Montpellier - Lens (Ligue 1) : Elye Wahi, pas vraiment parti, pas exactement arrivé

Il est parti pour une nouvelle aventure. Passer du Sud au Nord, d'un club plutôt habitué au milieu de tableau à un vice-champion de France, c'est le défi qu'Elye Wahi avait choisi de relever l'été dernier en quittant Montpellier pour Lens. Un choix qui impliquait de sacrées premières. Comme la découverte de la Ligue des champions. Ou l'émotion si particulière de retrouver le club qui l'a révélé. C'est justement ce que le jeune attaquant de 20 ans, transféré pour 35 millions d'euros au bout du dernier mercato, va vivre vendredi soir à La Mosson.

Son cœur battra fatalement un peu plus fort. "Ça va me faire bizarre, a-t-il reconnu sur le site officiel de Montpellier. Ce match, je l'attends avec impatience. J'espère gagner parce que, maintenant, je suis passé de l'autre côté, mais je serai content de revoir tout le monde à Montpellier. L'émotion va être très forte. Le MHSC est un club qui m'est cher et ça le sera toujours, quoi qu'il arrive. A la fin du match, j'aurai tout le temps pour saluer tour le monde, mais une fois sur le terrain, je serai obligé de me donner à fond pour Lens, et de faire mon devoir en donnant tout pour l'équipe."

Les Montpelliérains sont bien placés pour savoir ce que cela veut dire. Wahi s'était révélé à leurs côtés, notamment la saison passée avec 19 buts en Ligue 1. Ils connaissent le phénomène. "Il va très vite et il a un très bon finish, donc il ne faut pas le laisser en position de frappe, bien le serrer et ne pas le laisser prendre la profondeur, résumait mercredi le défenseur héraultais Maxime Estève, toujours en contact avec son ancien coéquipier. "On prend des nouvelles, ça fait plaisir. Même lui m'a posé pas mal de questions pour savoir comment on se portait. Donc il a toujours le coeur un peu pailladin..."

Mais son maillot est définitivement lensois. Wahi semblait avoir un peu de mal à le porter dans les premières semaines de son aventure sang et or. Arriver en fin de mercato, succéder à Loïs Openda et s'intégrer à une philosophie de jeu différente n'étaient pas de nature à lui faciliter la tâche. "Ça n'a pas été évident pour moi au départ, je ne vais pas dire le contraire, mais il faut travailler pour s'acclimater et c'est ce que j'ai essayé de faire, a-t-il expliqué. L'adaptation à un nouveau club, à un nouveau contexte ou à un nouveau schéma tactique nécessite parfois un peu de temps, comme ça a été le cas pour moi."

Le travail à abattre est conséquent pour un joueur de 20 ans et encore perfectible. La marge de progression est non seulement individuelle, mais aussi collective pour s'intégrer au style de jeu très identifié de Lens. Ses coéquipiers l'ont aidé dans ce sens. "Elye, c’est un joueur qu'il faut replacer défensivement et qui a tendance à se perdre un petit peu, expliquait Adrien Thomasson fin octobre, sur Prime Vidéo. Mais il a d'énormes qualités, donc il faut être derrière lui. Il y a un système de jeu qu'il faut appréhender, pas mal de principes qu'il n’y avait pas forcément à Montpellier. Ça prend toujours du temps, surtout qu'il est très jeune et qu'il a besoin d’apprendre."

Le processus est en cours. Mais Wahi a déjà franchi quelques étapes importantes. Son premier but sous le maillot lensois, inscrit de fort belle manière face à Strasbourg (0-1), avait contribué à le libérer d'un poids, au bout de son cinquième match avec le Racing. Sa prestation éblouissante lors du match aller de Ligue des champions contre Arsenal (2-1), avec un but et une passe décisive à la clé, a aussi donné la preuve qu'il était capable de faire des différences au plus haut niveau. Le talent ne faisait pas vraiment de doute chez Wahi, mais il fallait ces coups d'éclat pour le confirmer.

L'ensemble manque encore de régularité. Et laisse l'impression que Wahi ne s'est pas tout à fait fondu dans le collectif lensois. Sa qualité individuelle est déjà vitale dans l'animation offensive des Sang et Or, mais la connexion avec le reste de son équipe reste à parfaire. Ses statistiques, 4 buts et 2 passes décisives, indiquent assez nettement que Wahi n'exprime pas encore la plénitude de son talent sous le maillot de Lens. Mais c'est loin d'être anormal pour un joueur qui ne totalise que 16 matches toutes compétitions confondues, et seulement 10 titularisations, avec son nouveau club.

L'international Espoirs (11 sélections, 3 buts) a ainsi déjà parcouru un bout de chemin à défaut d'être exactement arrivé. Les retrouvailles avec Montpellier ressemblent à une nouvelle étape à franchir dans ce sens. "Il va jouer comme d'hab, assure son coéquipier Salis Abdul Samed. Comme on dit, sur le terrain, il n'y a pas de pote, il n'y a pas de frère. Je pense qu'il va se donner à fond, je pense même qu'il va marquer, il connaît ses anciens coéquipiers, ça va être plus facile pour lui." Ce serait un pas de plus dans son intégration lensoise. Peut-être le plus symbolique.