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Norman Bassette (SM Caen) : Harcèlement scolaire et éclosion éclair, le talent belge à toute épreuve

Sacha Tavolieri

Mis à jour 18/09/2022 à 13:33 GMT+2

LIGUE 2 - Considéré par ses dirigeants comme "le diamant à polir du Stade Malherbe", Norman Bassette possède un parcours de vie détonnant. Du harcèlement scolaire qu’il a vécu en Belgique jusqu’à son éclosion éclair la saison dernière notamment en Gambardella dont Caen a atteint la finale, focus sur l’un des talents les plus ambitieux de Ligue 2.

Norman Bassette

Crédit: Getty Images

Le destin révèle parfois des trajectoires étonnantes. Celle du buteur belge Norman Bassette en est l’illustration parfaite : "Tout ce que j’ai vécu en vrai de vrai, c’est le destin. Ta vie est tracée, et dans les bons ou les mauvais moments, il faut être fort mentalement". Né dans la Gaume, province du Sud du Luxembourg, Norman débute là où seuls Thomas Meunier et Timothy Castagne, qui ont dû quitter le foyer familial tôt, sont les footballeurs stars de la région. Son adolescence lui confère un mental d’acier.
Elle mêle échecs, instabilité sportive, éloignement familial, solitude et maltraitances. Le Sporting Charleroi où son niveau n’atteint pas le minimum requis, ses cinq essais ratés au Standard de Liège, son aventure clairsemée à l’AS Eupen ou coachs insensibles, solitude, harcèlement scolaire puis un quotidien plongé dans un internat au milieu de personnes en situation de handicap, lui rendent la vie impossible.
Aidé par l’amour du football et un père - Nicolas Bassette - prêt à tous les efforts pour le bonheur de "son gamin", Norman encaisse les coups sans rien dire : "C’est sa détermination qui m’a poussé à faire tous ces efforts ! Quand il jouait à Charleroi, j’avais déjà 1h40 de route le samedi matin avant d’arriver au club. Moi, je travaillais à l’usine, je démarrais tous les matins à 6 heures pour finir à 14. Le week-end, on partait de chez nous à 5 heures du matin. Je le prenais du lit, je le mettais dans la voiture et quand on arrivait, je le prenais à part et je lui faisais ses cheveux avant qu’il parte au match… Je le coiffais quoi."

Refusé partout, sauf à Caen

Après plusieurs épisodes malheureux passés dans l’internat où il vit, Norman change d’école. Eupen étant la région germanophone de Belgique, les cours sont donnés en allemand. Impossible à suivre… Son club lui propose alors de rejoindre une école spécialisée pour les personnes en situation de handicap : "Quand tu vis avec eux, tu apprends à avoir un autre ressenti sur la vie. J’apprends à être plus exigeant. Plus rien ne peut me déstabiliser. Même avant mes matches, parfois j’y repense et cela me permet d’enlever ma carapace. Ce que j’ai vu et vécu m’a appris à grandir plus vite que les autres."
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Norman Bassette sous le maillot de la Belgique (à droite)

Crédit: Imago

Norman a pensé à raccrocher les crampons professionnels pour se plaire à sa passion du ballon rond au niveau amateur. C’était sans compter sur son cousin - "Plus rien ne peut me toucher à part les personnes que j’aime", nous glisse Norman - qui envoie un message à une connaissance footballeur en D4 anglaise, CV à l’appui. Ce même joueur voulait créer une agence de joueurs. Le destin…
Son profil est refusé partout sauf à Caen qui accepte un essai pendant la période "covid" : "Un test de 2 semaines qui s’est terminé en 2 mois. Je savais que j’étais pris mais comme je n’avais pas encore 16 ans, mon contrat ne pouvait être homologué par la FIFA. Je suis donc resté en attendant… "

Il épluche les matches d'Erling Haaland

Premières minutes en Ligue 2, performances de haut-niveau avec la Belgique U17 et finale de Coupe Gambardella, Norman fracasse tout et gravit rapidement les échelons au Stade Malherbe. Ses qualités physiques, sa justesse technique précoce et son jeu direct impressionnent.
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Norman Bassette sous le maillot du SM Caen

Crédit: Imago

Celui qui analyse minutieusement le jeu de Erling Haaland avant chaque match et demande toujours à son Papa Nicolas : "T’as été à la chapelle pour mettre une bougie et faire une prière ?" veut devenir un leader : "Cela peut-être un atout d’être ‘out of the box’! J’ai acquis après mes épreuves une énorme confiance en moi qui fait que j’ai tellement envie d’aider et d’aller le plus haut possible que les gens peuvent parfois croire que c’est de l’arrogance… "
Aujourd’hui, Norman s’entraîne avec le groupe emmené par Stéphane Moulin et a déjà glané quelques minutes en Ligue 2 cette saison. Armé d’un parcours qui forge le respect et veut transmettre un message alors que sa carrière débute à peine : "Toute personne qui a un objectif se doit de ne jamais le lâcher, quoi qu’il en coûte. J’ai 17 ans et je vis seul, à 600km de mes parents. Avec ce que j’ai vécu, si je peux le faire, vous pouvez aussi aller au bout de vos rêves."
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