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Ligue 1 - Marouane Chamakh : "Ils sont venus à Bordeaux pour gérer un club comme on gère une boulangerie"

Louis Gilles

Mis à jour 21/05/2021 à 13:14 GMT+2

LIGUE 1 - Ancien attaquant de Bordeaux, champion de France avec les Girondins en 2009, Marouane Chamakh est revenu sur la saison compliquée de son club de cœur à l'approche de la 38e journée. Entre son après-carrière, son avis sur King Street et son message pour les supporters, le Marocain s'est livré tout en honnêteté pour Eurosport, partageant aussi son désir de revenir au bord des terrains.

Marouane Chamakh sous le maillot des Girondins de Bordeaux

Crédit: Getty Images

Trois ans après votre retraite, que devenez-vous ? A 37 ans, comment gérez- vous votre après-carrière ?
Marouane Chamakh : Je la gère du mieux possible. C'est-à-dire que je prends beaucoup plus de temps pour ma famille et pour mes affaires personnelles. J'ai vraiment coupé pendant trois ans pour m'occuper de mes deux filles et de leur santé. Ça m'a permis de prendre du recul, de profiter, et je continue quand même à regarder le foot à la télé !
Ce n'est pas parce que je ne trouvais pas de club que j'ai arrêté le football. Je ne l'ai pas forcément dit, mais j'ai eu des propositions aux Etats-Unis, en Chine, au Moyen-Orient… Mais j'ai préféré tirer un trait et profiter de ma famille. Et je ne regrette absolument pas, car j'ai énormément appris et j'ai fait beaucoup de choses. Ces trois années sont passées aussi rapidement qu'une semaine !
Vous aviez déclaré à l’époque "ne pas envisager de revenir en tant que consultant ou entraîneur". On sent que ça a bien changé…
M.C : Oui exactement, cette coupure m'a fait énormément de bien mais je garde toujours un oeil sur le football, cette passion n'est jamais partie. Je passe mes premiers diplômes d'entraîneur au Maroc à partir de juin, ça fait plaisir.
Votre histoire est aussi liée aux Girondins. Comment expliquer que Bordeaux se soit retrouvé à jouer le maintien cette saison ?
M.C : Il n'y a pas d'illusions. S'il y a quelqu'un de pourri à l'intérieur du club, il va pourrir tout autour de lui. Mais quand même, si on avait prédit une fin de saison comme ça au début de l'année, personne n'y aurait cru. Je pense qu'il y avait un groupe cohérent, pour finir au moins en milieu de tableau. Le fait qu'ils se retrouvent dans cette position-là, que j'ai connue en 2004-2005, c'est très difficile. L'ambiance un peu morose autour du club, les tensions en interne, tout ça joue sur l'équipe c'est sûr.
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Marouane Chamakh (Bordeaux) lors de la saison 2009/2010

Crédit: Panoramic

On sait que le club va aussi mal "extra-sportivement". Comment avez-vous pris la nouvelle du départ de King Street le 22 avril dernier ?
M.C : C'était violent. On n'a pas compris, on a essayé de comprendre ce qui se passait. Avec un peu de recul, et le film des événements, on se dit : "ce qui devait arriver est arrivé". Depuis la reprise du club (en novembre 2018, NDLR), il y a quelque chose de malsain. Ce projet de spéculation, de "trading", ça ne paie plus. Ils sont venus avec l'intention de gérer un club comme on gère une boulangerie, et pour ça c'est sûr que je leur en veux. C'est dur à avaler. Mais à deux mois de la fin de saison, alors qu'il restait quelques matches et que le club était en difficulté sportive, ce n'était clairement pas le moment propice à ce genre d'annonce. Il fallait au moins laisser le club essayer de se maintenir.
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Bordeaux peut-il faire faillite ? "Le risque est là..."

Et au niveau politique ?
M.C : On attendait aussi beaucoup du maire de Bordeaux (Pierre Hurmic, ndlr), et de son entente avec la nouvelle direction, mais là aussi il n'y a eu que des paroles en l'air. Quand il est entré dans les discussions, je pensais vraiment qu'il allait apaiser la situation, mais au final il a énormément déçu. Il dit avoir "renoué les liens entre les supporters et les dirigeants", mais on a pu voir que ça n'a rien changé.
Comment voyez-vous le futur des Girondins à court terme ?
M.C : Déjà, on a fait entrer le loup dans la bergerie, et il fallait s'en débarrasser. Le plus important aujourd'hui, c'est de trouver un repreneur qui empêche une relégation administrative et protège les salariés du club. On ne peut pas laisser Bordeaux finir en National 3. Il faut quelqu'un qui soit là par passion, qui comble le déficit tout en prenant du plaisir, sans penser uniquement au bénéfice.
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Jimmy Briand lors du match opposant Saint-Etienne à Bordeaux, le 11 avril 2021, en Ligue 1

Crédit: Getty Images

Croyez-vous à un projet ambitieux ?
M.C : J'y crois de moins en moins. Chaque saison, on rêve d'un retour en Ligue des champions, du Top 3, etc. Je n'espère pas grand-chose pour la saison prochaine, de toute façon il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, ça dépendra du repreneur et de ses objectifs. Maintenant, évidemment qu'on aimerait bien un investisseur qui viendrait injecter des millions dans le club. On en rêverait ! Mais pas trop fort, parce que dans ce monde opportuniste, je prends du recul et je me méfie.
Vous avez connu Jean-Louis Gasset comme adjoint de Laurent Blanc au cours de votre passage à Bordeaux, comment expliquez-vous qu'il n'ait pas réussi sportivement cette saison ?
M.C : Premièrement, je veux dire que j'ai un énorme respect pour Jean-Louis Gasset. Pour moi, c'est l'homme de la situation. S'il y a un mec pour tirer le meilleur de tous les joueurs, c'est bien lui. Ça m'a surpris en voyant des défaites 3-0, 4-0 cette saison… Moi je connais son tempérament, quand j'étais à Bordeaux et qu'on perdait, c'était chaud ! Il n'était pas bien, il n'arrivait même pas à manger parce qu'il avait la boule au ventre. C'est quelqu'un de vraiment passionné, et je connais sa manière de gérer un collectif, c'est pour ça que cette saison est d'autant plus surprenante. Pour moi, il est peut-être le seul à avoir pu gérer autant de choses ces dernières semaines. Il est sûrement la raison pour laquelle le club est presque maintenu. Sans lui, on aurait peut-être déjà été en Ligue 2…
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Jean-Louis Gasset et Marouane Chamakh ont été amenés à travailler ensemble pendant le passage du Marocain à Bordeaux

Crédit: Getty Images

Sportivement, Bordeaux est presque sauvé. Vous allez regarder leur dernier match contre Reims dimanche ?
M.C : Franchement, je ne sais pas. C'est trop dur de regarder les Girondins. Sur chaque action, j'ai l'impression qu'il peut se passer le pire. Je préfère regarder les autres matches, ça me fera plus plaisir de savoir ce qui se passe ailleurs, parce que Bordeaux, c'est vraiment trop dur !
Est-ce vous avez un message pour les supporters, qui se sont montrés très présents dans le soutien aux Girondins de Bordeaux ?
M.C : Bien évidemment. J'ai toujours eu un lien particulier avec les supporters de Bordeaux. Ils ont toujours été derrière le club, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, et ils avaient raison dès le départ. Ils ont été les premiers à avoir lancé un message concernant la situation, et personne ne les a écoutés. On a fait semblant de les entendre, et on leur a fait des promesses pas tenues. Je suis très content pour eux, de la réaction qu'ils ont eue, et de l'action qu'ils ont menée depuis le départ des Américains. J'espère que ça va aller, qu'on va vite oublier cette saison, pour mieux repartir l'année prochaine. Pour moi, il faut absolument qu'un ou deux supporters soient dans le conseil d'administration du nouveau repreneur. C'est primordial pour le club. Ils sont là pour les Girondins de Bordeaux depuis le départ, eux, et ils méritent d'être écoutés.
Vous passez donc vos diplômes d'entraîneur sous peu. Entraîner Bordeaux un jour, c'est envisageable selon vous ?
M.C : C'est envisageable à 100% ! Mais je ne veux pas me précipiter. Je passe mon premier diplôme en juin, et je veux l'obtenir pour pouvoir d'ici 5-10 ans, si jamais je veux entraîner, avoir le bagage nécessaire pour le faire. Mais mon rêve, bien sûr, ce serait d'entraîner les Girondins, pour y apporter ce que j'ai appris, et ma façon de voir le football. J'espère bientôt être de retour au bord des terrains !
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Marouane Chamakh et Bordeaux, une histoire d'amour à prolonger ?

Crédit: Getty Images

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