L'autre gladiateur

Mercredi soir sur la pelouse de l'Emirates Stadium, les protagonistes n'auront pas intérêt à oublier leurs protège-tibias pour le choc entre le Milan AC et Arsenal. Si Kaka, Pirlo et Fabregas vont tenter de faire honneur au beau jeu, les tacles seront sûrement de sortie. Les contacts rugueux également. Et deux joueurs s'en donneront à coeur joie : Gennaro Gattuso, bien sûr, mais aussi un certain Mathieu Flamini. L'Italien, qui n'a encore jamais croisé sur sa route le Français, va trouver un adversaire à sa mesure. Un joueur qui comme lui aime aller au charbon...

Depuis le départ de Patrick Vieira en 2005, Arsenal manquait cruellement d'un joueur d'impact. D'un homme capable de mettre les coups. De montrer à l'équipe adverse que les Gunners n'étaient pas des petits anges sur qui on pouvait marcher sans souci. Ça devenait un vrai problème. Et surtout, c'était du pain béni pour toutes les cylindrées du Royaume. Mais voilà depuis le début de la saison, Mathieu Flamini a pris les choses en main. "Les autres équipes jouaient contre nous en pensant qu'en nous rentrant dedans, en jouant dur, physique, elles nous battraient. C'était peut-être vrai. Mais personne ne peut plus le dire", se félicite l'ancien Marseillais, âgé de 23 ans.

Aujourd'hui, Flamini est devenu un cadre des Gunners. Aussi important qu'un Cesc Fabregas ou un William Gallas. Car son influence sur le jeu des Gunners est incroyable. Pour jouer les premiers rôles du championnat anglais et en Europe, une formation a toujours besoin d'un aboyeur, d'un joueur rugueux craint par les adversaires. Le natif de Marseille a endossé le costume avec brio. "Il a progressé au niveau footballistique, sa vision du jeu et sa présence aussi physique que sur le jeu sont bien meilleures. Il donne le tempo à notre équipe", se réjouit Wenger. La métamorphose du Marseillais n'a pourtant pas été évidente.

Flamini, qui avait pris l'habitude de partir au conflit pour obtenir gain de cause, s'est longtemps acharné à vouloir évoluer dans le registre d'un meneur de jeu. A la Cesc Fabregas. Arsène Wenger ne l'utilisait alors que comme bouche-trou. Avec un statut d'intermittent du spectacle quand ses coéquipiers se blessaient. Mais malgré son caractère bien trempé et son envie de faire briller sa panoplie technique, Flamini a eu l'intelligence d'accepter le rôle ingrat de milieu défensif. A son grand bonheur puisqu'il forme désormais un duo parfait avec l'Espagnol Fabregas. "Je suis plus défensif que Cesc. Il va vers l'avant, je couvre. J'essaie d'être l'assurance-vie du milieu", explique-t-il tout content d'avoir réussi à s'imposer cette saison jusqu'à pousser Lassana Diarra vers la sortie et Gilberto Silva sur le banc.

Résultat, il collectionne les honneurs. En hommage à son travail de l'ombre, son impact, son endurance et son caractère, ses coéquipiers l'ont ainsi surnommé "Flattuso". En comparaison à Gennaro Gattuso, le milieu de terrain de la Squadra Azzurra, véritable référence dans ce secteur du jeu. Une belle reconnaissance quand on connait le palmarès du Milanais et son aura sur un carré vert. Mais voilà, à l'image du champion du monde, "Flattuso" est l'industrieux qui, par son travail et sa débauche d'énergie, permet aux techniciens qui l'entourent de briller. Et ses coéquipiers en sont bien conscients...

"Il a le même style de jeu que Gattuso en raison de sa taille. Et surtout car il n'a jamais peur d'aller au charbon, explique Wenger. Mathieu est mentalement très fort et est gagnant. C'est un joueur qui ne s'avoue jamais vaincu. Il aime les défis". Ça tombe bien mercredi, il retrouvera son modèle. Avec l'ambition de devenir le maître du milieu. Une chose est sûre : les spectateurs de l'Emirates Stadium vont attendre le premier duel entre les deux hommes. Un duel musclé assurément...