Ligue 1 | Avant Marseille - Monaco | Paul Pogba et l'OM, fantasmes du mercato, réalité et choix de raison

Dimanche, Paul Pogba devrait être au Vélodrome pour le choc de la 16e journée de Ligue 1 entre l'OM et Monaco. Mais pas dans l'équipe avec laquelle on l'avait imaginé il y a tout juste un an. À l'époque, sa possible arrivée à Marseille avait maintes fois été fantasmée. La réalité l'a finalement mené vers le club du Rocher.

Lorsque la résiliation du contrat qui le liait à la Juventus a été actée, en novembre 2024, l'ASM n'était pas encore un point de chute sérieusement envisagé. Très vite après la réduction de sa suspension pour dopage de quatre ans à 18 mois, "La Pioche" avait, dans un entretien accordé à L'Équipe, émis l'hypothèse de jouer en Ligue 1.

Et parmi les trois clubs susceptibles de l'accueillir compte tenu de leur dimension sportive et économique, l'OM regroupait le plus d'arguments. Pablo Longoria, président du club, l'avait côtoyé à la Juventus. Medhi Benatia, directeur du football, l'avait également croisé en Italie.

Quelques semaines plus tôt, l'ancien défenseur du Bayern avait réussi l'un des très jolis coups de l'année en attirant Adrien Rabiot, alors que l'OM ne disputait pas la moindre compétition européenne. Et si le club phocéen était capable d'attirer un international français dans la fleur de l'âge, pourquoi n'aurait-il pas pu en faire autant avec Pogba ?

Entre-temps, la machine s'est mise en branle. Alors que les dirigeants marseillais ont d'abord choisi le silence, l'engouement médiatique, lui, a fait beaucoup de bruit. Souvent interrogé sur le sujet, Rabiot a régulièrement "invité" le milieu de terrain à rejoindre l'OM. Devenu consultant sur RMC, Patrice Evra est allé encore plus loin dès le début du mois d'octobre : "Je vais appeler Medhi Benatia et lui dire que la porte est ouverte", avait lâché, à l'antenne, celui qui est resté proche de Pogba.

"Je rigole parce que c'est tonton Pat', avait temporisé Pogba auprès de L'Équipe. L'OM ? Il a dit ça en rigolant, vous le connaissez." À ce moment-là, le champion du monde 2018 n'avait pas encore noué sa rupture de contrat avec la Juve.

Deux mois et demi plus tard, c'est-à-dire au cœur du mois de décembre, Longoria avait lui aussi nuancé. "Avec Paul, il n'y a pas de discussions avancées, pas de rapprochement, avait-il assuré lors d'un traditionnel bilan de mi-saison. [...] Je tiens à dire, pour bien clarifier la situation, que ce sont plutôt des spéculations, des rêves, plutôt qu'une réalité de marché. On a tous des rêves dans la vie. J'aimerais faire retomber le soufflé, on parle plus de Paul, pour qui j'ai un respect énorme, que de la réalité de l'équipe."

Une réunion s'est alors tenue quelques jours plus tard entre les décideurs phocéens et l'entraîneur, Roberto De Zerbi. Mais le timing n'était pas le bon. "On y a réfléchi, on voulait le faire, a révélé Benatia en fevrier dernier, dans L'Equipe. Mais le problème, c'est : si on fait venir un Paul Pogba qui n'est pas encore 'fit', est-ce que ça a du sens de bousculer les équilibres (...) pour un joueur qui ne pourra pas participer à cette fin de saison ?"

Les équilibres sont sportifs, mais aussi financiers. Juste avant la fin de la suspension de Pogba, en mars, l'OM n'avait pas la certitude de disputer la Ligue des champions et donc, aucune visibilité sur sa marge de manœuvre. D'autant que de la masse salariale avait été sérieusement gonflée par les arrivées de joueurs comme Rabiot et Pierre-Émile Höjbjerg.

"Nous avons décidé de ne pas y aller car nous pensions que son temps de récupération pouvait perturber certains équilibres dans l'effectif, a renchéri Longoria dans un entretien à la Cadena SER. Et cela augmenterait le niveau d'attente. Nous avons considéré que c'était contre-productif". Mais, comme son bras droit Benatia, il avait repoussé l'hypothèse au mercato estival : "Concernant l'avenir, il est évident qu'un tel joueur sur le marché est un élément précieux".

Là, l'équation était beaucoup plus simple. La qualification pour la C1 en poche, l'OM n'avait plus qu'à avoir des certitudes concernant l'état de forme de Pogba pour entamer les discussions. Lors de la Coupe du monde des clubs organisée aux États-Unis, Benatia a de nouveau rencontré l'ancien joueur de la Juventus. Mais Monaco a accéléré.

Le club phocéen, lui, a choisi de ne pas tenter ce coûteux pari. D'abord parce qu'il s'est attelé à renforcer des postes vacants. Aussi, et surtout, parce que Pogba n'était absolument pas opérationnel. Prendre le risque de faire gonfler la masse salariale avec un joueur qui aurait intégré le Top 10 des joueurs les mieux payés de l'effectif sans qu'il puisse disputer la phase de Ligue de C1, capitale pour le club, était inenvisageable. Pour "les équilibres", donc, mais aussi pour la lisibilité d'un projet qui a si souvent manqué de clarté ces dernières années.

Monaco, où l'agitation et la patience ne sont absolument pas les mêmes, a osé. Jusqu'ici, Pogba n'a disputé que trois petits bouts de matches, pour une trentaine de minutes en tout. Et puisqu'il n'a pas pris part au match de Ligue des champions remporté par l'ASM face à Galatasaray (1-0) cette semaine, en raison d'une gêne à un genou, il n'est vraiment pas certain qu'il fasse beaucoup gonfler ce total, dimanche soir, au Vélodrome.