais le marché mondial s'est emballé depuis, et la panoplie de buteur de l'Argentin est on ne peut plus complète : frappe des vingt mètres, filouteries de renard, coup-francs meurtriers, ou reprises acrobatiques.
Pas maladroit dans le jeu court et intelligent dans ses déplacements, il semble aussi capable de s'associer avec un attaquant comme Valère Germain. Bien évidemment, l'idéal pour l'OM aurait été de signer El Pipa il y a deux ans, mais le goleador dur au mal semble avoir le profil pour réussir en Ligue 1. S'il fallait le comparer à un attaquant de notre championnat, on le rapprocherait d'un Andy Delort, un brin moins puissant mais plus fin techniquement. Après avoir conquis la Bombonera, Benedetto va t-il électriser le Vélodrome ?
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