Ligue 1 – Wissam Ben Yedder, l’intermittent du spectacle en route pour détrôner Mbappé

C’est l’histoire d’un paradoxe. Le meilleur buteur de la Ligue 1 cuvée 2021/2022 est français. Un nom résonne alors instinctivement à l’esprit mais Kylian Mbappé et sa soif de lauriers doivent pour l’heure se contenter de la troisième marche (12 buts). Surprise, l’artificier en chef de la Ligue des Talents est un intermittent du terrain, Wissam Ben Yedder. Avec 14 réalisations, l’international français (16 sélections) domine la scène nationale sans même faire l’unanimité au sein de sa propre formation. Même si des jours heureux s’annoncent depuis la venue de Philippe Clément sur le Rocher, le statut singulier du Tricolore a de quoi interroger.

Liés par le destin, l’AS Monaco et Wissam Ben Yedder (31 ans) ont partagé la frustration de ne pas avoir réussi à forcer la décision contre Borrdeaux le week-end dernier (1-1), une semaine après ne pas être parvenus à faire sauter le verrou lorientais (0-0). Un léger sevrage pour le natif de Sarcelles, buteur lors de ses quatre dernières sorties (5 buts) avant la réception des Bretons. Le capitaine des Rouge et Blanc pouvait néanmoins se consoler avec une quatrième titularisation de rang en championnat, une première depuis le 7 novembre 2021. Naturellement, le Tricolore est candidat à une place à la pointe de l’attaque monégasque contre Reims dimanche (13h00).

Gare aux conclusions hâtives. Le boulevard accordé au Français sur le front de l’attaque pourrait coïncider avec les malheurs de Myron Boadu. Mis en concurrence avec Ben Yedder, la jeune recrue néerlandaise (21 ans) a disparu du paysage, écarté du pré vert depuis une blessure à l’ischio contractée à Nantes (0-0, le 9 janvier). Avant les pépins, Boadu a gratté quelques titularisations (6), en balance avec Kevin Volland (15). Souvent décevant, coupable d’un manque d’adresse dans le dernier tiers, l’international Oranje (1 sélection) a progressivement vu ses minutes s’égrener.

Recruté sous le mandat de Niko Kovac, le Néerlandais a pu compter sur la patience de son entraîneur, pas effrayé d’écarter du onze son numéro 10. Lorsque Boadu est rattrapé par sa stérilité dans la surface, le duo Ben-Yedder-Kevin Volland est appelé en renfort. Davantage considéré comme un remplaçant de luxe, et bien qu’ennuyé par sa situation, Ben Yedder n’a pas cherché à déjuger son entraîneur, enchaînant les pions en sortie de banc (4).

En décalage avec son vestiaire, dont il s’est mis une partie à dos, Kovac a été remercié le 30 décembre dernier. Son successeur, Philippe Clément, a posé ses valises pleines d’idées claires et d’une vision extatique du jeu. L’arrivée du technicien belge début janvier a coïncidé avec le retour progressif de Ben Yedder dans le onze.

D’abord gêné par une infection au Covid, l’ancien sévillan a rapidement conquis son nouveau coach. "Wissam était déjà très important les semaines passées. Pas seulement parce qu’il marque beaucoup de buts. Mais aussi dans le jeu, car il est disponible entre les lignes et il est capable de faire des passes décisives. Il fait aussi très peur à l’adversaire et arrive ainsi à créer des espaces intéressants autour de lui", a apprécié, admiratif, le coach du club de la Principauté avant la rencontre face à Lorient.

Fan, le Flamand a légué une liberté créative au Français, neuf polyvalent et altruiste, désormais en pleine confiance. "Le coach nous soutient beaucoup, nous pousse à jouer vers l’avant et nous laisse de la liberté pour nous exprimer sur le terrain, peu importe l’équipe que nous affrontons, confiait Ben Yedder avant la rencontre face aux Finistériens. Il y a une très bonne alchimie entre nous."

Entré en jeu sept fois lors de ses 23 rencontres disputées en championnat, Ben Yedder affiche des statistiques flatteuses : un but toutes les 104 minutes. Déjà buteur à vingt reprises la saison dernière (mais en 37 matches), le vainqueur de la Ligue des Nations a l’occasion de se faire une place à part dans l’histoire récente de la Ligue 1. Détrôner Mbappé - meilleur buteur des trois dernières éditions - c’est une chose. Mais le faire sans avoir débuté la grande majorité des rencontres relèverait d’une sacrée performance.