Ligue 1 - Luis Enrique, Donnarumma, Vitinha, Mbappé... Qui est l'homme fort du 12e titre parisien ?

Pour oublier la fin contrastée de l’ère Christophe Galtier, les dirigeants du PSG ont misé sur Luis Enrique. Ce virage à 180 degrés était certainement la meilleure chose à faire pour le champion de France. Certes, le technicien asturien a d’abord un peu tâtonné. Mais sa philosophie de jeu a bien infusé chez ses protégés, qui ont su combler son obsession de la possession, tout en y alliant vitesse et verticalité grâce à leurs flèches offensives. Ce combo gagnant a permis à Paris de ne concéder qu’une défaite jusqu’alors en Ligue 1 et de rester invaincu pendant cinq mois, toutes compétitions confondues.

Au-delà du jeu, il y a aussi la gestion des hommes. Ce sujet s’était avéré ô combien épineux pour bon nombre d’entraîneurs passés par le club de la capitale ces dernières années. Pas pour l’Espagnol, qui a imposé une discipline stricte à ses joueurs, maniant avec habileté exigence et franchise, proximité et fermeté. Son turn over quasi-permanent a quant à lui concerné tout son effectif. Y compris Kylian Mbappé, ce qui a inévitablement fait quelques étincelles. Avec Luis Enrique, il n’y a enfin plus de statut, ni de passe-droits. Un changement majeur et couronné de succès, qui en fait assurément l’homme fort de ce douzième sacre national.

Le grand bonhomme de ce douzième titre parisien. Et pas seulement par la taille. Sans lui, le PSG aurait souvent cédé. Il a, finalement, seulement vacillé, et perdu à une seule reprise jusqu'ici. Après avoir connu bon nombre de difficultés depuis son arrivée au PSG, symbolisant parfois la faillite collective de son équipe, notamment en Ligue des champions, Gianluigi Donnarumma a élevé son niveau cette saison. Du moins en Ligue 1. Avec un pourcentage d'arrêts qui s'élève à 84,7%, l'ancien portier de l'AC Milan est le plus performant des cinq grands championnats. A de nombreuses reprises lors de cet exercice 2023-2024, il a écœuré bon nombre d'attaquants et d'équipes, à commencer par certains rivaux historiques, de l'OM, évidemment, à l'AS Monaco. Grâce à ses services, Paris va rendre l'une de ses meilleures copies défensives sur une saison (20 buts encaissés en 25 matches) et s'est évité des défaites et des crises.

Alors oui, son rendement en C1 (où son pourcentage d'arrêts chute à 71,4%) questionne toujours et certains de ses défauts (jeu au pied, sorties...) restent évidents. Ses performances lors de la double échéance à venir face au Borussia Dortmund en demi-finale seront scrutées de près. Mais en L1, il n'y a aucun débat. Donnarumma a dominé outrageusement cette saison, accomplissement une bonne dizaine de miracles pour sauver les siens. Sans le moindre doute, il a fait gagner des points à son équipe. La marque des grands gardiens.

Ce 12e titre parisien n'est certainement pas le plus marquant, habitude oblige. Mais il restera, sans doute, le sacre de la bascule, entre un PSG constellé de stars et un autre où aucun passe-droit n'est autorisé, pas même à Kylian Mbappé. Aucun autre homme que Vitinha, laborieux et talentueux, n'incarne mieux ce nouveau visage parisien. Largement discuté et discutable la saison dernière, le milieu de terrain portugais a pris une autre dimension dans le collectif mis en place par Luis Enrique et ce n'était d'ailleurs pas un hasard s'il était le joueur de champ le plus utilisé en Ligue 1 avant d'être mis au frigo pour le déplacement à Lorient mercredi, en vue de la demi-finale de la Ligue des champions.

Devenu l'un des chouchous du Parc des Princes, en particulier grâce à ses prestations de très haut vol en Ligue des champions, l'ancien joueur de Porto a aussi comblé une vieille lacune parisienne. Le PSG tient enfin un milieu capable d'apporter une véritable contribution offensive, en plus de trouver de la verticalité par la passe. En moins de deux saisons au club, Vitinha a déjà autant marqué que Marco Verratti durant l'intégralité de sa carrière à Paris (11 buts). Et il l'a souvent fait dans des matches importants, comme à Rennes, face à Monaco ou à Marseille. Et ça compte. Il y a quelques semaines, Luis Enrique a parfaitement résumé le rôle du Portugais : "C'est un joueur parfait pour un entraîneur de mon style". Tout est dit.

Oui, le PSG sait marquer sans Kylian Mbappé, qui n'avait inscrit aucun des huit derniers buts de son équipe en Ligue 1, avant le match à Lorient mercredi (1-4), où il a inscrit un doublé. Mais il a disputé... 88 minutes, en cumulé, sur les trois matches concernés par cette série, et restait avant cela sur un triplé à Montpellier. Une performance dans l'Hérault qui a possiblement été la meilleure de sa saison, précisément au moment où la gestion de son temps de jeu par Luis Enrique faisait le plus débat. Comme un clin d'oeil au début de saison où, réintégré après avoir été écarté par sa direction, il avait marqué dès son entrée en jeu pour sa reprise à Toulouse. Mbappé, c'est ça. Le but, tout le temps, en toute circonstances, avec le vent dans le dos ou de face.

Il est de loin le meilleur buteur de Ligue 1 (26 réalisations), celui qui a marqué dans le plus de rencontres différentes (16), et même celui qui a réalisé le plus de passes décisives (7) - dont une après un travail extraordinaire à Lorient mercredi - parmi le top 10 des meilleures buteurs de l'élite. Un buteur insatiable, dont l'appétit constant est l'un des clés pour éviter le relâchement, dans un championnat pas au niveau de ce PSG... justement parce que Mbappé est le joueur qui sépare actuellement Paris du reste du monde. La domination parisienne sera peut-être tout aussi franche après son départ, et de manière plus collective, le travail de Luis Enrique étant en train de porter ses fruits. Mais tout n'a pas toujours été brillant dans cette saison de transition. Et à Toulouse (1-1) ou contre Lens (3-1), à Brest (2-3) ou contre Metz (3-1), Paris avait encore bien besoin de lui. Pour moi, l'homme fort, c'est encore et toujours Mbappé.