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Un rachat par de riches investisseurs peut-il sortir l'OM des griffes du fair-play financier ?

Glenn Ceillier

Mis à jour 03/07/2020 à 10:15 GMT+2

LIGUE 1 - Alors qu'un rachat de l'Olympique de Marseille est évoqué ces derniers jours et que trois groupes d'investisseurs seraient sur les rangs, une question s'impose : est-ce que cela pourrait tout changer du jour au lendemain pour l'OM face aux limites imposées par le fair-play financier ?

André Villas-Boas lors de Marseille - Rennes, le 29 septembre 2019

Crédit: Getty Images

La vente de l'Olympique de Marseille a animé les débats depuis quelques jours. La perspective de voir de nouveaux investisseurs débarquer sur la Canebière avec des comptes en banque bien remplis pour prendre la tête du club a de quoi faire saliver de nombreux supporters phocéens. Cependant si un rachat a bien lieu, ce ne serait pas forcément une révolution fracassante. Car l'ombre du fair-play financier, qui encadre étroitement les injections de capitaux de la part des propriétaires, plane encore et toujours sur la Bonne Mère.
Depuis son instauration en 2011, le fair-play financier, dont le but est d'assainir un univers qui n'a pas souvent su se montrer raisonnable en termes de finances, impose aux clubs l'équilibre financier entre ce qu'ils gagnent et ce qu'ils dépensent. Mais très vite, il a été pointé du doigt par son manque d'équité pour les "nouveaux riches", incapables de lutter à armes égales pour rejoindre la cour des grands. "Si un nouveau propriétaire arrive avec 800 millions pour acheter du monde, il ne peut pas les sortir car il est limité par ce que son club gagne actuellement", résume Simon Le Reste, avocat d'affaires au barreau de Paris et docteur en Droit du Sport.
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Le stade Vélodrome, jardin de l'Olympique de Marseille.

Crédit: Getty Images

Les accords de règlements, une solution pour aider les nouveaux riches mais…

En 2015, l'UEFA a alors revu sa copie. D'abord en faisant passer sa limite de 45 millions euros pour les saisons 2013/14 et 2014/15 à 30 millions sur trois exercices. "Le fair-play financier a évolué depuis sa première mouture, notamment car c'était une entrave à l'entrée de nouveaux acteurs", raconte Simon Le Reste. "Le dispositif été assoupli car certains des investisseurs qui arrivaient dans le football se plaignaient de ne pas pouvoir avoir la capacité d'investir ou plus exactement de surinvestir à leur arrivée pour reconstruire ou enrichir des effectifs", renchérit Christophe Lepetit, responsable des études économiques au CDES de Limoges.
Dans cette perspective, l'UEFA a aussi consenti à mettre en place des accords de règlements entre l'Instance de contrôle financier des clubs (ICFC) et les clubs. "C'est une voie qui indique que les clubs reconnaissent contrevenir au dispositif du fair-play financier et que l'UEFA l'accepte sans sanction forte", décrypte Christophe Lepetit. "Il y a quand même des sanctions et des mesures (ndlr : amendes avec sursis ou sans sursis, limitation du nombre de joueurs inscrits dans les effectifs européens…) mais il n'y a pas d'exclusion de la Ligue Europa ou de la Ligue des champions. La contrepartie, c'est que le club qui signe un tel accord s'engage à revenir à l'équilibre ou dans le cadre des dispositions du fair-play financier selon un horizon temporel relativement proche, de l'ordre de 3 à 5 ans".
Il peut être signé dans la mesure où le retour à l'équilibre est un objectif atteignable.
Tout le problème est bien là pour de possibles riches investisseurs qui débarqueraient à Marseille. Ces derniers pourraient signer un nouvel accord de règlement car le propriétaire change. Mais ils ne pourraient pas surinvestir sans compter pour se renforcer. "Tout n'est pas complément possible, ajoute Christophe Lepetit. On peut imaginer qu'un nouvel investisseur arrive et mette 400 ou 600 millions selon sa surface financière, le souci c'est qu'il pourrait être sanctionné sans accord de règlement. Mais surtout, un accord de règlement prévoit un retour à l'équilibre dans un horizon temporel donné, de 3 à 5 ans. Il peut être signé dans la mesure où le retour à l'équilibre est un objectif atteignable. Si vous arrivez avec un déficit de 600 millions d'euros et que vous équilibrez peu car vous ne faites pas de transferts, ça risque d'être compliqué".
Frank McCourt, qui a quand même investi près de 300 millions d'euros depuis son arrivée à l'Olympique de Marseille en 2016, se garderait sûrement bien d'en glisser deux mots à de possibles acheteurs. Et pourtant, l'homme d'affaires bostonien sait très bien de quoi on parle. En juin 2019, Marseille avait annoncé avoir trouvé un accord de règlement avec l'UEFA et s'engageait à retrouver l'équilibre en 2023. Mais le déficit autorisé pour 2019 était d'ores et déjà dépassé : 91 millions au lieu des 50 millions négociés, ce qui a conduit l'OM devant l'ICFC et a une amende légère de trois millions d'euros dans ce contexte inédit créé par la pandémie.
Et si l'UEFA a adopté des "mesures d'urgence" afin de "tenir compte des répercussions négatives du Covid-19 sur les finances des clubs", la situation n'a pas changé du tout au tout. C'est juste un assouplissement "temporaire". "Si un riche propriétaire arrive, il va devoir investir plus intelligemment et être plus patient", résume Simon Le Reste. "Surtout à l'OM où vous n'êtes pas propriétaire de votre stade et où la capacité d'augmenter les revenus à court terme reste quand même aléatoire", conclut Christophe Lepetit.
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