Lacazette, Ben Yedder, Aubameyang - Ligue 1 au sommet de l'ennui : Où sont passés les attaquants stars ?

La Ligue 1 a perdu deux clubs cette année et une ribambelle de buts, de spectacles et d'émotions. Le week-end dernier a atteint des sommets d'ennui avec seulement 13 buts en 9 rencontres soit le pire total pour une journée depuis 8 ans. Mais cette statistique effrayante n'est que la conclusion d'un vrai mouvement de fond. En moyenne, un match de Ligue 1 n'accouche que de 2,57 buts contre 3,01 l'an passé. Qui sont les coupables ? Les regards se tournent évidemment vers les attaquants.

Pour eux, le constat est assez terrible aussi. Hormis Kylian Mbappé, qui reste dans ses standards (10 buts), et Akor Adams comme seule bonne surprise de l'été (7 buts), aucun joueur du championnat ne dépasse les 5 buts après 11 journées alors que l'an passé, 11 attaquants dépassaient le ratio de 0,5 but par rencontre. Trois d'entre eux sont partis (Openda, Messi et Neymar). Si la Ligue 1 sommeille, c'est d'abord parce que ses stars ne plantent plus. Le problème ne se réduit pas qu'à un joueur ou un club. Il est plus large et englobe différentes réalités. Pour le dire autrement, les stars de Ligue 1 ne sont pas dans les conditions idéales à leur épanouissement depuis août. En voici les raisons :

33, c'est le total des buts cumulés de Terem Moffi et Gaëtan Laborde l'an passé. Cinq, c'est leur total actuel à quasiment un tiers du championnat. Le compte n'y est pas mais est-ce que Nice s'y retrouve ? Evidemment. Leader de L1 et meilleure défense d'Europe, le Gym a pris un virage qui assèche les statistiques de l'attaque mais gonfle les ambitions collectives.

"Réussir à bloquer l'adversaire est aussi important que de se créer des occasions de but", notait Francesco Farioli la semaine dernière. Le duo abat un considérable travail défensif qui lui coûte de l'énergie et de la lucidité. Moffi est le 4e joueur de L1 qui effectue le plus de courses de pressing vers le porteur de balle, Laborde est 9e. Les consignes ont changé à Nice et les attaquants marquent beaucoup moins.

Beaucoup de clubs, et non des moindres, ont changé leur casting offensif. Mi-novembre, on ne peut pas demander le même rendement à ceux qui découvrent la Ligue 1 ou, a minima, un nouveau club, qu'à un vieux routier du championnat de France. Marseille et Paris ont opéré un profond lifting et, aujourd'hui, le bilan est médiocre. Randal Kolo Muani (2 buts) et Gonçalo Ramos (2 buts), auxquels on peut ajouter Ousmane Dembélé (toujours aucun but), déçoivent franchement depuis leur arrivée mais ils doivent à la fois digérer le changement de statut et les attentes énormes qui pèsent sur eux.

Pierre-Emerick Aubameyang n'a pas moins de pression à l'OM qu'en Premier League et en Liga. Mais il a déjà dû s'adapter à deux coaches en moins de trois mois dans une équipe qu'il ne connaît pas, comme ses autres compères débarqués en même temps que lui (Iliman Ndiaye, Ismaïla Sarr, Joaquin Correa). Vitinha, lui, souffre de la concurrence et des arrivées massives à son poste. Il reste maladroit mais la fragilité de son statut n'aide pas à le mettre en confiance.

Derrière Paris, Monaco a sans doute l'effectif le plus riche et le plus complet de Ligue 1. Et Wissem Ben Yedder a vu débarquer Folarin Balogun cet été. Aujourd'hui, les deux hommes, qui se succèdent en pointe, ont moins de minutes et donc moins d'occasions de marquer même si avec 8 buts à eux deux, ils s'en sortent mieux que beaucoup d'autres attaquants. Le contexte chargé qui accompagne WBY, mis en examen pour viol, peut aussi expliquer la baisse de son rendement.

L'attaquant n'est que le dernier maillon d'une chaîne. Aussi solide soit-il, il dépend des autres. Comment demander à Alexandre Lacazette de faire des miracles quand tout s'écroule autour de lui ? Orphelin de Bradley Barcola qui le gavait de caviars l'an passé, la star de l'OL, longtemps suspendue, plafonne à trois buts. Il n'est pas exempt de tous reproches et, dimanche dernier face à Metz, on l'a vu s'impatienter face aux maladresses de ses coéquipiers. Un attaquant qui manque de sérénité est un attaquant qui perd 50% de son pouvoir de nuisance. A Rennes, et même Marseille d'ailleurs, l'effondrement est nettement moins spectaculaire mais l'équipe ne tourne pas rond non plus. Amine Gouiri et Arnaud Kalimuendo, 4 buts à eux deux, ont nettement moins d'occasions de briller.

Alors que Lille est dans ses temps de passage, que Jonathan David enchaînait les saisons prolifiques, le Canadien est en perte totale de confiance. Après ses 52 buts marqués en trois saisons, il se contente de deux petites unités aujourd'hui. "Que fait Jonathan (David) différemment de la dernière saison ? Rien, analysait Paulo Fonseca fin octobre. Il continue à travailler beaucoup défensivement, comme il l'a fait la saison dernière, il a toujours des occasions pour marquer, mais (...) les autres équipes jouent différemment. Cette saison, c'est plus difficile d'avoir des espaces, d'être en bonne condition pour marquer. Mais à presque tous les matches, Jonathan a des occasions pour marquer." Depuis, le coach des Dogues l'a relégué sur le banc et la saison de David prend une mauvaise tournure. Pour lui, comme pour les autres stars du championnat, elle pourrait être très longue.