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Le Real Madrid veut invoquer l’esprit de Juanito

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 30/04/2013 à 18:32 GMT+2

Face à Dortmund, le Real convoquera l'esprit de Juanito, buteur de légende, spécialiste des remontées et de frasques en tout genre. Portrait par François David.

Juanito

Crédit: Eurosport

Un mythe. Que chaque 7e minute de chaque partie au Santiago-Bernabeu, le stade honore de la plus belle façon qui soit, celle qui lui aurait plu en tout cas. Lui le fier, impétueux, génial, volcanique et généreux attaquant qui pendant une décennie, a enflammé le public madrilène. Lui, c’est Juan Gomez Gonzalez dit "Juanito". L’homme dont l’esprit tentera d’aider le Real Madrid dans sa folle remontée contre le Borussia Dortmund.
Juanito est mort sur une autoroute le 2 avril 1992. Il s’était endormi au volant après avoir vu une dernière fois "son" Real Madrid. Juanito avait 37 ans, il était ruiné et avait accepté le job d’entraîneur d’un petit club, Merida, pour entamer une nouvelle vie. Les Merengue jouaient un match amical à une centaine de kilomètres et il était parti les soutenir. Sa voiture se fracassa contre un arbre sur le chemin du retour. Son âme, elle, est restée.
Le Real Madrid se souviendra toujours de Juanito car il est entré dans la légende. Pour les souvenirs : 121 buts, cinq "Liga" en dix saisons, deux Coupes du Roi et deux Coupes de l’UEFA, à une époque où seuls les champions de chaque pays participaient à la C1. Mais surtout, pour l’image : celle d’un joueur bouillant et fou, généreux et agressif, un régulier des chaudes soirées de Madrid qui, sur le terrain, se transformait en taureau sauvage.
"90 minutes au Bernabeu, c’est très long..."
C’est à travers les remontées historiques que Juanito a gagné son titre d’ "El 7 magnifico". Des remontées notamment contre l’Inter Milan (deux fois en deux ans) ou le Borussia Mönchengladbach pour aller garnir la vitrine européenne du Real. Et quelques moments uniques, comme cette phrase lancée aux joueurs de l’Inter dans le couloir après une défaite au match aller (2-0) : "90 minutes au Bernabeu, c’est très, très long..."
"El 7 magnifico" n’aura pas toujours eu une relation si charnelle avec la Coupe d’Europe. En 1978, il frappe un arbitre et est suspendu un an et demi. De retour dans l’effectif, il envoie le Real en finale face au grand Liverpool mais échoue en 1981.
Entretemps, il profite de la vie grâce au retour de la démocratie et la fin de la dictature militaire. Il sort beaucoup, dépense davantage, régale tout le monde jusqu’à l’abus. C’est un panier percé qui brûle la vie de tous les côtés. Sur les terrains, il est insaisissable. Extrêmement vif et excellent dribbleur, il met tout ce qu’il a d’âme dans chaque ballon. Un Carlos Tevez motivé à 100% pour vous faire une idée. Mais avec un comportement plus volcanique encore que "L’Apache": lors d’un match international en ex-Yougoslavie avec l’Espagne, il provoque le public de Belgrade et reçoit une bouteille en verre en pleine tête. Il doit sortir sur une civière. Ses coéquipiers gagnent le match pour lui. Peu après, une sombre histoire d’adultère portée sur la place publique transforme son quotidien en cauchemar, lui qui se reconnaît "incapable de séparer sa vie de footballeur de ses histoires personnelles."
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FOOTBALL juanito matthaüs Real Madrid - Bayern Munchen 1987

Crédit: Imago

S’adressant à Valdano : "L’Argentin, je vais te tuer dans le vestiaire"
Jorge Valdano disait de lui dans un – excellent – reportage qui sert de support à ce blog : "On s’accrochait souvent sur un terrain. Je l’ai déjà entendu me sortir : 'L’Argentin, je t’attends dans le vestiaire et je vais te tuer'. A la mi-temps, il m’attendait effectivement, mais les bras ouverts : 'Tu es le plus grand attaquant du monde, viens là que je t’embrasse'".
La fin de Juanito intervint ironiquement lors d’un match de Coupe d’Europe. Nous sommes en 1987 et les "Merengue" affrontent le Bayern Munich. Voyant Lothar Matthaüs tacler sèchement un de ses partenaires, Juanito s’approche de l’Allemand encore à terre et lui écrase sa chaussure sur la joue. L’arbitre le voit : expulsion. L’attaquant du Real est cette fois exclu de toute compétition européenne pour les cinq prochaines saisons. Il a 32 ans. La fin de la glorieuse aventure au Real Madrid pour Juanito qui va s’enfoncer un peu plus chaque jour… jusqu’à ce 2 avril 1992, où il quitte définitivement ce monde.
Aujourd’hui, Juanito est considéré comme l’essence même du Real, un club fier qui ne doit jamais baisser les armes. Je pense (j’espère) que Cristiano Ronaldo, Benzema et autres Sergio Ramos savent que Juanito a déjà affronté un taureau dans l’arène. C’était en 1986. L’Espagnol était déjà sur le déclin mais avait voulu montrer l’exemple : quand tu rentres dans l’Arène, c’est pour y laisser ton cœur et ton âme. Sans peur, jamais.
François DAVID : Journaliste, François David vit à 'Barcelona', où il est spécialiste de la Liga pour RFI, France Info et Le Parisien. Il collabore aussi avec quelques stations de radio espagnole, notamment Cadena Ser et la "Cope", où il intervient régulièrement pour évoquer la Ligue 1 et les performances des joueurs français évoluant en Liga.
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El Bernabéu homenajea a Juanito

Crédit: Eurosport

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