Avant Marseille - Lorient - Igor Tudor, qu'est-ce que c'est fort…

Faire mieux ou au moins aussi bien qu'une deuxième place en Ligue 1, succéder à Jorge Sampaoli, chouchou du Vélodrome et reconstruire une équipe privée, entre autres, de William Saliba, Boubakar Kamara, Steve Mandanda et Arkadiusz Milik. Le cahier des charges d'Igor Tudor à son arrivée à l'OM ressemblait à une mission impossible. D'autant que son maigre pedigree ne facilitait pas, a priori, son adoption dans un contexte aussi brûlant.

Six mois après son arrivée, et à mi-parcours de la saison, il a dépassé les espoirs, pourtant toujours un peu déraisonnables, d'un Vélodrome qui a fini par l'adopter. Accueilli par une bordée de sifflets lors du match inaugural face à Reims, empêtré dans des relations houleuses avec Gerson et Mattéo Guendouzi, Tudor a connu des débuts compliqués.

Il faut dire que la froideur du personnage et sa rigidité collent mal avec la passion qui anime le club et les virages du Vélodrome. Pour succéder à l'ardent Sampaoli, Longoria est allé chercher son contraire. "Pour tout changement, il faut du temps pour s’adapter. Tu ne peux pas changer un athlète sur sa manière de courir du jour au lendemain. Je crois que l’évolution va vers un football plus physique. C’est le chemin que l’on voulait prendre", expliquait le président olympien l'été dernier. Il a fallu que le microcosme marseillais s'habitue aux méthodes parfois brutales souvent très directes du nouveau patron.

Après six mois à la tête de l'OM, son bilan est excellent en championnat. Avec 67% de victoires en Ligue 1 depuis ses débuts, il rejoint Marcelo Bielsa, seul coach à présenter un aussi bon bilan dans toute l'histoire de l'OM. Le Croate est même le coach qui a rapporté le plus de points à Marseille lors de ses 18 premiers matches. "C'est vrai que nous faisons un beau parcours mais nous ne sommes même pas arrivés à la moitié du championnat, a commenté ce vendredi un Tudor qui n'est pas du genre à pavaner. On essaye de donner le maximum à chaque match comme toutes les autres équipes."

Au-delà du bilan comptable qui aurait fait de l'OM un candidat au naturel au titre si Paris ne carburait pas à une telle vitesse, la méthode Tudor prouve son efficacité. Ses joueurs, même si la relation avec certains d'entre eux a fait des étincelles, le suivent. Personne n'a décroché, sauf Gerson qui est allé voir ailleurs, malgré un management nettement moins rond que sous Sampaoli et l'exemple de Dimitri Payet prouve que personne n'est condamné.

Mieux, nombre de Marseillais ont progressé depuis la prise de fonction du Croate. Valentin Rongier et Jordan Veretout en sont les exemples les plus marquants. Clés de voûte du système Tudor en 3-4-3, le duo tient le collectif sur ses épaules grâce à sa discipline et son volume de jeu. Le match à Troyes a rappelé que l'OM n'empilait pas seulement les points. Cette équipe, rigoureuse et disciplinée, maîtrise son sujet comme peu d'équipes en Ligue 1 cette saison. Le football énergique prôné par Tudor fait de courses incessantes est devenu une marque de fabrique. En six mois, Marseille s'est métamorphosé en une machine de guerre. Chapeau Tudor.