Ligue 1 - "Ça ne peut pas aller si loin..." : uatre anciens de l'OGC Nice analysent la situation chaotique du Gym

"J'étais surpris par ce qui a pu se passer, du moins ce qui a été raconté dans la presse. Nous, les réunions de supporters, on les avait déjà quand ça se passait moins bien. Même si, quand j'y étais, ça se passait plutôt bien. En termes de violence, s'il y en a eu, il faut les condamner. Mais ça ne représente pas une majorité de supporters de l'OGC Nice. Mais il faut les condamner. Qu'on soit énervé ou non, en venir à des coups ou des choses échangées, ce n'est pas la solution. Même si je peux comprendre l'énervement. Le climat est tendu. J'ai encore vu le match de jeudi face à Braga... Le stade était vide. C'est triste. Là, en Coupe d'Europe, c'est presque devenu une normalité que le club perde. C'est embêtant. Une fronde s'est créée.

Je ne pense pas que les joueurs font exprès de perdre ! Mais je le redis absolument : s'il y a eu violence, affrontement, contact, menace, il faut condamner ! C'est impardonnable dans tous les cas. Ce qui est compliqué, c'est qu'on n'aura jamais la version officielle de ce qui s'est passé. Pour avoir côtoyé ces supporters, avec la passion qu'ils ont... C'est un "club-passion". Les joueurs, ce qui leur manque, c'est dans les attitudes. Peut-être vaut-il mieux être moins beau dans le jeu, et se mettre un peu plus par terre et y aller. Quand ils retrouveront ces valeurs, ça ira... Vu l'effectif qu'ils ont, ils vont gagner de nouveau des matchs. Le coach est très bon, il a largement fait ses preuves, je l'apprécie beaucoup. Regarde leur onze, il est de très, très bonne qualité... Après, c'est la confiance. Et en Ligue 1, même un club comme Nice peut se retrouver avec une pression du résultat. Mais je suis convaincu que ça tournera."

*Joueur du Gym entre 2016 et 2018

"C'est un club auquel je suis attaché. J'ai toujours ce lien particulier, avec les supporters aussi, j'en croise régulièrement, puisque j'habite la région. Je suis passé de l'autre côté, donc en tant que supporter, je ne peux que rejoindre le sentiment général, avec de l'inquiétude. Il y a ce qu'on perçoit de l'extérieur et ce qu'eux, les joueurs et le staff, vivent. Les échos qu'on peut avoir ne rassurent pas. Maintenant, vue la situation, ils sont forcément au courant que c'est compliqué. Mais est-ce qu'ils prennent réellement conscience que c'est maintenant qu'il faut réagir et ne pas trop attendre ? Car se dire qu'on a encore du temps serait un mauvais calcul. En espérant que l'entraîneur soit toujours écouté par son vestiaire...

Par expérience, parfois, il suffit d'un match consistant, cohérent, pour tout faire rebasculer. Ça peut aller très vite et très rapidement repartir. Il faut remettre les ingrédients de base, ce qui manque beaucoup, et moins calculer, être costaud, agressif dans les duels. Vraiment montrer que tu as faim. Mettre un peu de côté le jeu et instaurer l'agressivité au premier plan. Je me rappelle le match face à l'OM, un derby. Il y a eu zéro carton. Je ne dis pas de mettre des attentats, mais de faire preuve de plus d'agressivité, ce qui paraît plus naturel pour un match comme contre l'OM. La saison est encore très longue, je reste confiant sur le sportif et sur le fait qu'ils vont faire en sorte que ça bascule."

*Joueur du Gym entre 2012 et 2016

"Bien sûr, c'est de la déception, de la tristesse de voir ce que le club vit en ce moment. Même si je ne suis pas forcément inquiet. Il y a quand même des fondations qui sont installées, beaucoup de changements depuis quinze ans, avec le centre d'entraînement, le stade... Tout ce qu'on n'avait pas à l'époque ! Tout le monde a tellement attendu ce moment-là, ce moment de retrouver un jour la Coupe d'Europe... Aujourd'hui, l'équipe y est. Certes, les résultats ne sont pas là, mais ça fait partie d'un parcours, d'un passage de l'histoire d'un club. Ce qui s'est passé (avec les supporters, Moffi, et Boga), c'est inadmissible. On peut avoir des velléités, mais il ne faut pas dépasser les limites. Je n'ai pas tous les tenants, mais ça ne peut pas aller si loin. A cause de pseudos supporters... Tout le monde se renvoie la balle. Mais il y a aussi une grande responsabilité de la part du club et de son service sécurité.

Il ne faut pas minimiser les choses. Il y a une espèce d'abandon (de l'actionnaire), à l'image du président Jean-Pierre Rivère, qui est parti. Pour moi, on ne quitte pas le navire en cours de saison. Je ne trouve pas ça professionnel. Connaissant un petit peu Franck Haise, ça doit être très, très dur. Il n'a jamais vraiment connu ce genre de scénarios dans ses expériences. Je pense beaucoup à lui. On a des liens particuliers avec Franck. Il s'accroche. Il va y arriver. J'ai une grande confiance en lui, je sais ses grandes capacités dans le management. Et Florian Maurice, un grand passionné comme il en existe peu. Il faut lui faire confiance aussi. Il connaît le foot. Il a été joueur. Il a prouvé que c'était aussi un super recruteur et un très bon directeur sportif. Les moyens ne sont pas ceux que cela aurait dû être. INEOS est en train de se délester de l'OGC Nice, qui est laissé un peu pour compte. On laisse tout le monde comme ça. Je trouve ça inadmissible. Ce serait plus logique que les supporters s'en prennent aux dirigeants plutôt qu'à l'équipe..."

*Joueur du Gym entre 2003 et 2010

"Malheureusement, j'ai souvent connu ces situations, cette tension avec les supporters. Niveau résultats, quand j'y étais, on n'en avait pas beaucoup donc... Le public de Nice, on le connaît, un public du sud, très exigeant. Il ne te demande pas de gagner le titre, tous les matchs, ou de marquer cinq buts à chaque fois. Non, il te demande de t'arracher, que tout donner. Aujourd'hui, j'ai pu regarder quelques matchs, et par moment, tu vois que les efforts ne sont peut-être pas faits, que ça s'arrache un peu moins. Donc les supporters n'aiment pas ça. Ça reste Nice, les supporters sont comme ça, ils vivent pour le foot, ils se déplacent partout, à droite, à gauche. Et quand, derrière, tu vois certains comportements sur le terrain, ça pète.

Après, attention, concernant ce qu'il s'est passé avec Boga et Moffi, ça, on ne peut pas le cautionner. A l'époque, je peux te dire que les supporters nous mettaient des coups de pression... Et le centre d'entraînement n'était pas fermé comme aujourd'hui... Quand tu signes à Nice, tu sais que les supporters sont derrière... Il faut accepter qu'ils soient là, à mettre de temps en temps des coups de pression. Mais quand tout va bien, c'est extraordinaire de jouer à Nice. Aujourd'hui, il y a un manque de confiance, tu joues avec un peu d'appréhension... Pour en sortir, il faut peut-être oublier le beau jeu, entre guillemet, remettre le bleu de chauffe et passer par des prestations plus dans le combat et la bataille que dans le beau football. Pour retrouver des valeurs, cet état d'esprit, cette mentalité niçoise, qui va faire que tu vas réussir à retourner le public avec toi."

*Joueur du Gym entre 2009 et 2012