JPP dans le mille

Droit au but. Durant sa carrière, il n'avait pas pour habitude de faire dans la dentelle. Lorsqu'on lui donnait sa chance, Jean-Pierre Papin, dit JPP, ne passait pas par quatre chemins pour mettre ses adversaires, les gardiens de but en particulier, à terre et arriver à ses fins. Passé de l'autre côté de la barrière et désormais entraîneur, celui qui a été élu joueur du siècle de l'Olympique de Marseille a fait honneur à son passé et sa réputation cette saison. Pour sa première année en tant qu'entraîneur professionnel, l'ancien international français (54 sélections, 30 buts) a réussi son pari : être le chantre de la remontée de Strasbourg en Ligue 1.

Une petite année après avoir dit au revoir à l'élite, le Racing Club de Strasbourg revient donc en L1. Le coup d'essai Papin s'est révélé magistral. Malgré une entame légèrement poussive, les hommes de JPP se sont installés sur le podium à la fin du mois d'octobre pour ne quasiment plus le quitter. Le Ballon d'Or 1991 a pu s'appuyer sur un groupe de qualité, composé de joueurs qui avaient déjà goûté à la L1 et qui ont parfaitement su s'adapter aux exigences physiques de l'antichambre de l'élite française. "On a gardé le niveau de vie d'un club de l'élite et ça s'est révélé possible grâce à des ventes substantielles de joueurs en fin de saison dernière", ajoute le président Ginestet qui assure déjà que le club privilégiera "la qualité à la quantité" la saison prochaine.

Avant de se pencher sur la suite et la constitution d'une formation au niveau de la L1, Jean-Pierre Papin peut savourer sa réussite. Le Strasbourgeois a survécu au décalage entre le CFA2 et la L2. S'il a mis du temps à revenir sous le feu des projecteurs entre la fin de sa carrière professionnelle à Guingamp - en 1998 - et sa signature en Alsace, en raison peut-être d'une méfiance excessive à son égard et l'impression qu'il n'avait pas le bagage pour diriger une équipe pro, l'inventeur de la fameuse "papinade" ne s'est pas loupé dès qu'il a obtenu les clés de la maison. Fort de son expérience de joueur qui l'a emmené de Valenciennes à Guingamp, en passant par Bruges, Marseille, Milan, Munich ou Bordeaux, JPP a travaillé sous les ordres des meilleurs entraîneurs du Vieux Continent. Et a retenu les leçons tout en les adaptant à sa sauce.

Exclusivement - ou presque - porté sur l'attaque durant sa carrière de joueur, "Patator" a, comme beaucoup d'attaquants passés sur le banc de touche, changé son fusil d'épaule. A l'image de Vahid Halilhodzic, Jean-Pierre Papin a construit sa réussite sur la constitution d'une défense solide et d'un 4-4-2 qui a tenu toute la saison. S'il a tout de même revu le contenu de ses séances au fil de l'année en les écourtant parfois et les menant de différentes façons, JPP a gardé sa ligne de conduite. Sans dirigisme forcené. En tenant compte de ce qu'il avait vu, vécu durant sa carrière de joueur. Et même après. Son passage par le club du Bassin d'Arcachon a façonné sa manière de voir et de faire. Papin a inculqué au RCS "le respect, la rigueur et le travail que l'on peut retrouver dans le monde amateur".

A l'arrivée, une réussite complète. Et beaucoup de plaisir pour l'ancien attaquant des Girondins de Bordeaux : "Je suis quelqu'un qui aime les challenges et honnêtement, je me suis régalé ", confiait-il vendredi soir à l'issue du match Strasbourg-Metz (2-1), synonyme de remontée. Avant d'ajouter : "J'ai un groupe exceptionnel. C'est énorme ce que nous avons réalisé cette saison. C'est vraiment fantastique pour le club. Il faut savourer ce genre de moments." Savourer mais pas trop longtemps. La saison prochaine, Jean-Pierre Papin sera attendu. Ambitieux, il ne se conterera pas du minimum. "Le maintien, c'est un mot qui n'appartient pas à mon vocabulaire", assure-t-il déjà. Droit au but. Toujours.