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Brest | Jérémy Le Douaron et la perspective Ligue des champions : "Mine de rien, on est un petit club qui vient de loin"

Julien Pereira

Mis à jour 29/02/2024 à 18:08 GMT+1

Il y a un peu plus d'un an, Brest luttait pour se maintenir en Ligue 1. Aujourd'hui, le club breton est le premier poursuivant du PSG grâce, notamment, à des joueurs cadres (Bizot, Lees-Melou...). Pour TNT Sports, Jérémy Le Douaron revient sur cette irrésistible progression, la qualité du jeu produit par l'équipe brestoise et, bien sûr, la perspective de la Ligue des champions.

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Jérémy Le Douaron, certains coéquipiers ont avoué qu'ils ne voulaient plus se cacher, mais votre entraîneur et votre président ont encore beaucoup de retenue. Entre nous : la Ligue des champions est forcément dans un coin de votre tête non ?
Jérémy Le Douaron : "Forcément, on y pense. Avant, on en rigolait un peu parce que ça nous paraissait utopique. Et puis le maintien en Ligue 1 n'était pas acquis donc on n'était pas encore libres dans nos têtes. Là, on a assuré le maintien. Maintenant, on peut se permettre de rêver. On est ambitieux mais on essaie de garder l'humilité. Mais on ne va pas se mentir : c'est dans un coin de nos têtes, oui. L'Europe, ce serait bien. Même si ce n'est pas la Ligue des champions.
Vous vous définissez comme "une bande de potes" et c'est aussi l'impression que l'on a de l'extérieur. Est-ce votre principale force cette saison ?
J. LD : Carrément. C'est un groupe solidaire, qui travaille bien. Mine de rien, on est un petit club. On vient de loin. Cette saison est assez exceptionnelle et historique pour le club. On peut se permettre de rêver. Notre groupe, notre état d'esprit et notre travail font que l'on en est là. Ce n'est pas immérité.
Lorsque Eric Roy est arrivé il y a un peu plus d'un an, beaucoup doutaient de lui car il n'avait pas entraîné depuis longtemps. Aujourd'hui, Brest fait partie des équipes de Ligue 1 qui ont une identité de jeu très forte. Comment vous a-t-il fait progresser ?
J. LD : Il est arrivé à un moment où l'équipe était en train de sombrer. Ça ne se passait plus très bien avec l'ancien coach, on avait un peu le moral dans les chaussettes, avec une confiance au plus bas et des résultats décevants. On était relégables. Eric Roy est arrivé au mois de janvier et ça nous a donné une bouffée d'air, quelque chose de positif. Il a trouvé les bons mots, nous a donné beaucoup de confiance. Il y a eu beaucoup de dialogues avec nous. Humainement, ça s'est très bien passé. Ensuite, il a parfaitement identifié les qualités de chaque joueur pour les mettre au service du collectif.
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Quel type de manager est-il ? Plutôt distant, ou plutôt "papa-poule" ? On dit beaucoup que ce sont les entraîneurs paternalistes qui s'en sortent le mieux dans le football d'aujourd'hui…
J. LD : C'est exactement cela. Il est proche de ses joueurs. On a un groupe jeune, qui a besoin d'avoir une relation forte avec son entraîneur. Il prend régulièrement les joueurs un par un, pour leur donner des petits conseils, leur apporter des ajustements. Il n'est pas du genre à crier à l'entraînement. C'est ce qui fait que le groupe l'apprécie.
Justement, vous semblez sortir de l'entraînement… quel conseil vous a-t-il donné à vous, aujourd'hui ?
J. LD : Ah, ça se voit tant que ça ? (Il rit). Aujourd'hui, il m'a demandé de jouer de manière beaucoup plus simple dans la phase de construction, en me disant que je pouvais avoir beaucoup plus de liberté dans les 30 derniers mètres, y tenter beaucoup plus de choses. Mais avant cela, il veut que je joue plus simplement, en une ou deux touches de balle, sans perdre le ballon. Ce sont toujours des conseils utiles pour ma progression.
L'une des grandes forces de votre équipe est le jeu direct. Mais comment le travaille-t-on à l'entraînement, concrètement ? Ça parait moins évident que le jeu de possession, par exemple, où l'on visualise très bien le travail de circuits de passes, etc…
J. LD : En attaque, on a des joueurs capables de garder les ballons. C'est utile ! Les gens assimilent souvent le jeu direct à du dégagement. Pour nous, ce n'est absolument pas ça. Loin de là. Pour nous, il y a d'abord l'intérêt de faire remonter le bloc, d'utiliser nos attaquants à l'aise dans le jeu aérien, puis d'enclencher notre pressing pour gagner les seconds ballons. On a commencé à le travailler il y a un an mais au fur et à mesure, on a réussi à apporter de la variété, avec du jeu de position, ou repartir court depuis l'arrière… C'est ce qui fait notre force et ce qui nous rend moins prévisibles, aussi.
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Le jeu direct, c'est très vite devenu l'une de vos forces à l'arrivée d'Eric Roy. Aviez-vous discuté de cela avec lui à son arrivée ?
J. LD : Oui. Car l'année dernière, c'était très différent. On avait absolument besoin de points, on revenait de loin… Il y a Steve Mounié, il fallait utiliser sa force. Son jeu aérien fait monter le bloc. Ça a très bien fonctionné, donc on a continué. Et cette saison, on a poursuivi mais avec la confiance accumulée, on a élargi le spectre.
L'année dernière, vous vous êtes maintenus en Ligue 1 grâce notamment à un très grand nombre de buts marqués de la tête. Cette année, Brest est toujours l'équipe qui réussit le plus de centres… mais plus du tout celle qui marque le plus de la tête. Comment l'expliquez-vous ?
J. LD : Je pense qu'il y a deux choses. D'abord le fait que nous ayons varié notre construction. Et puis maintenant, les équipes et les défenseurs nous connaissent. Ils savent qu'on a beaucoup de taille et de bons joueurs de tête devant. Je ne suis pas certain qu'il y ait beaucoup moins de réussite à la finition. L'année dernière, c'étaient les attaquants qui marquaient. Là, on remarque que ça peut venir de partout : Madhi Camara a mis un triplé ce week-end, Kamory Doumbia a mis son quadruplé, Hugo Magnetti a mis des buts aussi… Le danger vient de partout car on utilise plus de centres en retrait aussi.
Et si les milieux se retrouvent aussi haut sur le terrain, c'est aussi grâce à votre intensité à la récupération. Comment travaillez-vous cet aspect ?
J. LD : Je pense que ça découle surtout de la qualité des joueurs. Nos milieux sont de très bons joueurs de ballon, mais aussi de grands "charbonneurs". Je peux vous dire qu'on le voit bien à l'entraînement. Globalement, notre équipe aime ça : mettre de l'intensité dans les courses, dans les duels… A la fin de nos matches, l'équipe qui faiblit est souvent celle de nos adversaires. Contre Marseille, à dix, on marque à la fin. Physiquement, on est prêts.
La saison prochaine, avec les matches de Coupe d'Europe, il sera plus difficile de tenir le rythme…
J. LD : (Il sourit). C'est encore un peu loin. On est quand même lucides sur le fait que beaucoup d'équipes se tiennent en peu de points derrière nous. Onze matches, c'est un tiers de la saison. Jouer tous les trois jours, ça nous arrive d'en parler en rigolant seulement…
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Pierre Lees-Melou est l'un des meilleurs joueurs de Ligue 1 cette saison. Qu'est-ce qui vous impressionne le plus chez lui ?
J. LD : C'est très simple : il sait tout faire. Techniquement, à la passe, dans les courses à haute intensité… Il peut marquer, donner des bons ballons. Il est complet, il fait une super saison. C'est super de l'avoir avec nous cette saison. Et en dehors du terrain, il est très cool, blagueur mais aussi humble. C'est agréable de travailler avec lui.
A-t-il partagé avec vous son expérience en Premier League ?
J. LD : Oui, parce qu'on est très curieux à ce sujet. Ici, très peu ont connu la Premier League, et j'en fais partie. Pour lui, ça n'avait pas très bien fonctionné parce que Norwich avait fini par être relégué. Mais il a appris beaucoup de choses là-bas : la gestion de l'intensité, du rythme. Il a joué dans des stades de fou. Il nous disait qu'en Angleterre, dès qu'il y avait un gros tacle réussi, un bon dégagement, le public pouvait applaudir. Ça a dû être exceptionnel à vivre.
Votre coéquipier Marco Bizot est le deuxième gardien de Ligue 1 avec le plus haut pourcentage d'arrêts, derrière Gianluigi Donnarumma. A l'entraînement, c'est aussi difficile de lui mettre un but ?
J. LD : (Il rit). Parfois, on arrive à trouver la faille. C'est un très grand gardien et ça ne date pas de cette année. L'année dernière, déjà, il avait été capital pour notre maintien. C'est un international. Et cette saison, il est encore au top.
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Mais alors, quel est la faille pour marquer face à Bizot ? Promis, ça restera entre nous…
J. LD : Une petite feinte en face à face… Souvent, ça le rend un peu fébrile. Mais il faut déjà réussir à se retrouver en face à face avec lui.
Qu'est-ce qui peut vous empêcher de terminer sur le podium de Ligue 1 cette saison ?
J. LD : Peut-être de se croire plus beau qu'on ne l'est vraiment. Mais je pense que ça ne nous arrivera pas. On a tous la tête sur les épaules, les joueurs, le staff, le club. Il n'y a pas de raison de lever le pied. Il reste onze matches très importants pour tout le monde. Ce qu'on vit là, c'est quelque chose de beau.
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