PSG - Mbappé n'est plus irremplaçable : l'acte d'autorité facile de Luis Enrique

Subitement, Luis Enrique a complètement changé son regard sur Kylian Mbappé. "Quand Kylian veut jouer, on n'a pas grand-chose à dire", prévenait-il en janvier en amont d'un match de Coupe de France à Castres. Dimanche dernier, au Parc des Princes, quelques minutes après avoir subitement sorti du match son attaquant face à Rennes dès la 65e minute, il a dit à peu près le contraire : "On doit s'habituer à jouer sans Kylian. Quand je voudrai le faire jouer, je le ferai. Quand ce ne sera pas le cas, même chose." Que s'est-il passé ? Comment le coach espagnol peut-il dire tout et son contraire à un mois d'intervalle ?

Le changement de cap s'explique en vérité facilement. Entretemps, Mbappé a informé le PSG qu'il ne comptait pas poursuivre l'aventure à Paris l'an prochain. Un choix visiblement acté par son entraîneur qui souhaite, désormais, agir en conséquence. Personne ne peut imaginer, en effet, que Luis Enrique aurait agi de la sorte et sorti son meilleur joueur une demi-heure avant la fin d'un match où Paris courrait après le score si Mbappé avait prolongé son contrat. Il ne l'avait jamais fait jusqu'ici et la ficelle est tellement grosse que les raisons ne font guère de doute. Et si tout n'était pas clair, le coach a très vite dissipé les malentendus en conférence de presse.

Face à Rennes, Mbappé a livré une heure de jeu franchement mauvaise et, si la seule logique sportive s'appliquait à lui comme aux autres, son remplacement n'aurait rien eu de renversant. Le problème, c'est qu'il bénéficie depuis toujours d'une immunité grâce à son statut et son talent. Depuis le début de saison, il a terminé tous les matches qu'il avait débutés (sauf face à l'OM pour cause de blessure). Dès lors, Luis Enrique a-t-il déclaré la guerre à son attaquant en faisant de lui un joueur comme les autres ? Le coach espagnol affirme son autorité sur son groupe et dans le club en s'attaquant à celui qui se pensait intouchable.

Mais Luis Enrique n'est pas fou, il a attendu une ouverture. Jamais il ne se serait permis pareille fermeté avant que Mbappé dévoile ses envies d'ailleurs. Sinon, pourquoi ne l'aurait-il pas fait avant ? Face à Brest (2-2) fin janvier par exemple, Mbappé est passé complètement à côté de son match mais est resté 90 minutes sur la pelouse. La décision est ferme mais son timing questionne tout de même le degré de courage de l'entraîneur parisien. Et avait-il nécessairement besoin d'expliciter les raisons de son management sinon pour montrer les muscles et bomber le torse ?

L'ancien sélectionneur de l'Espagne a justifié son choix par un besoin de s'habituer à son absence. Avec Mbappé dans l'équipe, le projet tourne nécessairement et fatalement autour de lui. Aujourd'hui, le coach va devoir trouver une autre recette, engager un nouveau projet collectif. La mission donne le tournis tant le poids de Mbappé dans les succès parisiens est énorme. Mais croire que des matches de L1 en février servent à construire la saison qui suit dans un club comme le PSG où les onze se redessinent chaque été, c'est se fourrer le doigt dans l'œil. Tout ceci est d'abord une histoire d'ego.

Désormais, c'est un bras de fer, qui semble s'engager entre les deux forts tempéraments du PSG. Le risque est modéré pour Paris. L'avance en championnat est telle (11 points) que même une fin de saison ratée de Mbappé ne l'empêcherait pas d'être champion. Quant à imaginer un possible désengagement du champion du monde 2018 en Ligue des champions, c'est mal connaître son sens aigu de l'histoire et sa soif de titre. Jamais Mbappé n'enverra valdinguer un match de C1 même si son entraîneur lui cherche des poux. Paris ne craint pas grand-chose dans l'affaire alors que pour son attaquant, c'est une possible fin en eau de boudin qui se dessine.